vendredi 25 juillet 2014

Objets sexuels et retour de bâton

Été = Sexe, alors c'est l'occasion de se lâcher et d'en parler.

Si si je vous assure : été = sexe. Il suffit de voir la couverture de la plupart des magasines de presse féminine ou masculine pour s'en convaincre. Et ça ne date pas d'hier, d'ailleurs, c'est un peu comme la mode, il y a des tendances annuelles.

►1998 : la mode est à la pipe turlute flute à 6 schtroumpfs fellation au cigare
Ok, mais si on avale, c'est tromper?

Notons d'ailleurs que c'est comme la mode : au début c'est de la haute couture, réservé aux vedettes, à ceux qui ont le swag, et puis quelques années plus tard, c'est le tour des gens du commun avec le prêt à porter...

►Années 2000 : le poil c'est la loose, on rase gratis! Plus les années passent, plus le poil recule. Comment voulez-vous...
Et oui, je suis cap' de mettre la photo d'un minou sans poil sur un blog tout public. Même pas peur.

Une mode de sinistre mémoire qui aura des effets désastreux sur la biodiversité.

►2011 : la tendance est aux viols de soubrettes amours ancillaires
Une histoire sordide qui lui a coûté son job. A Nestor je parle. C'est triste.


►2012 : c'est le SM qui a la cote. Ne le niez pas, je sais que vous avez lu "50 nuances...".
Hum, c'est tentant mais... hum, non.



►2013 : fini le SM, c'est passé de mode, la mode est au saphisme
Et oui, Martine a dû lire "Elle". Et comme elle a le swag...


Si si, authentique, "Elle" vous explique que (si vous êtes une fille), avoir une amante c'est trop le swag. Même si t'es hétéro. Ah bon... bah si c'est pour le swag alors...

►2014 : le poil est de retour : le poil c'est hype
Ce blog devient n'importe quoi : on y voit même des gens complètement à poil!



►2015 : vive la zoophilie?
Le film est en préparation, le casting a débuté...

Ne riez pas, ça existe pour de vrai (ici, et aussi), et je ne parierais pas qu'on en fera pas un best seller un jour...


Et je passe sur tous les testàlacon du style "Suis-je plutôt soumise ou dominatrice?",  "Devrais-je essayer la sodomie?" ou "Suis-je dévergondée?" ou encore "Dois-je coucher le premier soir ou attendre le deuxième?", rédigés par des stagiaires sous-payés (non payés) sous acide.

Bref : été = sexe.

Alors je vous vois venir sacripants! Vous vous dites qu'avec un titre pareil pour le présent article, on va traiter de pratiques sexuelles particulières que la moral et les ostéopathes réprouvent, peut être même proposer un tutoriel de fabrication de matériel SM (= Sado-Maso, pour les non initiés) en DIY (= Do It Yourself = Fais-le toi-même, pour les non anglophiles). Et si avec de tels mots clés, je ne récupère pas tous les pervers de France et de Navarre  fans libidineux de Christian Grey, c'est à n'y rien comprendre...
Montage erroné d'une chaise de bar HËNRIKSDÅL dont la notice était mal traduite. Ixea, bien plus qu'un marchand de meubles.

Les adeptes du divin marquis peuvent retourner vaquer à leurs occupations (quelles qu'elles soient, je ne veux rien savoir) : point de tuto SM dans cette bafouille. Oui, je sens votre déception, mais c'est ainsi.

Petit aparté
Je préfère le préciser parce que je sens poindre la douce odeur du troll en rut dans les commentaires, et que je préfère autant les sélectionner moi-même (les trolls je veux dire) : je respecte les préférences et les désirs sexuels de chacun. 
Je n'ai aucun problème avec l'homosexualité (tant pis pour Titine Boutin) :
♦ je suis totalement favorable au mariage pour tous : les homos aussi ont le droit de mourir de honte dans des déguisements pourris lors des enterrements des vie de garçon/jeune fille, et de se taper des festivités interminables au cours desquelles papy Raoul tripotera le fessier des p'tites cousines et tonton Jean-Marie racontera des blagues graveleuses/racistes/homophobes qui jetteront un silence gêné dans l'assemblée.
♦ j'approuve la possibilité d'adopter pour les familles homoparentales : je ne vois pas en quoi des parents homos élèveraient un enfant moins bien que des parents hétéros (il suffit d'ailleurs de voir certaines familles hétéros pour se dire que ça n'est pas toujours un modèle à suivre), et je pense qu'à choisir entre "pas de famille" et une "famille homo", les enfants feraient vite leur choix...
Je n'ai rien non plus contre les pratiques SM (ou autres), tant que c'est librement consenti par les différents partenaires.
Ce qui me dérange c'est cette façon stupide de transformer tout ça en phénomène de mode, histoire d'en faire un buzz médiatique. Vous imaginez un titre de "Elle" disant : "L'hétérosexualité avec la position du missionnaire à la papa, c'est trop à la mode, il faut vous y mettre!" ? Ça paraitrait complètement con non? Bon. Ça c'est dit.

