vendredi 10 octobre 2014

Ça pique un peu quand même...

Une sirène de police résonnait au loin, répercutée par les murs des immeubles environnants. Bien que ce fut la nuit, le parking souterrain n'était pas particulièrement sombre. Au plus baignait-il dans la lumière crue et froide des néons. Certains d'entre eux, trop anciens sans doute, clignotaient nerveusement. Ce signe évident de leur agonie en cours, plongeait certains recoins de ce lieu déshumanisé dans une demi-pénombre, transformant certains angles morts en angoissants portails de ténèbres d'où pouvait surgir à tout moment quelque croque-mitaine ou je ne sais quel psychopathe de film d'horreur.

Claquant discrètement ma portière, je m'avançais vers le lieu du rendez-vous. Un crissement de pneu un peu plus loin me fit sursauter. Un conducteur un peu pressé avait dû légèrement déraper dans l'un des virages serrés du parking. Il faut bien dire que le revêtement grisâtre, avec sa curieuse texture un peu caoutchouteuse, se prêtait idéalement à ce genre de nuisances sonores.


Alors que je reportais mon attention vers mon objectif, un mystérieux individu, engoncé dans un imperméable sombre et le visage dissimulé dans l'ombre de son chapeau de feutre, émergea soudain de derrière un pilier situé juste à côté de la silhouette élégante d'une corvette de 1985 d'une twingo vert pomme édition limitée "Mon petit poney".
Quelle silhouette mystérieuse! C'est vraiment mystérieux tout ce mystère...
Le spot rouge blafard d'une cigarette se refléta brièvement sur ses lunettes de soleil tandis que l'inconnu tirait sur le mégot. Avant de se mettre à tousser violemment.
–Euh... ça va? demandai-je un peu inquiet.
–Reuuuh, reuh... hum oui, désolé. C'est juste que... je ne suis pas fumeur.
–Ah. Euh... ok, répondis-je un peu interloqué.
L'individu jeta la cigarette à peine entamée et rajusta son chapeau. Se raclant encore la gorge une ou deux fois, il poursuivit d'une voie faussement rauque :
–Vous êtes ponctuel M. Papa Hérisson.
–Moui... bon je suppose donc que c'est vous qui m'avez contacté anonymement pour me fixer ce rendez-vous pour de soi-disant informations...
–En effet.
–Et vous êtes?
–Plutôt content que vous soyez là.
–Non, je veux dire, comment dois-je vous appeler?
–Ah pardon. Que diriez-vous de... "Gorge Profonde"? répondit-il en mimant des guillemets de ses mains gantées de cuir noir.
–Sérieusement? Non là ça va pas être possible.
–Euh...
–Non franchement. Déjà pour l'informateur du Watergate, la référence à un vieux porno antédiluvien c'était moisi : j'ai toujours trouvé que ça faisait pute de parking souterrain plus qu'autre chose. Notez ceci explique peut être cela... Mais là maintenant, c'est carrément du réchauffé, on se croirait dans le remake d'un film d'Oliver Stone tourné par Luc Besson un lendemain de biture vodka-coke. Non. Je vais plutôt vous appeler Paul Bismuth ok? Mais c'est comme ce parking là... pourquoi se donner rendez-vous ici?
Manifestement gêné, l'inconnu répondit en oubliant de contrefaire la voix rauque :
–Bin euh... c'est plus discret quand même...
–Plus discret? Vous voulez dire un parking en pleine ville, avec seulement deux voies d'accès, des vigiles, et totalement sous vidéo-surveillance? On ne doit pas avoir la même conception du mot discrétion. En même temps, vu votre dégaine, ça saute aux yeux...
–Quoi? Mais euh... vous reprochez quoi à ma tenue?
–C'est à dire qu'un mec en imperméable sombre avec un grand chapeau, des gants et des lunettes de soleil, en pleine nuit dans un parking souterrain c'est pas banal. C'est même franchement suspect. D'ailleurs on ferait bien de se grouiller, car les vigiles du parking nous regardent bizarrement et je pense qu'ils vont appeler les flics si ça n'est pas déjà fait.
–Hum, oui bon. Tenez! fit-il en me lançant un dossier, dont la couverture s'ouvrit en vol, laissant tomber plusieurs feuillets.
–Ah bah bravo, fis-je en ramassant les papiers. C'est bien la peine de faire son kéké.
J'examinai rapidement le document.
–Sans déconner? C'était pour ÇA que vous vouliez me rencontrer en prenant toutes ces "précautions"?
–Oui. C'est de la bombe hein? Un vrai scandale!
–Non, c'est juste un article de presse en ligne qu'on peut trouver avec une bête recherche Gogole™.
–Euh oui. C'est à dire que... j'ai beaucoup aimé vos articles sur l'industrie pharmaceutique et sur les additifs chimiques. C'était courageux. Vous êtes un lanceur d'alerte M. Papa Hérisson...
–Vous êtes bien conscient que je me suis contenté de chroniquer des bouquins que j'ai lu? Certes intéressants et remplis de révélations, mais je n'en suis pas l'auteur...
–Oui, ok, mais bon, vous avez su les présenter avec talent pour sensibiliser vos lecteurs à ces problématiques...
–Mes lecteurs dont le nombre, en augmentation je vous l'accorde, représente au mieux un pouyem des ventes de ces deux livres. Mais soit, admettons. Donc je suppose que vous vouliez attirer mon attention sur les polémiques concernant les vaccins...
–Oui c'est cela.
–L'article que vous venez de me passer est donc une mise en contexte... ok. Donc si vous avez pris toutes ces précautions, c'est que vous avez des révélations en sus de ce document... vous travaillez pour les labos? Vous savez des choses que vous voulez me révéler? Des secrets inavouables? Un scandale en devenir?
–Euh... non... je... en fait je suis comptable dans un sexshop. Je ne sais rien de plus sur les vaccins, mais euh... ça m'interpelle quoi. Je me disais juste que vous pourriez faire un article sur... enfin au sujet de... des... les vaccins quoi.
–Ok. Donc vous me refilez l'article succinct d'un obscur site internet sans doute payé par un labo, et démerdes-toi tout seul pépère, fais des recherches par toi-même et ponds-nous un bel article rigolo qui dénonce bien les vilains labos, c'est ça? Sympa merci...
–Voilà. Bon. Je ne peux pas vous en dire plus, je crois qu'on nous surveille.
–Oui, je vous l'ai dit tout à l'heure, ce sont les vigiles du parking...
"Bob, y a un mec louche en imper au fond... je pense que c'est un pervers qui fait la sortie des écoles parkings!"
L'inconnu venait de reculer, disparaissant derrière le pilier proche de la twingo verte. Le néon clignotait toujours.
–Euh... Paul? Paul Bismuth?
–...
–Oui... non... écoutez, franchement, autant votre arrivée avait un peu de style, autant ça le fait moins pour le départ : je vous aperçois en train de marcher à 4 pattes derrière la twingo. La vôtre je suppose? En plus vos semelles raclent le sol, et ça couine sur le revètement en résine. Le coup de la disparition mystérieuse, ça demande une bonne préparation vous savez.
–...
–Ok, bon, c'est pas grave. Allez bonne soirée Paulo, hein.


