mardi 29 octobre 2013

Teaser

*Coup de tambour*
*Voix grave*

Ce jour...
*Un second coup*

... aurait dû être comme les autres.

... avec un peu de vent.
 *Troisième coup*

Tout commença...

*Son d'une cloche*

... par une rencontre...


– Tient! Salut papa Hérisson, tu tombes bien.


*Fondu au noir, le tambour reprend sur un tempo rapide*


... qui allait changer sa vie!








– Je voulais te demander : on organise une petite fête pour Halloween, ça vous dirait de venir avec maman Koala et les gnomes?
– Oh bin tient! Oui, c'est une bonne idée! On aura l'impression d'avoir une vie sociale!
– Cool! Bon, ça sera le soir hein. Et n'oubliez pas vos déguisements, c'est une soirée costumée! A plus!
  

*Bruit d'un disque vinyl qui saute*




Minute... en soirée? Après un changement d'heure? Et il va aussi falloir déguiser les gnomes?

*Un coup de tambour*
  Prochainement...

*Un coup de tambour et le son d'une cloche*
  ...sur http://papaherisson.blogspot.fr/


jeudi 24 octobre 2013

Brouillon de culture

Vous connaissez tous cet aphorisme en forme de vanne de cour de récré : "La culture, c'est comme la confiture. Moins on a en, plus on l'étale!" (la mienne s'étale très bien, merci, mais je ne me fais aucune illusion quand à mon degré réel de culture). Vous l'aurez compris, on va parler culture (et médias) aujourd'hui.
Etant donné que je n'ai pas la télé, je vais donc pouvoir faire preuve d'une mauvaise foi définitive concernant ce média particulier (ceci étant, lier culture et télévision, c'est déjà audacieux finalement).
Là Coco, on tient quelque chose d'énôôôrme!
culture /kyl.tyʁ/ féminin
5. (Figuré) Application que l'on met à perfectionner les sciences, les arts, à développer les facultés humaines.

    Notre homme était un officier supérieur à la retraite qui cachait, j'allais l'apprendre assez vite, une fine culture littéraire derrière son côté scrogneugneu. — (Georges-Noël Jeandrieu, La société Jupiter, p.115, Éditions du Seuil, 1988)
    La culture, c’est ce qui relie les savoirs et les féconde. — (Edgar Morin)

    C’est pour ça : j’lis jamais rien. C’est un vrai piège à cons c’t’histoire-là. En plus j’sais pas lire. — (Perceval, Kaamelott, Livre I, Le Chaudron Rutilant)

Une chose que j'admire chez mon père, et plus généralement chez les personnes de sa génération, c'est sa culture générale. Bon vocabulaire, belle écriture, bonne capacité de calcul mental. Il a des notions de latin, de bonnes connaissances en histoires... tout cela sans être élitiste ni prout-prout-ma-chère. Bref, à sa mesure, c'est un homme cultivé. L'enseignement, sans doute beaucoup plus strict à son époque, y est certainement pour beaucoup.
Bien sur, les temps changent. Les méthodes d'éducation et les programmes scolaires évoluent, et nous progressons chaque année en améliorant les méthodes pédagogiques, grâce à des études pertinentes, permettant de forger les moutons cerveaux des génies de demain.
Allô, nan mais allô quoi! Le latin ça sert à rien, les latins ils sont tous mort depuis avant que j'suis née, han!
Chaque nouvelle circulaire de l'Education Nationale est une perle de plus sur le chapelet des conneries accumulées depuis 30 ans des réformes faisant de l'école française un modèle d'absurdité et de gabegie d'efficacité.
...
...
Ok, bon. Donc de ce côté là, la culture, c'est parti un peu en cacahuète. Heureusement, le cercle familial reste un endroit privilégié pour développer la curiosité des jeunes et ainsi forger les esprits des futurs Voltaires (et Zadig probablement), Hugo, Gilles de Gennes... grâce aux formidables supports culturels que sont télévision et internet. Et là, attention, ça ne rigole plus! Déjà, avec les émission d'actualité, on va titiller votre intellect et vous pousser à vous interroger sur des sujets brulants aussi sérieux et importants que :
  • "l'affaire Evra" : pour rappel, un footballeur millionnaire, qui balance à la télé des vannes sur des consultants football millionnaires de la télé, fouyaya! Pfouu, c'est grave dites!
  • "l'affaire Leonarda" : pour rappel, une gamine sans papiers dont la famille n'arrive pas à s'intégrer et qui a été reconduite à la frontière. Comme des milliers d'autres. Celle-là devait avoir un truc spécial. Ou pas.
  • "l'affaire NSA" (c'est moi, ou la mode est aux scandales dont l'intitulé commence par "affaire" et se termine par "a" ?) : pour rappel, la NSA, une agence d'espionnage, a espionné les gens. Du jamais vu.
  • "l'affaire Miley Cyrus" (celle qui tire la langue quand elle se fait prendre) (en photo bande de petits dévergondés) : pour rappel, une starlette chanteuse nana avec une tronche assez quelconque qui remue les lèvres pendant la diffusion d'une bande-son contenant une vague chanson, a exécuté des pas de danse sexuellement connotés lors d'une émission télé. Quelques jours après, elle diffuse un clip ou on la voit danser à poil, léchouillant une boule de démolition de bâtiment (qui n'en demandait pas tant), le tout pour faire parler d'elle. Opération réussi donc.
  • "l'affaire "la vie d'Adèle"" : pour rappel, les actrices principales du film qui a remporté la dernière Palme d'Or, faisant ainsi leur renommée, sont allées cracher dans la soupe auprès des médias histoire de dire tout le mal qu'elles pensaient du réalisateur du-dit film sans lequel bon ok quand même ça n'aurait pas été aussi réussi mais bon voilà quoi. Film tiré d'une BD mais dont ni les actrices, ni le réalisateur ne vont trop parler, histoire qu'elle ne leur vole pas la vedette hein... c'est pas comme si l'auteur (Julie Maroh) était finalement à l'origine de la success story par l'histoire qu'elle a imaginé...
La guerre civile en Syrie? Ouaih, mais... non. C'est pas un sujet trop porteur vous voyez. La situation réelle à Fukushima? Ouaih, mais bon... c'est à dire qu'Areva/EDF paye des pages de pub tu vois, et du coup bon... faudrait pas vexer l'annonceur, surtout que bon, le nucléaire, c'est un peu délicat comme sujet, personne n'y bite rien, et d'ailleurs les zexperts disent que les centrales françaises sont parfaitement sures.
Travailleur du nucléaire hautement qualifié, en train d'emballer des déchets nucléaires pas dangereux du tout.