Non, quand je parle d' "objets sexuels" c'est plutôt une référence à ce phénomène (qui ne date d'ailleurs pas d'hier) consistant à utiliser l'image dénudée, ou du moins érotisée, du corps –féminin la plupart du temps, mais pas que– pour vendre un produit ou promouvoir une cause. Et ceci même, et surtout en fait, si ça n'a aucun rapport avec la choucroute.

Schématiquement, disons qu'un corps plus ou moins dénudé pour une pub de lingerie ne me parait pas incongru, mais que voir tant de gens à poil (Jean-François Copé n'a pas finit d'être choqué) pour promouvoir, au hasard, une chaîne de magasin d'électroménager, est déjà plus étonnant. On va mettre ça sur le compte de la coke que les publicitaires sont réputés consommer en quantité industrielle, hein.
Vu la tête du monsieur alors qu'une jolie fille à moitié nue s'accroche à lui, soit il est gay, soit c'est pas une vraie fille. Vu le sourire de madame, je penche pour la deuxième hypothèse.
Alors oui, je sais bien ce que vous allez me dire : logique, le sexe fait vendre. Déjà, ça reste à prouver, et en plus à une période c'était devenu tellement banal que ça n'avait visiblement plus d'effet. Et du coup tout le monde avait plus ou moins laissé tombé cette espèce de surenchère dans le trash. Et puis d'un coup, une sorte de renouveau de la morale pudibonde a fait son grand retour, et le sexe et la nudité sont redevenu transgressifs. Et du coup, tout le monde s'y remet, car qui dit transgressif dit buzz et qui dit buzz dit pub gratuite :

►Le cinéma :
Non mais, les scènes de sexe, c'est juste parce que... euh... pouf pouf : oh! Regardez, une palme d'or!
►La télé :
Non mais, les scènes de sexe, c'est juste parce que... euh... pouf pouf : oh! Regardez, un Emmy Award!
►L'industrie musicale :
Non mais, les scènes de sexe, c'est juste parce que... euh... pouf pouf : oh! Regardez,un NRJ Music Award!
►Et du coup même les féministes s'y mettent :
Non mais, militer contre la marchandisation du corps féminin en montrant ses seins dans une église c'est ok.

Et justement puisqu'on en parle : les femen proteste (entre autre) contre le fait de transformer les femmes en objets sexuels non... Alors quelqu'un pourrait-il m'expliquer l'intérêt qu'il peut y avoir à montrer ses nénés à tout bout de champs au nom de cette lutte contre l'exploitation du corps féminin? Y a pas une sorte de paradoxe là?
Bon ok, dans certains pays particulièrement rétrogrades en la matière comme la Chine ou certains pays arabes, le fait de montrer une poitrine féminine dénudée peut être vu comme un acte militant et transgressif en soi, et donc être apparenté à une forme de protestation. Admettons. Mais en France? Franchement? A part pour faire le buzz, ce qui peut être vu comme l'utilisation des procédés même qu'elles dénoncent, je ne vois pas trop... Et puis, vous pensez sérieusement que les actions commandos des femen peuvent amener un pur macho à changer de posture?
Essayons d'imaginer une rencontre entre ces deux être que tout oppose.
Prenons Michel, 33 ans, phallocrate sexiste imbu de lui-même et Svetlana, 22 ans, femen plantureuse arborant le slogan "Naked War" sur sa poitrine nue.
Toute ressemblance blablabla...
[Michel]:
–Non mais moi, les nanas je les prend puis je les jette tu vois... pis si elles sont pas contentes, je leur colle une taloche, uh uh uh!
[Arrivée de Svetlana]:
–WOMAN IS NOT AN OBJECT!!! *Svetlana agite ses seins sous le nez de Michel en scandant son slogan*
–Ah oui... *le visage de Michel se décompose soudain*  ok, non mais d'accord. Je comprend mon erreur... *Michel pleure à chaudes larmes* snif... vos arguments d'une rare profondeur ont su toucher mon âme pervertie de vil macho. Je prend rendez-vous derechef avec la clinique pour une ablation de mes testiboules avant d'aller me dénoncer à la police pour violence.