Et c'est donc ainsi (ou à peu de choses près) que je me suis retrouvé à mener l'enquête sur les vaccins. Et autant vous le dire, ça n'a rien de simple car le terrain est miné. Il faut dire qu'au sein de la grande famille des traitements médicaux, les vaccins constituent une catégorie un peu à part :
►d'une part, assez peu de laboratoires dans le monde en produisent (une douzaine tout au plus, dont les plus connus sont Sanofi Pasteur, GSK, Baxter et Novartis)
►d'autre part, ils font partie des rares traitements pour lesquels presque TOUS les pays du monde prévoient des campagnes de traitement massives, souvent gratuites, et parfois obligatoires (ce qui ne va pas sans poser parfois quelques problèmes d'ailleurs, et déclencher quelques polémiques...)
►et enfin, c'est l'un des rares traitements à prendre presque exclusivement de façon préventive et non curative.

Bon, sauf si vous revenez d'un trek de 30 ans en Antarctique, il y a peu de chances que vous ayez loupé les polémiques de ces dernières années sur plusieurs de ces vaccins (vaccin contre la grippe A, contre le papillomavirus...). Par contre, vous ignoriez peut-être que des polémiques sur les vaccins, il y en déjà eu avant, depuis des décennies même, et parfois d'assez sérieuses. Mais j'y reviendrai.

Alors bon, trouver des informations sur les vaccins c'est facile. Des informations pro-vaccin, comme des informations anti-vaccin hein! Par contre, trouver des informations fiables, claires, pertinentes, sourcées et qui font consensus, ça c'est beaucoup plus compliqué en revanche. Tout simplement parce que, étrangement, en matière de vaccins les gens sont rapidement dogmatiques (ce qui ne lasse pas de me surprendre concernant un domaine qui relève théoriquement de la science, rigoureuse, formelle et démontrée, et non de la foi, irrationnelle par nature) : on affirme, et on martèle, sans étayer.

Sur ce sujet –comme sur beaucoup de sujet d'ailleurs– on ne trouve visiblement que deux camps. Deux uniques positionnements possibles : totalement pour, ou totalement contre. Pro, ou anti. C'est un parfait exemple de ce que j'appelle le "syndrome de la petite case" (sur lequel je vous ferai un petit laïus à l'occasion) : pas de demi-mesure possible, c'est pour les couilles molles! Je suppose que dans la réalité, certaines personnes sont "pour mais", ou "plutôt contre néanmoins", voire même carrément "bof ça dépend", mais ceux-là n'ont pas la parole et picétou. Et comme il convient à ce genre de postures extrêmes (pour ou contre), les arguments sont souvent d'une pauvreté intellectuelle frisant l'indigence. Quand il y en a des arguments je veux dire. Car pour être honnête, pour peu que vous vous donniez la peine de consulter l'un ou l'autre article traitant de ce sujet, vous constaterez rapidement que l'article lui-même se contente généralement d'affirmations gratuites du style :
"Ohlala, la France est en retard sur la couverture vaccinale pour telle maladie, c'est fâcheux!"
Mais sans préciser si cela affecte ou non le taux de personnes atteintes par la maladie, ni si l'efficacité du vaccin est clairement démontrée, ni même si celui présente d'éventuels risques. Car ce sont des informations sans intérêt. Par contre le concours de quéquette piquouses avec la Suède ou le Danemark, ÇA c'est l'info coco!