Notez que je parle des émissions d'actualité télé, mais sur les sites d'info en ligne, ça n'est guère mieux.

Heureusement, il reste les émissions de divertissement qui permettent de découvrir des artistes aussi intéressant que Sébastien Patoche (et son tube "Quand il pète il trou son slip"... non, pas de lien de redirection, n'insistez pas, je me sens déjà assez sale comme ça).

Hum.

Bon, c'est pas grave, grâce à internet, vous allez pouvoir accéder à... Facebouc©. Et aux lolcats. Ou à ça.

Sinon, vous pouvez toujours lire un bon bouquin.
Non, mais... sérieusement?

Tient? On avait pas encore touché le fond?
Bon, heureusement, tout n'est pas perdu : nos élites montrent la voie en faisant preuve d'une exemplarité qui force le respect.
Comment ça "pas frais" mon poisson?
Qui m'a collé un pub pour Flanby© là? Ah... non, pardon, c'est le président de la république.

Ok. Maintenant j'ai peur. Ce culte de la médiocrité me semble particulièrement néfaste, d'autant qu'il s'auto-entretient comme un cercle vicieux. Les directeurs des programmes/rédacteurs en chefs/webmasters/éditeurs/etc disent que "les sondages montrent que c'est ce que veulent les gens!", mais si on ne propose que du médiocre, le nivellement se fera forcément par le bas.

Ceci dit, c'est peut être voulu?

Je terminerai donc sur quelques citations (histoire de paraître cultivé) :

"Du pain et des jeux du cirque" disaient les romains (qui n'étaient quand même pas des moitiés de couillon, puisque je rappelle que leur empire a perduré la bagatelle de 5 siècles).

"Regardez ce que fait ma main!" disent les illusionnistes pendant que de l'autre ils vous subtilisent votre calbute.

"Plus le mensonge est gros, plus il passe." Joseph Goebbels.

"L'ignorance du peuple nous garantit de sa soumission." Catherine II de Russie.

samedi 19 octobre 2013

R.I.P. (Restore In Peace)

Avertissement liminaire : cette bafouille peut contenir des traces de Dave et de Stéphane Eicher. En cas d'allergie, je ne peux rien pour vous. Pas de bol. En revanche elle ne contient pas de Justin Bieber, ni de Miley Cyrus : vous êtes tranquilles.

Avec deux gnomes (dont l'aîné a tout juste trois ans et demi), quatre chats et un chien, les repas dans la famille Hérisson peuvent s'avérer parfois assez sportifs. Évidemment, cela dépend d'un grand nombre de facteurs (et non je ne parle pas de ceux qui distribuent, parfois approximativement, le courrier) :
  1. L'état de fatigue des gnomes, puisque la règle est : BCBG (c.f. ici pour la traduction)
  2. Le nombre de chats présent à l'intérieur à l'instant T ("T" comme "Tu vas en chier")
  3. La nature plus ou moins élaborée des aliments proposés
  4. L'état de fatigue de papa Hérisson et maman Koala
  5. L'horaire
  6. Et Vanina. Nous y reviendrons...
♫ ♪ Vanina-a-a... a-a-a-a... ♪ ♫
Compte-tenu de ces facteurs, on devine assez vite que certains repas sont plus critiques que d'autres. Le problème du petit déjeuner a déjà été évoqué dans de précédents articles, celui de papa Hérisson est en général assez catastrophique puisque :
    ►Papa Hérisson se lève tôt et a donc l'acuité visuelle de Steevie Wonder (à cause des yeux collés) et un temps de réaction proche de celui d'un unau neurasthénique.
    ►Presque tous les chats sont à la maison. Et ils ont faim (en même temps, ils ont tout le temps faim).
    ►Le grille-pain est manuel (il ne t'éjecte pas les tartines dans le museau, mais préfère les carboniser à cœur pendant que tu n'y pense plus).
    ►Sans compter Vanina...
Ah... papa Hérisson vient d'ouvrir les yeux, il est temps de préparer le p'tit déj'
On notera au passage que le facteur n°3 (degré d'élaboration des aliments) ne change ici rien du tout : des tartines grillées, c'est simple, et en l'occurrence, ça part quand même en cacahuète.

