mardi 12 août 2014

L'accouchement sans douleur

–Inspiratioooooon, et... allez ON POUSSE!!! Allez allez, faut que ça sorte. J'ai pas que ça à faire alors il va falloir accoucher M. Papa Hérisson!
–Vous en avez de bonnes vous... je contrôle pas hein! Ça vient tout seul ou ça vient pas!

Comme vous vous en doutez, aujourd'hui on va parler accouchement, et plus précisément de la façon dont moi j'accouche. Je parle bien sur de l'accouchement d'une note de blog, qu'allez-vous donc imaginer?

J'ai en effet été invité par la sympathique Mia Wallace pour son projet destiné à connaître les sources d'inspiration des ses collègues blogueurs et blogueuses. Je me vois donc contraint de m'exécuter et de vous révéler mes secrets. Je vous invite donc à me suivre :

Dans la tête de Papa Hérisson
Clairement, ça n'est pas mon meilleur profil...
On est prié de s'essuyer les pieds avant d'entrer. Vous excuserez le bordel ambiant, je n'ai pas eu le temps de ranger...

Pour mieux comprendre, nous allons solliciter les explications de notre expert : Michel Chevalet.
Michel Chevalet de Torture
[Michel Chevalet] : Bonjour. Alors, un article de Papa Hérisson, comment ça marche? Et bien c'est très simple. Tout comme dans la fusée Ariane, il y a plusieurs étages : le lanceur, qui fournit l'idée de base, c'est l'é-ner-gie qui permet à la fusée "Article" de dé-co-ller littéralement. Ensuite, il y a les boosters, qui ajoutent des idées secondaires, des vannes pourries et des digressions apportant la poussée supplémentaire pour la mise en orbite de "l'Article". Et enfin, il a la coiffe, "l'emballage" de texte truffé de fautes d'orthographe et d'images honteusement volées ou détournées sur la toile, composant "l'article" proprement dit. A quoi il faut ajouter bien sûr les antennes des réseaux sociaux permettant de prévenir les lecteurs de la mise en orbite.
Ok, donc ça va encore être un article sur le sexe...