Quand aux commentaires des internautes sur ces mêmes articles, c'est pire : ils se résument souvent à une bataille rangée de pseudo experts -de mes couilles- diplômés en art du troll de l'université de Wikipédia. Le tout à base d'arguments aussi péremptoires que peu étayés du genre :
"Les vaccins c'est caca, d'ailleurs la dernière fois que je me suis fait vacciner, j'ai été malade!"
"C'est de la propagande de cinglé d'anti-vaccins! Votre attitude est criminelle!"
Et j'en passe et des meilleures sur l’évocation d'études irréfutables (mais jamais sourcées bizarrement) qui montre clairement que (rayez la mention inutile) :
►les vaccins sont une invention des satanistes nazis affiliés à Cthulhu, destinée à détruire l'humanité après avoir réduit celle-ci à l'état d'un troupeau de zombies décérébrés au service des Illuminati
►les vaccins sont paix et amour et ils sauveront le monde, nourriront les affamés, stopperont les guerres, passeront un petit coup de balai et feront le café avant de faire revenir l'être aimé en moins de 48h

Bref : autant dire qu'on n'est pas sorti de l'auberge. Face à ce champ de ruine de la raison et du bon sens, j'ai donc décidé de reprendre les choses à la base en commençant par faire un point sur le fonctionnement du système immunitaire, les origines de la vaccination et son principe. Si vous regardiez "Il était une fois la vie" étant mômes, ça vous rappellera peut être des souvenirs.
Tient? Y a Paul Bismuth au pied du bureau...

1. Le système immunitaire

A l'évidence, l'organisme humain n'a pas attendu l'arrivée de la médecine et des vaccins pour apprendre à lutter contre les maladies (sans quoi je doute qu'hypocrite Hippocrate eusse put inventer son célèbre vin aux épices... attendez, non, ça c'est l’hypocras, Hippocrate c'est le serment des toubibs qui dit "ça vous fera 25€, je ne prends pas la carte"). Votre corps –mon corps– dispose donc de défenses naturelles contre les agressions externes : le système immunitaire. Si vous vous rappelez vaguement de vos cours de biologie, il y a une histoire de globules blancs, et schématiquement ça donne ça :

Prenons un globule blanc, que nous appellerons Mario Manuel Ramón (rapport au fait que Ramón patrouille dans vos conduits votre réseau sanguin (entre autres) qu'il va donc "ramoner" pour y nettoyer les saletés. Car pour sa sécurité, il faut se faire ramoner...).
Ramón aurait pu être plombier, mais il a choisi une carrière de globule blanc.
Et puis il y a Koopa Mouloud Kevin le staphylocoque. Kevin, c'est un peu la racaille du 9-3 version microbe. Quand il zone avec ses potes dans le hall de l'immeuble vos organes, il fout le dawa, importune les petites cellules qui portent des ribozymes un peu courts en les traitant de salopes, organise des tournantes dans votre intestin grêle, deale des toxines et dessine des zguegues dans la cage d'escalier.
Il a bien une tête de racaille notez...
Le rôle de Ramón (à la tête de son escouade de la BAC), c'est donc de lui coller sa branlée pour ramener le calme dans la cité l'organisme.
Et oui, un anticorps dans la margoulette ça pique un peu.
Bon. Ça c'est la version simple, celle qu'on vous balance en général parce qu'on considère que vous êtes trop cons pour comprendre des explications plus détaillées (je reviendrai d'ailleurs sur ce sujet dans une prochaine bafouille). Et dans cette version simple, le vaccin ça représente grosso modo la caisse de gadgets (flashball, taser, lacrymo), ici représentée par un champignon pour simplifier, qu'on vient de livrer à la caserne de Ramón pour qu'il remplisse plus efficacement ses objectifs chiffrés de reconduite à la frontière au gros colon.
Moi aussi si je bouffe certains champignons, j'ai l'impression de devenir un super héros.

En fait la réalité est un peu plus complexe (et d'ailleurs pas encore complètement comprise par les biologistes concernant certains de ces mécanismes). Déjà le corps à aussi d'autres moyens d'actions :
►la fièvre : loin d'être néfaste, elle est surtout un symptôme d'une infection. La plupart des germes fonctionnent mal au delà de 39° (surement des racailles venues du nord), et meurent ou ont du mal à se multiplier, ce qui facilite le boulot de Ramón. A ce titre, essayer de faire baisser la fièvre est en général très con :  ça revient à dévisser l'ampoule avertissant de l'incendie en espérant que ça va l'éteindre, et du coup ça déconnecte aussi le réseau de springlers destiné à contenir ce même incendie. Relativisons tout de même : sur une longue durée, la fièvre a tendance à éprouver l'organisme lui-même.
►l'acidification du sang (baisse du pH sanguin) : beaucoup de virus sont sensibles au pH (c'est à dire au degré d'acidité du milieu) car un milieu acide inhibe leur fonctionnement. Inconvénient: cela affecte aussi les cellules de l'organisme. D'ailleurs, si cette acidose persiste, elle peut devenir pathologique et nécessiter un traitement.
►les substances antivirales organiques (immunoglobulines, interférons...) : elles perturbent la reproduction des virus en leur diffusant du Derrick ou du Joséphine Ange Gardien et en leur filant une camomille.