Et encore, là on se limite à un repas incluant seulement un protagoniste, puisque les autres roupillent encore à ce stade.

Maintenant, voyons ce que donne un repas du midi incluant plusieurs protagonistes : papa Hérisson, Xéna et Plouf (ce jour-là, maman Koala était partie chasser l'eucalyptus en forêt périgourdine).

Mission : déjeuner en paix.
♫ ♪ les nouvelles sont mauvaises d'où qu'elles viennent... ♪ ♫
Forces en présence :
  • Papa Hérisson : vétéran
  • Plouf : tête brûlée
  • Xéna : sniper
  • Chat n°1 : terroriste félin
  • Chat n°4 : terroriste félin & ennemi public n°1
  • Chien : agent double
  • Vanina : ah-ah, ah-ah-ah-ah-ah, ah-ah-ah-ah-ah, aaaaaaaaaaah ♫ ♪
Situation :
Le problème de l'automne, c'est que parfois il fait moche. Du coup, quand il pleut à torrent, sortir défouler deux gnomes débordant d'énergie s'avère difficile, surtout quand les chaussures de merde qu'on nous vend à prix d'or ne sont pas étanches. En outre, faisant ses dernières prémolaires, Xéna est fatiguée. En plus elle en plein terribeul-two (comme le dit Marie des Mamantestent) et est donc d'humeur changeante. Elle pleure à la moindre contrariété (et il y en aura inévitablement), ou rigole comme une baleine dès que son frère fait/sort une ânerie (et il y en aura inévitablement).
En général, vers 11h elle réclame à manger, et continuera jusqu'à 12h - 12h30 si ça n'est pas prêt. Notez cependant qu'elle déclare qu'elle n'a pas faim sitôt que c'est prêt. Ces deux affirmations peuvent se suivre à intervalle de quelques secondes. BCBG on vous a dit!

Faute d'une promenade défouloir, Plouf, quand à lui, évacue son stress en courant autour de la cheminée (qui est au centre de notre maison) . Parfois il se gamelle (c'est Plouf-le-cascadeur je vous rappelle) et entame alors les cœurs avec sa sœur qui proteste énergiquement contre quelque chose (si elle ne sait pas pourquoi elle pleure, quelqu'un d'autre le saura certainement) ou pleure pas solidarité parce zut quoi à la fin! Ou sinon, ils se battent un jouet, et Plouf perd le combat puisque Xéna tape plus dur (on est guerrière ou on ne l'est pas).

Mission :
Vers 11h45, papa Hérisson attaque donc la préparation du repas. Faisons simple (rapport au facteur n°3) : purée de légumes, steak hâché. A ce stade, commence un intéressant numéro d'équilibriste : il va falloir préparer le repas et mettre la table, en occupant/consolant/surveillant les deux gnomes, le tout en empêchant les chats et le chien de s'attaquer à la nourriture. Un intermède changeage de couche-apocalyptique-qui-tue-la-vie n'étant pas exclu.
Jim semble penser que ça ne va pas être de la tarte...
Arrive le moment où le repas est servi. En général les gnomes s'installent d'eux-même à table (le plus dur étant de les faire y rester). Et c'est là que le facteur n°3 (nature des aliments) entre en jeu. Soyons clairs : les deux gnomes mangent de tout. Même si, comme pour tous les enfants, certains trucs passent mieux que d'autres. Non, le problème c'est que s'ils mangent en général tout seuls, la texture de certains aliment (soupe, purée, etc...) leur rend la tâche (c'est le cas de le dire) parfois ardue. Voire impossible. Et dans ce cas, le gnome est binaire : soit il refuse le plat, soit il demande à papa/maman de l'aider. Comprendre :  le nourrir comme s'il n'avait pas de mains.

Rappel des forces en présence : un papa Hérisson, deux gnomes. Vous pensiez que les gnomes étaient dans le camp de papa Hérisson? Erreur.  Ah oui, et deux chats (les deux autres étant dehors) ainsi qu'un chien. Sans oublier Vanina.