Ou pas.

Évidemment chacun fait comme il le sent, mais :
  1. je trouve que leurs méthodes et leurs actions (souvent assez extrêmes) ne renvoient pas une image très positive du "combat féministe". 
  2. des p'tites nénettes blondes au physique de mannequin des pays de l'est (oui, je sais je caricature là, mais bon, faut reconnaître qu'en général...) qui se ballade nichons à l'air en envoyant chier, en vrac, les curé, les fachos, les homophobes, les machos et tutti quanti (ça n'est pas moi qui leur donnerait tord sur le fond du reste) ça passe peut être bien à la télé mais en termes d'argumentation c'est un peu le degré zéro
  3. elles finissent par se montrer aussi virulentes et caricaturales que les groupes qu'elles combattent...
Tient, d'ailleurs rien que ce terme de "combat" (que d'autres féministes emploient également) me pose problème. Pourquoi un "combat" avec tout ce que ce terme implique de violence?

Je ne conteste pas qu'il reste encore beaucoup à faire en matière d'égalité et de respect mutuel homme-femme, mais doit-on vraiment faire de cela une lutte, une guerre des sexes ? Ça revient à entériner l'opposition entre hommes et femmes, y compris pour ceux et celles qui ne se sentaient peut être pas concernés. Combien de femmes qui n'ont jamais, ou rarement, subit de véritable discrimination vont se mettre à penser que tous les hommes les regardent comme des nichons sur pattes? Et combien d'hommes ne vont même plus oser aborder une femme de peur que ça passe immédiatement pour du harcèlement?
 
–Han mais papa Hérisson, t'es anti-féministe alors!?

Non pas du tout : je soutiens totalement la cause. Moins les groupes et les méthodes. Juste, j'aime pas les "istes" et les "ismes", quoique vous décidiez de mettre devant, car souvent, vous pouvez facilement remplacer le préfixe par "extrem", quoi qu'il ait été à l'origine. Je serais plutôt enclin à faire d'une certaine mesure en toute chose, et, autant que possible, à essayer de comprendre "l'autre", ce qui n'est possible qu'à condition de garder l'esprit ouvert, sans (trop d') idées préconçues, et sans rechercher le clash.

Ça me fait un peu penser à ce strip BD à propos duquel j'ai eu un désaccord avec l'un de mes contacts Facebouc® récemment : ce contact (un homme d'ailleurs) s'indignait du propos "anti-féministe" tenu par l'auteur de la planche, tandis que moi je la trouvais globalement pertinente (le ton est bien sur excessif, mais c'est assez normal puisque satyrique et l'auteur est coutumier du fait). A en croire mon contact, critiquer les féministe revient à contester la justesse de leur revendication... Et bien désolé, mais je ne suis pas d'accord.
►Primo : il n'y a pas un seul féminisme, mais de multitudes de féminismes. Je doute que toutes les femmes se retrouvent dans les méthodes des femen par exemple. Pourtant ces mouvements parlent toujours au nom des femmes dans leur ensemble. C'est un peu comme le MEDEF qui se réclame des patrons dans leur ensemble quand il représente en réalité surtout les dirigeants du CAC40 (et encore).
►Secundo : certaines revendications sont amplement justifiées, mais d'autre me semblent franchement secondaires (comme ce truc du madame/mademoiselle), mais ça n'empêche pas certains mouvements féministes de se battre becs et ongles pour ces trucs là. Mouaih. Y a pas plus urgent des fois?

Bien sûr que le harcèlement de rue et le sexisme sont une réalité encore trop présente, qu'ils sont à dénoncer, à condamner et à proscrire... mais à trop en faire, à trop en dire, on en arrive à culpabiliser et rendre suspicieux l'ensemble du genre masculin, renforçant mécaniquement la division que l'on cherche à abolir. Sans compter le risque de sortir l'artillerie lourde (marche de soutien, appel à témoins larmoyant, plateaux télés, débats passionnés à l'assemblée, déploiement de l'armée, déclaration de guerre au Boukistan, etc...) pour un canular par exemple.

Au delà de conceptions stéréotypées antédiluviennes (vous savez comme j'adore les stéréotypes) et purement culturelles il me semble me rappeler un vague truc de cours de SVT : hommes et femmes font partie de la même espèce (l'être humain), partagent le même ADN, et sont complémentaires ne serait-ce que sur le seul plan de la reproduction. J'ajouterai aussi que la plupart des avancées sociétales –je parle d'évolutions efficaces et durables– se font bien plus grâce au consensus et à l'éducation des masses que grâce aux actions d'éclat vindicatives et aux slogans hostiles.