Ensuite, les globules blancs, y'en a plein de sortes (je vous mets juste les principaux, y en a encore d'autres) :
►les polynucléaires (leucocytes) : c'est la première ligne de défense. Ils bouffent les intrus qu'ils arrivent à identifier (délit de faciès) car ils n'ont pas leurs papiers. Ils sont costauds, mais un peu con-cons, et de nombreux germes savent tromper leur vigilance grâce à de faux -papiers.
Le polynucléaire passe son temps à bouffer tout ce qui traîne. Surtout si c'est crade. Un peu comme mon chien en fait...
►les macrophages : à l'instar des polynucléaires, ils bouffent les intrus et les débris organiques. En général, ce sont des troupes de réserve, qu'on appelle de la caserne en cas d'urgence, quand les polynucléaires sont débordés. Eux-aussi sont un peu con-cons, mais ils ont une meilleure endurance et un plus gros appétit.
"Je ne suis pas GROS. Juste un peu enrobé!"
►les lymphocytes : ils en existent plusieurs types, mais en gros ce sont les balaises et les gradés, les mecs qui ont fait des entrainements et/ou des études. Ils identifient l'adversaire et adaptent la tactique à ce dernier (leçon de natation dans la Seine pour les germes d'Afrique du nord, foutre le feu à la paillote si ce sont des microbes corses, gaz lacrymo si ce sont des virus cathos dans une manif' pour tous, etc...). Ce sont eux qui ont les clés de l'armurerie, et peuvent donc balancer les flashball, tasers et lacrymos anticorps si besoin.
Tout de suite, ça rigole moins.
Accessoirement, ce sont certains de ces lymphocytes (les B et les T pour être exact) qui écrivent les rapports d'intervention et enregistrent les empreintes des contrevenants dans le fichier pour les identifier plus facilement afin de leur balancer direct les anticorps la prochaine fois qu'ils pointeront leur museau.

Enfin, il y a donc ces fameux anticorps : spécifiques aux germes visés, ils sont là pour leur mettre la misère et faciliter le boulot des leucocytes, macrophages et lymphocytes dans leur travail d'élimination.

Comment tout cela fonctionne-t-il? Mettons-nous en situation. Disons qu'une brave cellule constate qu'une bande de microbes est en train de foutre la zone dans son jardin, et de lui piquer ses poules protéines (des bactéries roms surement). Elle va immédiatement prévenir les autorités compétentes en envoyant des appels à l'aide désespérés interférons tout autour d'elle. Les premiers sur place sont en général les polynucléaires. Comme ils sont débordés, ils appellent les macrophages en renfort. Alertés par tout ce raffut, le préfet et le capitaine de la gendarmerie les lymphocytes se pointent, et collent les contrevenants dans le panier à salade à grand coups de lacrymo d'anticorps, avec prise d'empreintes et fichage en vue de futures interventions. Si notre bactérie repointe le bout de son museau antigène dans le secteur, il peut être sûr de voir débarquer immédiatement un car de CRS lymphocytes NK dans les minutes qui suivent. NK c'est pour Natural Killer. A ne pas confondre avec SK (pour Serial Killer), ni DSK (pour Dans Son Ku).
Non Serge, des lymphocytes Natural Killer on a dit.


2. Origines de la vaccination

Pour beaucoup de gens, l'invention du "vaccin" c'est Louis Pasteur. C'est du reste l'histoire qui a été et est toujours popularisée, histoire de faire mousser notre patriotisme latent.

La légende voudrait donc que dans les années 1880, ce brave homme, en collant le nez à son microscope sur l'échantillon de sang d'un malade, se soit rendu compte de la présence de vilaines petites bébêtes microscopiques ("microbes"). Il se serait écrié un truc du style : "Oh bin ça c'est pas banal!" et aurait alors cherché un moyen de tuer les dites bébêtes (l'utilisation intempestive du lance-flamme ayant du coup fortuitement conduit à l'invention de la pasteurisation, ainsi qu'à celle du méchoui lors d'une tentative malheureuse de "vaccination" d'un troupeau de moutons contre le bacille du Charbon).
"Oh bin ça c'est pas banal!"
Grand fan de "Karaté Kid", notre pote Loulou aurait ensuite imaginé de procéder à l'entrainement au combat de Ramón le globule blanc, en le confrontant à une version affaiblie des microbes lui permettant de découvrir leurs combos et cheat codes sans courir de risque. Théorie validée 1885 en "vaccinant" contre la rage un gamin mordu par un chien enragé (notons que ce sale gosse avait probablement été enquiquiner le molosse, et que du coup c'était bien fait pour sa gueule. Mais que voulez-vous, il fallait bien trouver un cobaye...).
Oui, alors je sais : Pasteur vous ne l'imaginiez sans doute pas comme ça. C'est pour la version que j'ai proposé récemment à Hollywood sous forme d'un scénario dans lequel Pasteur est une femme, Louise, avec de gros seins neurones, qui combat une invasion de zombies et de loup-garous avec son lance-flammes et son katana (en lançant sa phrase culte : "Je vais te pasteuriser la tronche, motherfucker!"). Ne riez pas, ils ont bien fait Abraham Lincoln contre les vampires...
 
La légende est belle, mais en réalité l'humanité n'a pas attendu Pasteur (qui n'est du reste pas le premier à avoir vu des microbes dans son microscope, ni à avoir fait le lien avec les symptômes) pour tenter de s'immuniser contre les sales maladies. Le principe d’inoculation ou d'exposition à une forme atténuée de la maladie était déjà connu en Afrique depuis des siècles, et il se dit (bien que ça soit contesté) qu'en orient, Chinois et Indiens connaissaient déjà la variolisation depuis le XIème siècle. Au moyen âge en Europe, il était également connu que lors des épidémies de peste, ceux qui survivaient à la maladie après l'avoir contractée s'en trouvaient immunisés (et du coup, les autorités demandaient amicalement à ces derniers d'être bien urbains, et de bien vouloir ramasser les cadavres avant de filer un coup de balais vu que c'était un peu le bordel ici, merci!).