Plan de bataille :
Bon, ça se présente mal. Papa Hérisson est cerné. Il ne lui reste plus qu'à faire Camerone, comme on dit dans la légion.
Résumé de la bataille :

12:00 : C'est cuit. Papa Hérisson dégage chat n°4 du plan de travail de la cuisine et attrape la poêle contenant les steaks hachés. Du cheval. Ou du bœuf. Donc du cheval.
12:01 : Xéna pleure parce que ça ne va pas assez vite.
12:02 : Papa Hérisson dégage chat n°4 (oui encore elle) couchée sur sa chaise.
12:03 : Il sert les steaks hachés dans les assiettes des gnomes en consolant Xéna.
12:04 : Il dégage chat n°4 de la table et débite les steaks hachés en petits morceaux.
12:06 : Il court à la cuisine pour récupérer la purée en train de cramer et en profite pour dégager chat n°1 qui se trouve sur le plan de travail de la cuisine.
12:06 : Il court à la table et dégage chat n°4 de la chaise de Xéna qui commence à pleurer.
12:07 : Il console Xéna en servant la purée.
12:09 : Plouf veut bien la viande mais ne veut pas de purée. Papa Hérisson insiste.
12:10 : Plouf insiste de son côté. Papa Hérisson ne négocie pas avec les terroristes : pas de purée = pas de viande.
12:11 : Plouf s'assied par terre et pleure. Xéna réclame "T'aider papa!"
12:12 : Papa Hérisson sent son auréole pousser.
Plouf! Fais-moi le plaisir de t'asseoir à table! Presto!
12:13 : Entendant un bruit, le chien aboie, la caravane passe, papa Hérisson court dans la cuisine. Dégageant chat n°1, il récupère la poêle contenant son steak, oublié à son précédent passage.
12:14 : Il revient à table et dégage chat n°4.
12:15 : Plouf cesse de pleurer et annonce qu'il a faim. Il s'assied de nouveau à table.
12:16 : Papa Hérisson commencer à aider nourrir Xéna.
12:17 : Plouf veut de l'aide aussi.
12:20 : Le repas de papa Hérisson refroidit.
12:22 : Encore du bruit dans la cuisine. Papa Hérisson se précipite et dégage chat n°4 qui a trouvé la plaquette de beurre oubliée sur le plan de travail. S'assurant que la pièce ne contient plus de chat, papa Hérisson y remet la poêle contenant un reste de steak, la protège avec un couvercle assez lourd, puis ferme la porte de la cuisine.
12:24 : De retour à table, il dégage chat n°1 qui tentait sa chance du côté de Plouf.
12:25 : Alternant de Xéna à Plouf, papa Hérisson verse une larme sur son repas qui refroidit.
12:29 : Xéna pleure : ça ne va pas assez vite. Elle finit par se braquer et refuser de terminer son assiette. Repas fini pour elle. De toutes façons elle est cuite. Schlafen baby.
12:34 : Plouf termine son assiette, mais, fatigué lui aussi, ne veut ni fromage ni dessert.
12:38 : Les gnomes sont grognons, ils aspirent à aller siester. Papa Hérisson englouti son repas. Froid.
Repas fini, papa Hérisson, crevé, veut se réchauffer un café (il en reste dans la cafetière) avant de monter les gnomes au lit.
12:45 : Et c'est là que Vanina intervient. VANINA = Variable Aléatoire de Nuisances Intempestives Neutralisant vos Actions. On l'appelle parfois effet Pauli chez les physiciens, loi de Murphy plus généralement, ou encore principe d'emmerdement maximum. Bref, c'est le petit gravier qui vient se glisser dans le sandwich SNCF et fait dérailler les trains. Dans le cas présent : le micro-onde ne se lance pas. Le café de papa Hérisson restera donc froid. Pestant en émettant quelques jurons en allemand (la langue de Goethe se prête assez à ça comme je l'ai déjà dit) du style "Spaß beiseite!", il sort de la cuisine d'assez mauvaise humeur et attrape les gnomes qui pleurent pour les mettre à la sieste. Il checkera le micro-onde plus tard.
12:54 : Trainage des gnomes dans leur chambre, descendage de la poubelle de couches (remplie), remontage avec de l'eau pour que les gnomes puissent boire...
13:09 : 15 minutes, une histoire, deux pipis dans le pot, quelques pleurs et une menace de mise au coin (exécutée) plus tard, les gnomes sont au lit.
13:10 : Redescendant, l'escalier, papa Hérisson entend du bruit dans la cuisine. Il avait oublié de refermer la porte. Entendant ses pas, chat n°1 se sauve comme un voleur pendant que chat n°4 grogne. C'est pas bon signe quand elle grogne, c'est qu'elle a choppé un aliment carné. Bingo. Elle a réussi à soulever le couvercle de la poêle et s'attaque au restant de steak. Cette créature est l'incarnation du diable. Invoquant un taxidermiste-exorciste, papa Hérisson la dégage en vociférant.
13:15 : Vérification du micro-onde : la prise est disjonctée. Bon. On rejoncte, on lance le 'cro-onde. Rien. Nada. D'autres appareils sur la même prise fonctionnent, mais le 'cro-onde est bien mort. Paix à son klystron. Réchauffant son café à la casserole, papa Hérisson se lamente pour le bras que le rachat d'un four va lui coûter. Et là, il constate subitement que la série noire se poursuit...
13:22 : En vieillissant, le chien est devenu un peu sournois, et a développé des goûts... disons discutables. Sans rentrer dans les détails, il adore les couches des enfants. Pleines. Deux d'entre elles (qui se trouvaient dans la poubelle descendue plus tôt) gisent éventrées sur le tapis du salon. Yerk!
13:23
15:30 : Vous savez quoi? Les gnomes ont passé les deux heures de sieste à rigoler comme des baleines. Zéro dodo. Je vous raconte même pas leur état de fatigue et d'énervement le restant de l'après-midi...
Ach! Großß malheur que la guerre!