Merci Michel, pour ces explications. Rejoignons tout de suite nos envoyés spéciaux du futur du temps X, Grégor et Ichka Bouktémoche en direct du centre spatial de Kourou (en Guyane) nerveux du courroux (dans la tête de papa Hérisson) pour l'interview du chef de projet.
Grégor et Ichka, lors d'une conférence à Menton.
[Ichka Bouktémoche] : Bonjour Gregor...
[Grégor Bouktémoche] : ... et bonjour Ichka!
[IB] : Et bonjour à Papa Hérisson, chef de projet dans la tête de Papa Hérisson.
[Papa Hérisson] : Bonjour Grégor, bonjour Ichka.
[IB] : Tout d'abord merci de nous recevoir, mais pouvez-vous commencer par nous expliquer pourquoi Courroux?
[PH] : Facile : je suis un hérisson, donc assez gronchon par nature et souvent courroucé par tout un tas de choses. C'est donc logiquement le centre nerveux le plus spacieux et le mieux équipé.
[GB] : Avec votre aide, nous allons essayer de comprendre comment se fait la naissance d'un article. Alors dites nous, d'où vient l'idée initiale?
[PH] : Oh ça, c'est encore le plus facile. De tout ou presque. De mon quotidien, de l'actualité, de mes lectures, de mes pérégrinations sur la toile, d'autres blogueurs qui me taguent, de choses que je vois en me baladant, de discussions avec des collègues ou des amis, de mes chats... C'est souvent des trucs qui m'énervent, et en particulier la bêtise humaine. Ou les chats. Autant dire que les idées ne manquent pas. Le plus dur n'est pas de trouver l'idée de base mais la façon de l'aborder : et ça c'est un travail d'équipe.
[IB] : Et toutes ces idées aboutissent-elles à un article?
[PH] : Non, évidemment. Certaines idées sont mortes-nées : je n'arrive pas à trouver comment les aborder. Certains articles sont en cours d'écriture depuis plus d'un an et n'avancent pas... Des fois une idée déboule et fait que je mets en standby un article en cours d'écriture, que je reprends la semaine qui suit... ou beaucoup plus tard. Ou jamais. Sans compter que j'ai une fâcheuse tendance à la procrastination, qui fait que si je ne produis pas un article quand j'en ai l'idée, il a des chances de ne jamais voir le jour.
[GB] : Vous vous autocensurez parfois?
[PH] : Non. Je me réserve le droit d'aborder n'importe quel thème. C'est mon blog et j'y écris ce que je veux sans me restreindre : de la critique sociologique à la fiche culinaire en passant par un tutoriel sur l'élevage des pingouins si ça me chante. Seul le ton des articles est uniforme. Et j'essaie aussi de rester à peu près tous publics.
[GB] : Vous parliez de travail d'équipe, vous n'écrivez pas seul alors?
[PH] : Non car (pour paraphraser belle-maman) je ne suis pas tout seul dans ma tête. Mais c'est moi le chef. Du coup, lors de la rédaction d'un article je fais un brainstorming avec mon équipe de moi-même pour déterminer comment l'idée de base va être maltraitée. C'est un peu comme un conseil des sinistres ministres : certains d'entre moi sont spécialisés dans des domaines précis. Lorsqu'il n'y a pas consensus, c'est alors moi qui tranche, puisque je reste le chef. Il m'arrive même de m'engueuler, mais en général je ne m'en veux pas très longtemps et je finis par me pardonner.
Oui, le ministère de la Jeunesse et des Sports est à l'abandon. Que voulez-vous, la vieillesse est un naufrage...
[IB] : Euh...vous êtes sous traitement pour ça?
[PH] : Ça n'est pas pathologique. Enfin je ne crois pas... Bon, en tout cas je ne suis pas dangereux. Ceux qui prétendent le contraire finissent par sécher dans mon grenier de toute façon.
[IB] : Pouvez-vous nous en dire un peu plus?
[PH] : Bien sûr :  "un peu plus".
[IB] : Non... je veux dire, à propos de "ces autres" dans votre tête?
[PH] : C'est schématique. C'est plus un cheminement de pensée qui me permet d'explorer les différentes facettes d'un sujet, sous plusieurs angles. Bon, prenez la présente interview par exemple : c'est surtout une astuce littéraire pour aborder les choses de la façon qui me convient, en donnant l'illusion d'un dialogue. Vous n'existez pas réellement. Et une fois l'article terminé, vous disparaitrez dans le néant d'où vous venez, comme dans un trou noir...
[GB] : C'est troublant...
[PH] : Je ne vous le fais pas dire. Quoique : si, en fait. Et merci pour ce jeu de mot moisi.
[GB] : De rien.
[IB] : Non mais sérieusement, vous prenez des trucs quand même?
[PH] : Pas depuis que j'ai arrêté de renifler la colle Cléopâtre à l'école primaire. Juste du café. Avec deux sucres s'il vous plait.
[GB] : Admettons. Cependant, vous publiez environ un article par semaine, souvent assez long. Peut être avez-vous une muse?
[PH] : Une muse? Vous voulez parlez de ces greluches à moitié nues qui ont de l'air dans le cerveau, qui passent leur temps à glander en racontant des conneries, et qui sont censées inspirer les artistes? Non, sérieusement, je ne regarde pas la télévision, et et surtout pas les émissions de téléréalité. A mon avis c'est plus une distraction qu'autre chose... chez moi il y a bien maman Koala, mais elle se ballade (trop) rarement à poil à mon goût, et elle glande rarement. Du reste elle dit des choses bien trop profondes pour être une muse...
La Nabilla de l'époque s'appelait probablement Terpsichore. Terribles les ravages de la colle Cléopâtre...
[GB] : Ok, alors d'où vous vient cette productivité?
[PH] : Je fonctionne beaucoup par associations d'idées, surtout si elles sont foireuses et qu'elles me font marrer. Et je fais énormément de digressions, du coup ça meuble pas mal. Et puis certains d'entre moi ont de la culture. Des rumeurs insistantes affirment que j'aurais fait un deuxième cycle universitaire en sciences (mais ce sont surement des médisants qui racontent ça). Et je lis pas mal. Des livres, des conneries sur internet, etc... En plus j'adore m'écouter penser.
[IB] : Et d'un point de vue pratique, comment écrivez-vous l'article?
[PH] : Une fois que j'ai une idée, je fais souvent quelques recherches sur le thème choisi. Même si je le connais bien, ça peut permettre de savoir ce qui se dit à ce sujet et d'avoir éventuellement des opinions contradictoires sur la question. Puis je tape mon texte. Au kilomètre, dès que j'ai un peu de temps (ça peut même être dans un simple fichier Notepad au boulot parfois, mais chut, ne le répétez pas, ça pourrait m'attirer des ennuis). En général j'écris une bonne tartine, puis je fais autre chose, puis je reviens dessus et je modifie des trucs. Des fois je change l'ordre de certains paragraphes, j'enlève des phrases, j'en ajoute, j'en modifie la tournure... souvent à plusieurs reprises, jusqu'à ce que le texte me semble fluide et me convienne. Je ne fais jamais de plan avant, et il m'arrive souvent de me lancer sans savoir où je vais : ça vient tout seul. Puis, quand je suis satisfait, je colle ça dans mon brouillon et je le mets en forme. Et enfin, je peaufine en ajoutant les images (et leurs légendes), les liens, des bonus plus ou moins cachés, sous forme d'info-bulle (le texte qui apparait sur un fond jaune clair quand on met le curseur sur un élément) au niveau des liens et des images. Si j'ai le temps et que je suis d'humeur, il peut aussi m'arriver de mettre des dessins de ma composition. Ou même des images qui bougent. J'ai même mis une chanson de ma composition une fois... une occasion rare pour mes lecteurs (ceux qui ne sont pas malentendant bien sur) d'entendre ma superbe voix, semblable à celle d'un baryton tuberculeux sous LSD.
[GB] : En gros, vous voudriez nous faire croire que vous pouvez écrire tout seul un article par semaine sur n'importe quoi, et en en mettant une tartine en plus?
[PH] : Oui probablement.  Mais ça parlera d'à peu près tout sauf du thème de base. Soyons clair : je n'écris jamais un article parce que je le dois (raison pour laquelle je ne fais pas de billet sponsorisé), mais parce que j'en ai envie et que j'ai des choses à dire, même si elles sont stupides.
[GB] : Et ça vous rapporte combien?
[PH] : Que dalle. Je n'ai intégré aucune publicité rémunérée sur mes pages, et je ne fais pas de partenariat commercial. J'écris pour le plaisir. Bon évidemment, je pourrais retourner ma veste si un riche mécène décidait soudain de me couvrir d'or (ceci est un appel du pied). J'ai des convictions mais tout a un prix. Et sinon, j'écris car j'aime être admiré et encensé pour mon esprit brillant et percutant... mais sur ce point je reste un peu sur ma faim : j'ai trop peu de commentaires dithyrambiques pour satisfaire mon ego, et aucune lectrice en pâmoison devant mon génie (incompris) ne m'a jamais proposé le mariage. Pour ceux qui ne comprennent pas les allusions subtiles, je vais être plus direct : commentez! Flattez-moi! Wesh t'as vu, lâche tes coms!
[IB] : Hem. Pour conclure, une astuce à donner à ceux et celles qui seraient tentés par l'aventure du blogging?
[PH] : Y a pas de miracle, comme le dit mon père : ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément (il parait, c'est Gogole™ qui me le dit, que ça serait du Nicolas Boileau à la base... ok, si Gogole™ le dit...). Sinon, les gifs animés de chaton peuvent permettre de noyer le poisson, mais ça ne marche qu'un temps.
Tentative désespérée et pitoyable de masquer le vide sidéral de ce billet.
[GB] : Et bien merci papa Hérisson...
[PH] : On vous en prie.
[IB] : ... et faites vous soigner. Franchement!