En réalité les premiers "vaccins" sont référencés dans les annales de la sciences (ça n'est pas sale) à partir des années 1770. Plusieurs personnes tenteront en effet d'immuniser des individus contre la variole en leur inoculant la variole de vache aussi appelée "vaccine" (vacca signifiant vache en latin,c'est là l'origine du nom de "vaccin"... heureusement que vache ne se dit pas tapa...), avec un certain succès semble-t-il. Pasteur est donc l'héritier de théories et d'expérimentation antérieures. Bien sûr, cela n'enlève rien à la valeur de ces travaux qui ont eu le mérite de mettre ce procédé en lumière, de le formaliser et de commencer à en comprendre les mécanismes.


Petite anecdote cocasse au sujet du "fait" le plus connu du grand public dans la carrière de ce biologiste : il n'a jamais été clairement démontré que le petit Joseph Meister, que Pasteur avec vacciné contre la rage, était porteur de la maladie, ni même que le chien qui l'avait mordu était lui-même enragé. Des médecins contemporains de Pasteur avaient d'ailleurs jugé que ce dernier s'avançait beaucoup en prétendant avoir sauvé l'enfant. Tel un vulgaire ministre qui s'invente des diplômes sur son CV, Pasteur aurait donc peut être un peu exagéré ses succès. Un commentaire monsieur Pasteur?
"J'ai découvert l'existence de ce "Joseph Meister" dans la presse, comme vous. C'est de l'acharnement judiciaire!"

3. Principe d'un vaccin

Quand on veut vous vulgariser la chose (que ce terme porte bien son nom parfois...), on vous explique comme à des neuneus, qu'un vaccin est fabriqué à partir du microbe lui-même. Ce micorbe, on l'a passé à tabac avec un annuaire pour qu'il soit tout mou et tout coopératif, et on ajoute parfois des adjuvants pour renforcer la réponse immunitaire (les champignons tasers, lacrymo et flashball donc). On colle ensuite tout ça (microbe, annuaire, taser, etc...) dans une seringue qu'on vous plante dans le croupion : direction la circulation sanguine ou les tissus. Là, inévitablement Ramón va finir par lui tomber dessus et comprendre que c'est une racaille (la présence de l'annuaire certainement). Il va alors le finir à coup de lacrymo avant de prendre ses empreintes et de le ficher en vue de futures interpellations.

Oui, Ramón se lâche un peu sur les anticorps là quand même... on voit bien que les pauvres microbes sont déjà hors d'état de nuire.

Bon, ça c'était globalement vrai jusque dans le milieu du XXème siècle, parce qu'on ne savait stimuler la réponse immunitaire du corps autrement qu'avec l'agent pathogène de la maladie lui-même. Mais ça n'allait pas sans poser certains problèmes parfois. Ainsi, avec certains vaccins à germes vivants, il y a parfois eu des incidents : les germes retrouvaient leur virulence et provoquaient alors la maladie contre laquelle ils étaient censés immuniser (ex : vaccin anti poliomyélitique dans les années 50). Dans d'autres cas, des cultures cellulaires ont été infectées par un autre virus, introduisant une maladie (différente) en plus du vaccin lui-même.

Du coup, les laboratoires ont commencé à produire des vaccins ne contenant que des bouts de virus et de bactéries, ce qu'on appelle les antigènes spécifiques. Grosso modo, au lieu de filer à Ramón directement le suspect pieds et poings liés pour qu'il prenne ses empreintes et le tabasse un peu pour s'échauffer, on diffuse un fichier avec les empreintes et la photo du suspect pour que Ramón le choppe si jamais il le croise dans la rue, et qu'il lui meule la face dans la cellule de dégrisement (avant de se rendre compte qu'il s'est gourré de suspect et que l'IGPN intervienne).
Le risque, c'est d'attirer les chasseurs de prime antibiotiques, qui eux, ne font pas dans le détail.


Mais comme ça semble un peu moins efficace (Ramón est un peu flemmard apparemment, il n'aime pas trop travailler d'après photo, il préfère un vieux flag'), on motive le système immunitaire avec des adjuvants. En gros on file à Ramón un pack de bière, un rail de coke, un fix de LSD, un best of des discours de Marine, et une photo de Kevin en train de se faire sa femme, de sorte qu'il ressente une furieuse envie de lui faire avaler son extrait de mitose en lui collant sa bombe lacrymo dans le trou de balle. Le gros soucis, c'est qu'il arrive parfois que sous l'effet du LSD et de la bière, Ramón pète un câble et se mette à faire un carton autour de lui avec son arme de service : on parle de maladie auto-immune. Tout l'enjeu est donc de savoir si le jeu (abaisser le taux de criminalité en collant Kevin au trou directement) vaut la chandelle (le risque de voir Ramón tourner maboul et flinguer tout le commissariat). Les uns disent que oui : les pro-vaccins qui estiment que le risque de pétage de plomb de Ramón est très faible compte tenu de son efficacité accrue sous l'effet du LSD. Les autres jugent que non, partant du principe qu'on peut, dans la plupart des cas, se débarrasser de Kevin en lui collant des TIG ou un bracelet électronique, alors que Ramón, super entrainé, est pratiquement impossible à stopper s'il vire parano.

Sur ce , je me rend compte que cet article est déjà bien assez long, et je vous dis : à la prochaine!