mercredi 9 octobre 2013

Cumuk! (cats inside)

cumuk /ky.myk/ n. masculin
  Définition :
  1. action de cumuler petites et grandes contrariétés jusqu'à un point de saturation.
  2. interjection utilisée comme une sorte de cri de guerre dans la famille Hérisson lorsque le-dit point de saturation est atteint.
  Ethymologie :
  1. expression inventée par erreur par Maminou (maman de maman Koala) en se mélangeant les doigts sur le clavier lors d'un échange de mails (sans doute au lendemain d'une soirée alcoolisée). Elle tentait de taper le mot cumul, et a tapé cumuk.
  2. L'expression est restée pour désigner une accumulation d'emmerdes de contrariétés.
  Exemple :
     – Tient, j'ai été au concert de Justin Bieber, je t'ai ramené un t-shirt :)
     – Ah... super...  :(
     – Non mais allô! C'était génial quoi! D'ailleurs j'ai filmé une partie du concert avec mon smartphone! J'ai mis la vidéo sur mon skyblog, lol! Je t'ai partagé le lien sur ta page facebouc© pour que tes amis puissent le voir aussi!   Ah mais tient!? Ils sont pas à l'école tes enfants?
     – Cumuuuuuuuk!
Cumuuuuuk!


Il y a des moments dans la vie comme ça, où tu as l'impression que tout ton environnement conspire pour te pourrir l'existence jusqu'au trognon. On appelle ça la loi des séries. Dans ces moments, tu as une furieuse envie de hurler ta frustration à la face du monde : c'est l'effet cumuk.

Niveau 1. L'argent ne fait pas le bonheur. Son absence non plus.
Grâce à une astucieuse niche fiscale, papa Hérisson et maman Koala ne payent pas d'impôts sur le revenu. Oui, je sais vous êtes jaloux.
Comme je suis sympa, je vais vous livrer le secret de cette extraordinaire astuce comptable vous permettant une si avantageuse défiscalisation (sélectionner la ligne pour découvrir ce secret) :

                         Spoiler :
♫♪ Nous ne gagnons juste pas assez de fric pour être imposables ♪♫

Et y a même de la marge. Bon. En soit, c'est secondaire, nous ne sommes pas super dépensiers dans la famille. Par contre, si nous ne sommes pas éligibles à l'impôt sur le revenu, il n'en va pas de même pour la taxe foncière et les différents impôts indirects (TVA, etc...). Si vous ajoutez à cela que les prix dans les magasins n'ont pas tendance à baisser, et la moindre plaquette de beurre va bientôt coûter un bras (et je ne vous parle pas des pommes de terres qui coûtent un testiboule au kilo... et pourtant, croyez moi, faire pousser des patates, ça n'a rien de bien compliqué...
Cerise sur le gâteau : on nous vend régulièrement de la merde en branche des produits d'une qualité douteuse. Par exemple, nous venons de racheter des chaussures en cuir fermées et étanches pour les gnomes, parce que l'hiver arrive et que l'herbe est parfois humide. Pour l'étanchéité, tu repasseras. Je ne sais pas comment ils ont fait, mais l'eau rentre plus facilement que dans des espadrilles... ils ont dû mettre une semelle dans une matière qui attire les molécules d'eau, ou un humidificateur à l'intérieur, je ne sais pas... Bref, nous voilà quittes pour vendre un deuxième rein et racheter des pompes soi-disant étanches. Ainsi qu'un flacon de latex. Pour qu'elles le soient vraiment.
Du coup, en cette période, l'argent a tendance à sortir plus vite qu'il ne rentre, et les fins de mois sont souvent difficiles. A partir du 15. Les bons mois.

Niveau 2. Les gnomes sont en mode BCBG
BCBG, ça veut dire : Bébé Crevé = Bébé Gonflant
Comprendre : quand le gnome est fatigué-naze, il devient, par rétroaction fatiguant-gonflant à son tour. Il rigole bêtement (dans le meilleur des cas), fait des caprices, chouine, conteste, objecte, répond, se roule par terre et fait même parfois mine de taper. Voire tape. Pas bien.
– Bin faut les faire dormir aussi!
Eh oh! Je me pointe pas dans leur chambre à l'heure de la sieste avec des cloches et des cornes de brume! D'ailleurs ils font leurs nuits.
Le problème c'est que Xéna fait ses dents. Les dernières prémolaires pour être exact. Oui, les quatre en même temps, c'est plus sportif. Du coup, chez notre princesse-guerrière, c'est surtout le côté "guerrière" qui ressort en ce moment. Tendance barbare-cri-de-guerre.
Plouf quant à lui nous fait une petite crise de croissance, d'où fatigue et douleur aux articulations. Accessoirement, et sachant que du haut de ses 3 ans et demi, il fait déjà la taille d'un enfant de 4 à 5 ans, ça nous ramène au point n°1 du cumukOmètre, puisqu'il va donc falloir rhabiller le gnome avec des fringues à sa taille, ce qui coûte environ un testiboule et demi.

– Vous n'aviez qu'à les mettre à l'école, au moins vous ne les supporteriez que le soir...
Et sinon, ça va mieux ces migraines?