Mais revenons-en à notre choucroute, ou plutôt à nos objets sexuels.

Ainsi donc, le corps –de la femme en particulier– à force d'être exposé pour un oui ou pour un non, finit par devenir un simple objet sexuel destiné à attirer l'attention. Le problème n'est d'ailleurs pas la nudité en soi, je ne vais pas commencer à faire mon Jean-François Copé de base. Et d'ailleurs je précise que je n'ai rien de particulier contre la nudité (qu'elle fut masculine ou féminine) : j'aime bien dessiner moi-même des nus de temps en temps, et j'estime que le corps humain n'a rien de honteux. C'est plus ce côté "objet sexuel" qui me dérange. C'est donc surtout, une question de contexte.

A titre de dernier exemple, j'évoquerais juste le débat lancé par Anne-Estelle sur le blog Etre Parent, concernant l'allaitement en public (vous pourrez d'ailleurs constater dans les commentaires que certain(e)s sont assez virulents sur la question, ce qui nous renvoi plus ou moins au point n°3 sur les femen évoqué plus haut). A titre personnel, ça ne me dérange pas qu'une femme allaite en public sans se dissimuler même si je conçois aussi parfaitement la pudeur de certaines qui le font avec une certaine discrétion.

Basiquement, je n'aurais aucun problème à expliquer ce qu'il en est à mes gnomes si jamais ils me posaient la question à propos d'une femme en train d'allaiter son enfant (d'autant qu'eux-même l'ont été et comprennent de quoi il retourne). Il me semble en revanche que j'aurais plus de mal à justifier la nudité beaucoup plus vulgaire et connotée de certains clip musicaux ou certaines publicités...
"Bon, là, tu vois, la dame elle donne à manger à son bébé, c'est pour ça qu'elle montre son néné..."
"Bon, là, tu vois...euh... les dames... euh... bin... elles doivent avoir envie de faire pipi je pense... hum... bon..."

Et puis on sait ce qu'il en est des phénomènes de mode : un coup dans un sens, un coup dans l'autre. Des seins et des fesses partout aujourd'hui, plus rien demain. C'est fatiguant ce passage d'un extrême à l'autre...

Alors, "tous à poil", certes, mais pas n'importe comment, sinon entre les puritains et les publicitaires ça risque de finir comme ça :
Et là, c'est pas dit que l'image de la femme en sorte grandie...

5 commentaires:

  1. Va falloir que je me renseigne auprès d'un de mes anciens profs de psycho pour savoir si l'onanisme, jadis considéré comme une sorte de maladie psychiatrique, peut aujourd’hui se classer parmi les pratiques DIY...

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  2. Bin... c'est clairement du "Do It Yourself"... :D

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  3. Trop de contenu dans cet article, j'avais envie de commenter plein de trucs, et puis j'ai oublié :-P
    Du coup, je reviens juste sur ce qui m'a le plus parlé : les Femen. J'irai encore plus loin que toi. Je trouve qu'elles salissent les femmes ! Je ne parle pas des causes pour lesquelles elles s'engagent, mais de la manière et de la forme. Comme tu l'as très bien dit, elles sons un non sens au respect de la femme et de son corps qui ne devraient pas être objetisé (oui j'invente des mots lol).
    Le pire c'est qu'elles décrédibilisent toutes celles qui font vraiment changer les choses mais intelligemment...

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    1. Oui, comme d'habitude je m'étale trop et je fais beaucoup de digressions. C'est mon gros défaut. Je pense que ça tient au fait que je fonctionne pas mal par associations d'idées.
      Pour ma part, ce que je reprocherais aux femen, c'est plus une forme de radicalisme extrême (qu'elles sont prompt à décrier chez les autres d'ailleurs, mais bon, paille... poutre... tout ça) qui ne fait guère avancer les choses. J'ajouterai que si je suis moi même agnostique et assez enclin à balancer des skuds aux cathos intégristes (dont je trouve les idées bien courtes), leur manque de respect flagrant pour les croyances religieuse d'autrui n'est pas à la hauteur du respect qu'elles-mêmes exigent à l'égard des femmes...

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  4. C'est exactement ça. Le respect est la moindre des choses quand on veut être respecté.
    Mais bon, faire ce qu'on voudrait que l'autre fasse... c'est faire ce que la Bible dit alors... forcément, c'est anti valeurs femen :-P

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