Epilogue

Je venais d'éteindre l'écran de l'ordinateur. Le ronronnement discret du ventilateur de l'alimentation était à peine audible dans la pénombre du bureau assoupi, couvert par les grattements du chat dans la litière. Je m’apprêtais à éteindre les dernières lumières pour monter me coucher, lorsque la sonnerie du téléphone me dit sursauter. Qui pouvait bien commettre la folie de m'appeler à cette heure tardive?
–Allo! décrochai-je, un peu énervé.
–Monsieur Papa Hérisson? me répondit une voix rauque.
–Paul Bismuth? Qu'est-ce qui vous prend de m'appeler à cette heure indue?
–Mais... comment avez-vous su que c'était moi? dit-il en reprenant son timbre normal.
–J'ai reconnu votre imitation foireuse de Barry White sous hélium. Qu'est-ce que vous me voulez?
–Je... Votre article. Vous n'allez quand même pas vous arrêter là? Vous avez à peine effleuré la polémique sur les vaccins!!!
–Du calme...
–Que je me CALME!??? Alors que tu te contentes de pondre une BLUETTE sur un sujet aussi sérieux!???
–Déjà vous allez me parler meilleur, on n'a pas distribué des claques qui se perdent ensemble. Le vouvoiement est de rigueur sinon, c'est direction mon grenier.
Capito? Ensuite, sachez que cette article n'est que le premier d'une trilogie, qui devrait logiquement couvrir le sujet de façon à peu près exhaustive. Alors mollo!
–Ah. Euh... je... je suis déso...
–Et puis franchement, vous ne devriez pas m'appeler du boulot. Surtout en vous énervant comme ça, vous aller faire peur aux clients du Sexshop.
–Hein? Mais comment savez-vous que je suis au boulot?
–J'entends vibrer un p'tit canard derrière vous.
–#tuuuût#
Vrrrrrrr
 


La suite : ici

18 commentaires:

  1. Bon, maintenant je suis sûr que tu es fou. Mais un fou qui se documente méchant et qui me fait rire beaucoup. Vivement la suite.

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    1. en tout cas PAF, je te remercie infiniment de nous avoir recommandé cet article, je viens de me payer une bonne tranche de rire (tout en m'instruisant) et ça y est, j'ai choppé le virus ! A quand la suite Papa Hérisson ?

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    2. Comme je le dis souvent : c'est pas parce que je dis des bêtises qu'il faut raconter des conneries ;)

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    3. @Anonyme
      La suite en fin de semaine prochaine si tout va bien. On devrait parler maladies.

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    4. Pareil ! Merci Paf !
      Et merci Papa Hérisson !

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  2. Wow tu es un grand malade... et je crains qu'il n'y ait pas de vaccin contre cette maladie là ! A très vite donc pour la suite.

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    1. Je l'ai déjà dit récemment : je suis pas tout seul dans ma tête, mais c'est moi le chef ;)

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  3. J'en suis resté à la 1e ligne sur "le système immunitaire"...
    Je lirai ce soir le reste.
    Parce qu'un poulet rôti vient d'entrer dans mon champ de vision, et on ne résiste pas à un poulet rôti !
    Mais avant de me précipiter sur la bestiole (de toute façon bouillante), je déposerai mon grain de sel ... un petit témoignage qui va dans le sens "la derière fois que je me suis fait vacciné, j'ai été malade".
    Bin, oui, je l'avoue. J'ai cédé à une femme... C'était il y a déjà bien des années. Avant de savoir ce que je sais. Une jeune toubib arrive dans mon village. Alors que j'y vais pour tout-à-fait autre chose (me rappelle plus quoi), madame la jeune toubib me propose la totale : visite complète, dossier médical (pas encore informatisé à l'époque), et rappel de vaccin... Bon, des rappels, je n'en avais pas à faire... Logique, je n'avais aucun dossier médical qui aurait pu mentionner un éventuel vaccin jusqu'alors, ... alors, des rappels de vaccins non faits (et non inscrits), c'est difficile. Qu'à cela ne tienne, madame la jeune toubib, la bouche en cœur, me propose un vaccin anti-grippe. Et moi, comme un con, j'accepte.
    Résultat : deux grosses "grippes" (sais pas si c'était de la vraie grippe, mais les symptômes y étaient) d'affilée durant les trois semaines qui ont suivi !!!
    Plus jamais de vaccin contre la grippe pour moi !
    Entretemps, durant mes cours de naturo, j'ai eu l'occasion d'en apprendre un peu pluche sur la vaccination. Pas vraiment utile, et parfois (voire souvent) dangereuse... Alors, finalement, je reste sur mes positions : je préfère prendre le risque de choper une maladie contre laquelle il existe un vaccin que d me faire injecter un vaccin qui risque lui aussi de me faire choper une maladie (pas toujours la même)...
    Bon, je file : j'entends le poulet pleurer toutes les larmes (de beurre et d'huile) de son corps, et hurler que je l'oublie...

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    1. Etant bien entendu que ça n'a pas de valeur statistique, et que corrélation (temporelle en l'occurrence) n'est pas lien de cause à effet, j'ai dû me faire vacciner à trois reprises contre la grippe. A chaque fois j'ai été malade comme un chien dans les jours suivants. J'ignore si le vaccin en est la cause, où s'il n'a juste pas rempli son rôle, mais depuis j'ai laissé tomber.