Niveau 3. Au boulot, c'est le coup de feu
Sans rentrer dans les détails, mon travail peut alterner des périodes calmes, voir très calmes, et des périodes où tu as tout juste le temps d'aller faire pipi (et encore, tu seras prié de faire fissa, et de secouer la gougoutte en courant sur le trajet du retour à ton poste).
Le souci, c'est que je me trouve en position dite de middle management...

Tient, petit apparté : vous avez remarqué que dans les entreprises, en général quand on veut vous infliger des conditions de travail à la noix ou planter un poignard vaudou supplémentaire dans le code du travail, cette dernière porte toujours un nom en anglais?

Exemples sous forme d'un petit lexique :

Target : littéralement "cible" ou "objectif". C'est le but à atteindre en terme de profits ou de bénéfices (du point de vue des actionnaires s'entend). En général difficile ou impossible à atteindre sans jouer sur les variables d'ajustement.
►Staffing : le personnel (on parle parfois de ressources humaines). Variable d'ajustement permettant d'attendre la target par son augmentation (rarement) ou sa diminution (souvent).
Manager :  francisé en "Manageur", peut être traduit par "chef de service" (en gros). Le manager a pour mission gérer son staffing, c'est à dire s'arranger pour que celui-ci lui coûte le moins possible tout en travaillant le plus possible pour faire rentrer le maximum d'argent (dont seuls les actionnaires verront la couleur), tout cela pour atteindre la target.
Turn Over : littéralement "rotation", désigne le fait pour une entreprise de renouveler régulièrement son staffing. Notons que dans l'antiquité, il était bien vu dans une entreprise d'avoir un faible turn over, signe que les employés étaient satisfaits de travailler dans l'entreprise, et qu'ils y faisaient carrière. De nos jours, une entreprise bien considérée par les investisseurs a au contraire un turn over important. Certains manager ont d'ailleurs parfois une target en terme de turn over. Authentique.
Open Space : "espace ouvert", zone de travail sans cloisons (ou avec des cloisons anecdotiques). Présenté comme un progrès permettant les interactions sociales, cela permet surtout au manager de surveiller le staffing en permanence, afin de s'assurer que la target est atteinte..
Corporate : littéralement "d'entreprise" (sous-entendu "culture" ou "réglementation"). Désigne une pratique conforme à la "règle de l'entreprise". Règle qui n'est pas toujours formellement écrite, ce qui permet de lui faire dire un peu tout ce qu'on veut tant que ça permet de faire progresser le turn over et de torturer le code du travail.
Worldwide : "partout dans le monde". Comprendre : "ça se fait partout dans le monde, tu vas pas nous faire chier avec ton code du travail de mes deux". Dans les multinationales, worldwide est souvent accolé à corporate ce qui permet de bien appuyer que c'est comme ça et que si tu n'es pas content, un poste de chercheur t'attend dans la plus grande entreprise de France : Pôle Emploi.
Review : (mon préféré à titre personnel) littéralement "examen", désigne communément l'entretien annuel avec le manager. Théoriquement basé sur un échange de points de vue mutuels avec ce dernier, ce modèle d'hypocrisie pseudo-social à la sauce libéralisme sert surtout à t'exposer, via une brève rencontre, la décision irrévocable des vrais patrons (les actionnaires) concernant le fait que malgré tes performances correctes atteignant la target, tu peux te brosser pour avoir une prime/une augmentation/une promotion/des horaires convenables/un peu de considération.


Et enfin donc Middle management qui pourra se définir par : 
  • tu as les responsabilités du niveau hiérarchique supérieur (manager)
  • tu as le salaire du niveau hiérarchique inférieur (le staffing de base, d'où la notion de middle, accessoirement cela nous renvoi encore au point n°1)
  • tu effectues le boulot de ces deux niveaux en plus du tient (ça c'est corporate et worldwide)
  • à ton entretien annuel (review) on t'explique que tu n'auras pas ta prime car, certes tu atteints tes objectifs, mais que tu pourrais en faire plus quand même crotte c'est vrai quoi... et si tu n'es pas content, ça tombe bien l'entreprise veut augmenter son turn over.
Le travail c'est la santé


Niveau 4. Et chat continue, encore et encore...
... c'est que le début, d'accord, d'accord.



 Oui, alors je sais : je vous ai déjà parlé des chats qui sont pénibles. Mais croyez-moi, à ce stade, on se demande si c'est naturel ou s'ils prennent des cours du soir pour réussir à être aussi chiants.

Comme vous le savez déjà, nous avons 4 chats. Chat n°4, la petite dernière, est un vrai zébulon. Brièvement surnommée "Ouverture facile" suite à son opération de stérilisation (le petit surgeon ressemblait furieusement à une languette pour démouler les flans (où en l’occurrence les flancs), elle vient de recevoir son surnom "officiel" : Gremlins. En effet, outre ses touffes de poils blancs qui font furieusement penser au chef de ces vilaines bestioles, elle est virtuellement partout à la fois, en train de faire toutes les conneries possibles et imaginables. Au besoin, elle en invente de nouvelles. Et si elle n'a rien de mieux à faire, elle enquiquine les autres chats. Ou le chien. Ou vole de la nourriture.
Surtout, ne pas laisser trainer de nourriture. Si elle bouffe après minuit, elle devient chiante... Enfin encore plus.
En plus, c'est une furieuse celle-là : le soir, lors de la distribution de boulettes à chat, dès qu'on attrape la boite, elle se met à grogner et à distribuer des beignes aux autres, pour être la première (et idéalement la seule) à en manger. Et je ne vous parle pas de la difficulté à manger des avocats chez nous : elle adore ça et tente de chaparder la part des gnomes. Oui, de l'avocat. Notez : chat n°3 est fan d'asperge alors...

