lundi 20 octobre 2014

Walking scared : l'invasion des maux des vivants

Prologue

C'était arrivé insidieusement, sans que l'on se rende compte vraiment du moment ou tout avait basculé. Certains nous avaient averti du danger... on les avait traité de fous. Et pourtant... Au début, il n'y avait eu que quelques cas... mais ils s'étaient vite multipliés. Dépourvus de la moindre intelligence, leur propagation était quasi virale. N'importe qui pouvait être touché : de simples inconnus, des voisins, des proches même, nul n'était à l'abri. Votre meilleur ami pouvait soudain succomber à son tour, propageant la terreur à son tour : l'invasion avait commencé, et on ne pourrait plus l'arrêter.

Comme on le voit, la progression est implacable...

–Tu... tu vas sortir??! Tu n'as pas peur de la contagion?
–Je sais oui. Mais... il faut bien qu'on mange! On ne tiendra pas éternellement sur nos réserves!
–Je le sais bien mais... ils sont partout, ils sont si nombreux... On les voit passer parfois, le regard vide, la tête penchée, la démarche erratique! Tu ne peux pas prendre le risque de laisser entrer ça chez nous!
–Je serai prudent, t'inquiète, ils ne m'auront pas! Tu me connais, je sais me défendre : je ne suis pas décérébré moi! Au pire, j'ai une pelle dans le coffre de la voiture, ah ah ah!
Maman Koala esquissa un sourire forcé qui peinait à masquer son inquiétude. Je l'embrassai, la serrai dans mes bras, et sorti en refermant consciencieusement derrière moi.
Toujours viser la tête : c'est là que se trouve le problème.

 A cet instant, un bruit dans la rue me fit sursauter. Une silhouette vaguement humanoïde, vacillante s'avançait avec difficulté. Elle émit une sorte de grognement, puis une espèce de râle inhumain, tandis que des fluides non identifiés se répandaient au sol. S'approchant de moi, la créature au regard vitreux agita sa main dans ma direction. J'étais pétrifié, trop tard pour lui échapper :

–Teuheu... teuheu... *xnirf*... Rhaaa, fichue grippe, articula péniblement mon voisin. Ça va la petite famille? *xnirf*
–Ça va, ça va, enfin mieux que vous apparemment, répondis-je.
L'homme étouffa un éternuement dans son mouchoir.
–*xnirf* Rhaaa oui, m'en parlez pas ce fichu vaccin contre la grippe n'a pas marché *teuheu* Je suis malade comme un chien.
–Moui... vous feriez mieux de vous mettre au chaud dans votre lit et de vous reposer.
–*teuheu* C'est ce que je vais faire, je reviens de la pharmacie avec mes médocs. Allez, bonne journée! *Reuuuu, teuheu*


Le voisin s'éloignait d'un pas chancelant, mais une autre silhouette venait d'entrer dans mon champ de vision : tête penchée, démarche mécanique, regard vide... c'était l'un d'entre eux à l'évidence. Il s'agissait de Kevin, le fils d'un autre voisin. Peste soit de cette maudite épidémie! Marchant tel un zombie, l'esprit ailleurs et les doigts pianotant frénétiquement sur son smartphone,  il me croisa sans même me jeter un regard, occupé à Touïter je ne sais quelle futilité. Un lolcat dans le meilleur des cas. Ouf!

M'enfermant dans l'habitacle de ma voiture, je nettoyai immédiatement mes mains à l'aide d'un gel hydroalcoolique : dérisoire barrière contre les nombreux germes omniprésents en cette saison. Insérant la clé de contact, j'allumai le moteur. Immédiatement, l'autoradio se mis à crachoter :
 

#... nistre de la santé : un premier cas suspect du virus en France. Dans quelques minutes, nous allons poser la question à notre spécialiste santé, Jean-Daniel Faipachier : est-ce qu'on va tous crever? En tout cas, la jeune femme suspectée d'être atteinte du virus Ebol...#

Je coupai précipitamment le son! C'était limite : j'avais été négligent, imprudent, j'avais failli être atteint. Contaminé moi aussi par la psychose ambiante, aussi stupide qu'irrationnelle, qui s'était emparée des médias au sujet du virus Ebola. Déjà, on voyait partout ces abrutis marchant le regard vide et la tête penchée sur leur smartphone, en train de multiplier les Touïtes répandant leur trouille dans le monde entier. Se demandant si Ebola n'était pas le virus de la fin du monde
, en émettant des petits bruits de pets liquides. Et pourquoi pas le prélude à une apocalypse zombie pendant qu'on y était? Rhaaaa! Heureusement que la frousse n'est pas vecteur de contagion : la moitié de la population mondiale y serait déjà passé. Je changeai la station de radio pour passer sur Mélancolie FM. Un peu de musique de vieux l'ancienne génération me changera les idées.

#...♫♪ Je suis malaaaaaadeuh... complètement malaaaaaaadeuh♪♫...#


Et merde.