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  4. Bonjour Papa Hérisson

    Je suis Auxerroise. Bien que je ne connaisse pas ce couple, je suis toujours touchée et me sens concernée quand quelque chose se passe chez moi ou pas très loin. Les disparues de l'Yonne, Géraldine Géraud et Katia Lherbier...
    En avril 2012, pour des stages à faire en crèche, j'ai du passer par la case doc pour quelques vaccins - dont je me souviens plus les noms à par celui pour la coqueluche. Déjà, quand j'y suis allée, le médecin était pas très chaud pour me les faire... ça l'embêtait...pour lui le fait que j'avais été vaccinée plus jeune était bien suffisant. Mais comme j'étais obligée pour les stages... En septembre, je me trouve un stage pour janvier 2013. Mais la directrice de crèche s'aperçoit que j'aie pas eu le rappel de fait. Après la première injection en avril, il aurait fallut que j'en fasse une autre quelques temps plus tard.Le médecin s'était bien garder de me le dire... du coup je prends rdv avec le médecin de ma mère, doctoresse qui elle aussi était pas très emballée par le fait de faire un vaccin rappel - ça a était source de beaucoup de questionnements, parce que des médecins qui sont pas chauds pour vacciner, ça questionne.
    En janvier 2013 j'attaque le stage. Le lundi de la seconde semaine je ne vais pas en stage - j'étais malade - mais chez le médecin. Et beh je te le donne en mille ! j'avais une toux de coqueluche ! J'ignore si c'est parce que je n'avais pas fait le rappel dans les temps ou si c'est parce qu'un petit me l'a refilé - en octobre et décembre 2012 j'étais en stage dans une autre crèche et j'avais fait ce rappel qu'en septembre. Ou si le vaccin était inefficace...
    Concernant la grippe, je ne me suis jamais faite vacciner, ma mère oui. Elle l'a eu deux fois. Et jamais aucuns symptômes après, ni malade.
    Voilà ! c'était le moment Vis ma vie ^^

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    1. Certains vaccins à germe entier peuvent parfois provoquer des symptômes ressemblant à ceux de la maladie contre laquelle ils immunisent, voire déclencher celle-ci pour peu que le germe se réactive (il y a eu des cas référencés).
      Toutefois, le vaccin anticoquelucheux n'en fait à priori pas partie si je m'en tient à la littérature scientifique que j'ai consulté : la version du vaccin à germe entier est réputé avoir certains effets secondaires, mais pas ceux-là. Pas plus que le vaccin acellulaire qui l'a remplacé. Néanmoins, ce dernier est préparé à partir de souches Bordetella Pertussis, qui n'immunisent pas contre la souche Bordetella Parapertussis provoquant des symptômes semblables. En toute logique, cette dernière souche tend à se développer et du coup à être favorisée par l'utilisation massive du vaccin. Les personnes vaccinées n'étant bien sur pas plus immunisées que les autre contre les bacilles paracoquelucheux. Too bad...

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    2. Merci bien pour cette éclaircissement. Une petite info, je viens de lire sur mon programme TV que le 24 octobre, à 22h25, passe un doc inédit La vaccination : un enjeu de santé publique, sur Arte.

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    3. Ah? Je vais le noter dans mes tablettes alors, mais le replay sera mon ami faute d'avoir la télé :)

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  5. Super article, qui pourrait faire un joli cours d'intro sur le système immunitaire auprès de jeunes IUTiens récalcitrants... Malgré tout, et à cause de mon statut de microbiologiste confirmée, je resterai pro-vaccination. Cependant, je crois qu'il n'est pas indispensables, voire pas nécessaire, de se faire vacciner contre des maladies qu'on a jamais et qui ne sont pas "à risque" comme on dit dans le jargon, pour nous. Le vaccin contre la coqueluche, par exemple, si t'es adulte et que tu n'es JAMAIS au contact d'enfants, tu t'en fous un peu. Pareil pour la grippe quand t'as 25 ans, une santé de fer et que t'as jamais eu la grippe de ta vie. Ceci étant dit, ce qui a tendance à me faire sortir de mes gonds (et parfois, je l'avoue, à devenir dogmatique, c'est moche) quand je lis certains discours "anti", c'est la mise de tous les vaccins dans le même sac. Je regrette, mais le vaccin contre la polio (pas le vivant, hein, l'autre), à quand même permis la quasi-éradication de la maladie. Le BCG, qui aujourd'hui n'est plus obligatoire, a permis de tenir la tuberculose à distance pendant plusieurs dizaines d'années (et comme il n'est plus obligatoire, d'ailleurs, la maladie revient de + en +...). Et on ne parlera même pas du vaccin contre le tétanos, indispensable s'il en est. Voilà, clairement, qu'on vienne me dire que le vaccin contre la grippe est inutile voire rend malade, OK, mais il y a d'autres vaccins, franchement nécessaires (voire obligatoires quand on vit dans une grande ville, avec une population cosmopolite et bcp de trafic de populations) et ceux-là, c'est dommage de les mettre dans le même sac, car le pequenot de base qui ne lit pas entre les lignes et qui se convainc (en lisant les commentaires FB du parisien, par exemple) qu'il ne faut pas faire vacciner ses enfants, bin celui-là, il permet à la maladie de se répandre, de progresser... et c'est un peu con, au regard de la quantité de temps et de moyens qui sont engagés chaque année dans la recherche contre ces maladies (hors labos pharma, hein, là je parle juste de la recherche publique). Je rajouterai ceci : il faut savoir raison garder et regarde les choses dans son ensemble. Quand 3 ou 4 personnes, ayant déjà des cas de maladies auto-immunes dans leurs familles, déclarent une SEP suite à un vaccin anti-hépatite B, cela n'enlève rien à l'efficacité du vaccin, ni à la quantité de personnes que ce vaccin à sauvé (bien + que 3 ou 4, du coup).