Mais bon, le pire moment, c'est souvent le matin.


Etape n°1
Epuisé par sa semaine de boulot (cf point n°3), et les deux tornades en forme de gnomes (cf point n°2), papa Hérisson tombe du lit en s'apercevant qu'il reste moins d'une minute avant que son réveil ne sonne et ne perturbe le sommeil de maman Koala. Trébuchant sur le conteneur de croquettes des chats (dissimulé dans la chambre pour que les susmentionnés félins ne tentent pas de l'ouvrir en le faisant lourdement chuter dans les escaliers au beau milieu de la nuit. Ne riez pas, ils l'ont déjà fait.), papa Hérisson se vautre mais parvient à éteindre le réveil (qui se trouve du côté de maman Koala pour des raisons techniques). La chute ayant été malgré tout un tantinet bruyante, maman Koala se retourne en marmonnant :
– Guemeugneu? Vrufff schhh pt fmouf shhhhaaaa steuupp... 'je gnégné!
Traduction probable : Chéri? J'espère que tu ne t'es pas fait mal... bon courage pour ta journée!
A moins que ça ne soit : Qu'est-ce que c'est? Vu que t'es debout, tu peux empailler les chats s'il-te-plait... j'aimerais roupiller!

Etape n°2
A pas de loup-sous-LSD, papa Hérisson descend l'escalier avec toute la grâce de cet oiseau qu'on appelle éléphant. Chat n°4, embusquée derrière la rampe, en profite pour griffer ses petits pieds tous nus. Papa Hérisson tente de contenir un juron. Echec critique : chat n°4 vient d'être maudite sur 4 générations. Vu qu'elle est stérilisée, ça se présente mal pour elle.

Etape n°3
Allumer une vague lumière, et jouer au jeu du matin : toi aussi, trouve le vomi de chat! En joueur expérimenté, papa Hérisson y parvient en moins de 15 secondes en grommelant une phrase obscure à propos d'un taxidermiste. Il se dirige vers la cuisine pour y attraper un rouleau de sopalin, et se vautre à 1m50 de la porte en butant sur chat n°4 qui slalomait entre ses jambes pour réclamer son p'tit déj'. Il peste de nouveau, ajoutant 5 ou 6 générations à la malédiction précédente, ainsi que quelques mots en allemand.
Oui, bon : soyons clairs, je ne parle pas un mot d'allemand. Sauf quand je suis en colère. Je trouve que cette langue se prête bien aux jurons proférés sous le coup d'une colère froide. C'est menaçant. J'avais essayé l'italien, mais ça rendait moins bien je trouve...
Autant l'italien se parle avec les mains, autant l'allemand ça serait plutôt avec le mégaphone.

Papa Hérisson ouvre enfin la porte de la cuisine, verse quelques croquettes dans la gamelle de chat n°4 (juste pour avoir la paix), attrape le sopalin, en arrache moult feuilles pour ne pas s'en mettre plein les doigts et va nettoyer le vomi. Il revient ensuite dans la cuisine, balance le sopalin à la poubelle et va se laver les mains : chat 1, sopalin 0.

Etape n°4
Papa Hérisson se dirige ensuite vers la salle de bain où se trouve enfermée chat n°2. Après avoir marché dans le pipi de cette dernière, astucieusement répandu derrière la porte, il procède à ses ablutions en tuant quelques dizaines de moustiques à la machette pendant que chat n°2 gueule pour sortir (notez que la sortir avant ne sert à rien, car alors elle gueule pour rentrer). Suite à quoi il tente de se raser. Le visage en sang, il se dit qu'il va être temps de changer de biscotte, celle-ci semble légèrement émoussée.

Etape n°5
De retour dans la cuisine pour la préparation du p'tit déj', il dégage chat n°4 avant qu'elle ne s'attaque aux tartines et au cake. Puis, il ramasse les peaux d'avocat que cette pénible a choppé dans la bassine destinée au composteur. Il va ensuite pester contre chat n°4 qui fiche le bronx à côté en enquiquinant chat n°1 et n°3 qui voulaient juste dormir, et revient en pestant dans la cuisine parce que les tartines sont en train de cramer dans le grille-pain.
Attrapant son p'tit dej', papa Hérisson va ensuite s'installer à l'ordinateur pour glandouiller un peu en ricanant devant le dernier strip de Maliki en grignotant ses tartines (oui, je sais, c'est pas bien, ça met des miettes dans le clavier). Il râle un peu lorsque chat n°1, surnommé pot-de-glue, vient se poser sur ses genoux en ronronnant, et mettre des poils dans la confiture et le café.