Epilogue
–Félicitation M. Hérisson, c'est un article de blog! Et il fait... ah oui, 1942 mots, et 8 pages dans un traitement de textes quand même. Un beau bébé!
–Fastoche. La prochaine fois je le fais sans péri...
–Sans péridurale?
–Non, sans périphrases : inutile de tourner autour du pot. Bon, vous pouvez me recoudre maintenant? Je déteste avoir la boite crânienne ouverte aux quatre vents comme ça...
–Bon... on va mettre un peu de colle Cléopâtre hein...

Cet article vous a plu? Il participe à l’événement interblogueurs « Comment je trouve l’inspiration pour mon blog » organisé par Mia de Trucs de Blogueuse. Si vous aimez mon article, cliquez pour voter sur ce lien.


Nota Bene : toutes les images présentes sur cet article sont libres de droit, ou m'appartiennent.

8 commentaires:

  1. Super original et super marrant, merci pour ta participation à l'événement, j'adore!!! :)))

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  2. Un travail d'équipe à lui tout seul, j'hésite entre trouver que ça facilite ou complique la tâche... Ah, on me dit que, malgré l'abondance de points de vue qui fournit moult matériaux à écrire, la coordination et l'écrémage des bonnes idées est en soi un travail qui mérite des félicitations, et on me confirme aussi d'un autre côté. Nous sommes donc d'accord : Bravo à toi/vous tous :)

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    1. Ne nous félicite pas trop : je risque de me demander une augmentation, et de m'en vouloir parce que je serai forcé de me la refuser...

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  3. Excellent! Félicitations à toute l'équipe pour ces articles tartines toutes les semaines! :D

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    1. Les tartines, c'est le ministre de la Culture Confiture qui s'en occupe, car rien ne vaut une tartine de confiture. Je lui transmets tes félicitations.

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  4. Réponses
    1. Ah, c'est vrai que vous n'aviez peut être pas cela en Belgique... quand j'étais gnome, c'était la marque des pots de colle qu'on nous fournissait dans les écoles primaires. Une colle blanche semi-solide, avec une odeur très caractéristique, assez agréable, rappelant un peu l'odeur d'amande. Les gamins passaient leur temps à la renifler à cause de sa bonne odeur (parait même que certains en bouffait). A priori, elle était sans danger. A priori.

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