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    1. Sur le fond, nous sommes parfaitement d'accords : mettre tous les vaccins dans le même sac est idiot. Tu noteras d'ailleurs que je n'indique nulle part dans cette note que je rejette le principe de la vaccination (ce qui serait complètement absurde), puisque ce principe même repose sur le fonctionnement de notre système immunitaire : l'exposition à une maladie permet de s'immuniser à celle-ci.
      Dans ce premier billet, je me contentais de (re)poser quelques bases sur le système immunitaire et le principe de la vaccination, car tout le monde n'a pas nécessairement ces bases, et que c'est fort dommage pour avoir un avis éclairé sur la question.
      Si j'égratigne légèrement certaines idées reçues (aussi bien de la part des pour que des contre) au passage, je n'ai pas pris parti ;)

      Petite question par contre (ça n'est pas une question piège, je m'adresse à la microbiologiste que tu es, ce qui n'est pas mon cas) : tu évoques le cas du Tétanos. Nous sommes d'accord, c'est une sale maladie contre laquelle il est souhaitable de se prémunir, mais, si je me fie à la littérature scientifique, c'est une maladie non immunisante (pour les autres lecteurs : l'avoir attrapé une fois, n'empêche pas de la contracter à nouveau). Du coup sur quel principe repose le vaccin au juste dans le cas présent?
      J'ajoute que si je me fie à mes recherches, plusieurs études montrent que le vaccin antitétanique est loin d'assurer une protection efficace (je peux fournir les sources si besoin)... en cas de doute quand à une éventuelle infection par le tétanos d'ailleurs, les hôpitaux injectent systématiquement le sérum de soin, que la personne soit vaccinée ou non.

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  6. Concernant le tetanos : Cette maladie est causée par une bactérie, Clostridium tetani (cousine de C. botulinum, agent du botulisme et dont on tire le botox). Le fait d'être infecté par cette bactérie n'est effectivement pas immunisant en soi, car la bactérie se multiplie trop peu pour représenter une menace suffisante pour le système immunitaire (en gros). Cependant, ce qui est gênant dans l'infection à C. tetani, ce n'est pas vraiment la bactérie en elle-même, mais la neurotoxine qu'elle produit (en très grande quantité) et qui est responsable des tétanies. Le principe du vaccin repose donc sur l'action de cette toxine : le vaccin contient une anatoxine, c'est à dire l'équivalent de la toxine, mais en non toxique (j'espère que je suis claire?). Donc suite au vaccin, la personne verra son système nerveux sensibilisé à l'action de la toxine (ce qui minimiserait grandement les effets de la toxine si cette personne devait quand même être infectée), et son système immunitaire renseigné quant à la tronche de la toxine en question, ce qui lui permettrait de la repérer et de la détruire en cas de besoin. Le problème, c'est que les fiches de renseignement des toxines sont moins solides que celles des microorganismes, et c'est pour cela que le rappel doit être fait tous les 10 ans. Quant aux hôpitaux qui injectent systématiquement le sérum de soin, c'est un peu le même principe que pour la rubéole chez les femmes enceintes : Personne ne réagit aux vaccins de la même manière, et c'est pourquoi justement au nom du principe de précaution (et parce que, contrairement aux femmes enceintes, il n'y a pas le temps, souvent, de faire la prise de sang et de doser les anticorps pour quantifier l'immunisation), on vaccine en préventif... J'espère avoir été claire! Et c'est agréable pour une fois de voir un article clair et bien expliqué, sans prise de parti particulière!

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    1. Je comprend mieux... je connaissais le principe de la maladie (bacille qui fait des toxines touça touça... de vieilles réminiscences de cours de bio. Ou de "Il était une fois la vie" peut être), mais j'ignorais que le vaccin ciblait la toxine et non le bacille. Pour autant, j'ajouterai que les hôpitaux ont sans doute raison d'injecter le sérum sans même prendre le temps de doser les anticorps spécifiques, car des études semblent montrer que même chez des personnes dont le taux d'anticorps est au delà du taux considéré comme protecteur, la maladie parvient parfois à se développer (à priori, ce problème serait susceptible de survenir tout de même chez environ 12% d'une population correctement vaccinée). Donc en l’occurrence, un dosage considéré comme bon, ne serait pas la garantie d'une protection efficace de toutes façons.
      Enfin, quoi qu'il en soit, cela montre que chaque maladie, chaque vaccin a ses spécificités, et qu'il est dangereux de généraliser ^^

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    2. c'est en fait tout le paradoxe de la vaccination... elle prévient l'apparition de la maladie autant que le fait de se chopper la maladie en vrai (sauf que dans 99% des cas, le vaccin ne donne pas de symptômes, hein!)... Mais c'est quand même possible de tomber malade! (exemple avec la varicelle : la plupart du temps, quand on l'a eu (ou quand on est vacciné), c'est bon... sauf qu'il arrive, dans 9% des cas je crois, que la personne déjà immunisée puisse développer un zona, ou même une 2e varicelle...) Cependant, les vaccins ont ceci d'efficace malgré tout que même si on attrape la maladie, ses effets seront moindres car notre corps ne sera pas (complètement) pris au dépourvu. Donc si on allie les vaccins à une bonne hygiène de vie/alimentation, normalement c'est OK.

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