Etape n°6
Un étrange bruit organique, rapidement suivi d'une odeur méphitique, parvient à papa Hérisson. C'est proche. Très proche. Bizarre : puisqu'il est sur les genoux, ça ne vient pas de chat °1, pourtant spécialiste de la visite de la litière pendant les repas (et pas juste pour un pipi... quand il y va pendant qu'on mange, ce sont en général les grandes orgues. Bon appétit.). Chat n°4, occupée à détruire un coussin appartenant aux gnomes est également innocente hors de cause dans le cas présent. Et puis c'est trop proche...
Papa Hérisson jette un oeil sous le bureau de l'ordinateur, le bruit semblant provenir de la là. Bingo. Chat n°3, sans doute un peu malade, est en train de déposer un étron liquide à même le sol, aux pieds de papa Hérisson.
...
...
...
chat 2, sopalin 0.
...
...
...
Cumuuuuuuuuuuk!
Et merde! mince! J'ai craqué ma chemise en plus... Là, je suis colère!

jeudi 3 octobre 2013

Tiré par les cheveux!

– Dis-donc, qu'est-ce que tu as laissé comme cheveux sur ton oreiller cette nuit!

Voilà ce que m'a dit maman Koala en s'habillant ce matin.

– Oui, bon... tout le monde en laisse sur l'oreiller des cheveux, dis-je en restant stoïque.
Je perds mes cheveux? Aucun problème, ah ah...
Vous l'aurez compris, cette bafouille s'adresse surtout aux garçons aujourd'hui (c'est plus rare chez les femmes, mais peut être d'autant plus traumatisant du coup...). Je vais donc vous parler d'alopécie. Chute des cheveux si vous préférez. Ou encore calvitie galopante (connue également sous le nom d'alopécie chevaline en xyloglossie), capillarité contrariée, boule à zéro, piste d'atterrissage pour mouches, boule de billard, perruque en peau de fesse, crâne en peau de zob... bref, choisissez le terme qui vous sied.
Lentement, insidieusement, mais surement, la peau de mon crane serait-elle en train de gagner du terrain?

– Oui, bon bah ça va, c'est pas un drame non plus, y en a plein qui sont déjà passés par là hein...

Pas un drame? Non, c'est une catastrophe! Et je n'ai pas eu le temps de m'y préparer en plus : je n'ai même pas de cheveux gris! Imaginez que dans tous vos souvenirs, même les plus anciens, vous soyez pourvu d'une tignasse à rendre jaloux Mac Gyver.
Desireless aime ça!
Imaginez que vous n'ayez toujours connu qu'une chevelure dont la densité n'avait rien à envier à la forêt vierge amazonienne, une choucroute à faire pâlir Fonzie, composée de poils aussi robustes que des séquoias centenaires. Un monstre capillaire tel que votre coiffeur a troqué les ciseaux contre la machette de brousse dès la première séance.
Petit joueur!
Et voilà que d'un coup, le couperet tombe : tu te dégarnis! Forcément, c'est pas facile à vivre. Alors bon, on peut toujours se rassurer avec de jolies formules toutes faites telles que :

- la calvitie, c'est un signe d'intelligence (corrélation bien sûr aussi évidente entre nombre de cheveux et QI qu'entre taille des testiboules et qualités paternelles)
Albert n'a pas inventé l'eau tiède, Alain est un peu con sur les bords, Kévin et ses copains sont en route pour le Nobel

 -la calvitie, c'est un signe de virilité : c'est dû à un excès de testostérone (par corrélation, on pourra donc considérer que les chauves ne doivent pas être de très bon pères...)
Je ne savais pas trop où placer M. Propre...

- la calvitie, c'est la marque des grands leaders (ce qui explique pourquoi les femmes, ces êtres inférieurs, sont rarement de grands leaders)
A gauche, des cheveux, ça n'est pas un leader charismatique. A droite, peu de cheveux : cet homme est une légende!
Mais toutes ces affirmations me semblent un peu tirées par les cheveux... destinées à caresser les chauves dans le sens du poil. Ne coupons pas les cheveux en 4 : les poils qui tombent, c'est quand même bien ennuyeux. C'est même "trop inzuste" comme le dirait Caliméro avec son cheveu sur la langue.
En même temps, j'aurais dû me douter de quelque chose : papy Hérisson (mon papa donc) est plutôt du genre dégarni d'aussi loin que je me souvienne. Or la calvitie est héréditaire. J'essayais de me rassurer, de me dire que je tenais plus du côté de ma maman, mais hélas...
NOOOOOOOOOOOOOOOOON!!!!!
Bref... je dois me rendre à l'évidence : la superbe toison flottant au vent qui faisait ma fierté et la jalousie de mes pairs est atteinte de pelade.

– Dis donc, t'as pas l'impression d'exagérer un tantinet? Vu ta tignasse, même à ce rythme de perte, on n'est pas prêt de voir la peau du crâne.
– Tu crois maman Koala ?
– En plus, ça peut être juste temporaire : fatigue, stress... bon, alors maintenant tu arrêtes de te plaindre, et tu vas commencer par surveiller ton alimentation!
"Groumpf!" (Papa Hérisson est toujours un peu gronchon le matin)