Et oui, comme le montre donc la carte un peu plus haut : les Touïtes® paniqués au sujet d'Ebola (et plus généralement de toute épidémie plus ou moins médiatique) progressent considérablement plus vite que la maladie elle-même. Songez qu'on n'a même pas encore un seul cas autochtone en France à l'heure où j'écris ces lignes. Il est donc prouvé que la connerie est contagieuse, et que son vecteur est Touïteur®. Soyons clairs :  je ne dis pas qu'Ebola n'est pas dangereux hein, juste que pour le moment la maladie est circonscrite à une certaine région du monde, dans laquelle il a fait moins de morts que les accidents de la route ou le tabac dans notre pays. Du reste, les conditions de soins, de vie, de santé, de contrôle de la contamination (etc...) ne sont pas les mêmes. Mais que voulez-vous : les maladies font peur, car on ne comprend pas comment elles tuent, comment elles se transmettent. La plupart des gens ignore comment elles fonctionnent. Heureusement, papa Hérisson est là pour partager son ignorance ses recherches son savoir avec vous.

La dernière fois on a causé système immunitaire (souvenez-vous : Ramón et son escouade de la BAC). Mais dans le cadre de ce dossier "vaccins", il va bien falloir qu'on s'intéresse aussi à la racine du mal : la maladie elle-même. Ce qui tombe fort bien puisqu'une nouvelle fois, l'actualité me rattrape, tel le curé avec l'enfant de cœur.

Et là encore comme vous allez vous en rendre compte, le sujet est vaste. Alors oui, je sais on va encore me reprocher d'en écrire une tartine, et je vous l'accorde : le dernier billet était touffu (et celui-ci ne le sera guère moins). Mais soyons honnête : si j'ai tendance à écrire au kilomètre, ramené à une version imprimée mon texte n'était guère épais.

Je vous laisse méditer ce subtil calembour.






Fin de la récréation.

Bon, quand on parle de maladie, on pense tout de suite "microbe" basiquement. Ou cancer si on lit doctissimaux. A la limite, si on a retenu quelques notions de ses cours de SVT au collège/lycée, on se souviendra vaguement de trucs comme "bactérie" ou "virus", mais tout ça n'est pas forcément bien clair. Je vais donc essayer d'y remédier.

Alors bon, on ne va pas faire un résumé de chaque maladie existante, y a pas écrit "wikipédia" (ni doctissimaux) dans l'intitulé de ce magnifique blog :
  1. mon but n'est pas de faire ici un manuel de médecine, juste de poser certaines bases utiles
  2. sinon on va encore me reprocher de faire trop long
Et je vais essayer de ne pas dire trop de bêtises, car apparemment je suis lu (aussi) par des biologistes, des microbiologistes, des naturopathes (comme maman Koala par exemple).

    Préambule liminaire (mais indispensable) : les cellules

    Bon, déjà, il va falloir que je pose certaines bases : tout organisme vivant complexe (oui, même le vôtre sera qualifié de complexe, bien que vous regardiez parfois TF1) est composé d'un assemblage de cellules. Mais c'est quoi au juste une "cellule" ? Celui qui vient de me répondre que c'est l'endroit où on met les criminels vient de perdre son droit à la qualification de complexe.

    Et bien si vous étiez un Légo par exemple, la cellule représenterait la petite brique de base servant à fabriquer votre corps.

    Il en existe de différentes sortes, avec différentes fonctions, comme les meubles en kit de marque Iaveka™.
    Bon, évidemment, chez certains on se rend compte que la notice de montage a été mal traduite hein...
    Il y a un carton d'emballage une membrane, les morceaux de meuble le cytoplasme,la notice de montage en français traduit du suédois par Gogole™ Translator l'ADN. Si les meubles cellules sont de modèle Prokariöt Procaryote, la notice est en vrac dans la boite et les clés de montage sont rarement fournies l'ADN est libre dans le cytoplasme qui ne contient généralement aucun organite. Si c'est un modèle Eukariöt Eucaryote, plus cher, la notice de montage est placée dans un sachet et la clé de montage est fournie ainsi que des vis en rab' l'ADN est à l'abri dans un noyau et le cytoplasme contient aussi des organites tels que les mitochondries. Dans votre organisme, ce sont des cellules eucaryotes, parce que vous le valez bien.

    Ces cellules sont un peu comme vous : elles vivent, se reproduisent (par mitose, c'est à dire en se divisant), et meurent (on appelle ça l'apoptose).
    Et ainsi de suite...

     Ces bases étant posées, entrons dans le vif du sujet avec...



    1. Les bactéries


    Ce sont aussi des meubles Iaveka® cellules. Assez semblables à celle de votre organisme en fait, sauf que les vôtres sont des modèles de luxe Eukariöt eucaryotes, alors que les bactéries sont plutôt des cellules low cost Prokariöt procaryotes.

    Tout comme vos propres cellules, les chômeurs de Paul Emploi, ou les affaires judiciaires dans l'entourage de Nicolas Sarkozy, les bactéries se multiplient donc par mitose. Il existe grosso modo deux grandes familles de bactéries selon le design choisi :

    ►en forme de testiboule d'abat-jour modèle Etwøalnwår, ce sont des "Coques" (streptocoquesstaphylocoquescoques à cola, etc...)
    ♫ Rond comme un ballon, et plus jaune qu'un citron...♪
    ►en forme de bibite lampe de chevet modèle Røkøsifredï, ce sont les "bacilles" (bacille de Yersindu charbonde Kochprise de la bacille, etc...)
    Un objet de goût.

    La grosse majorité des bactéries est sans danger (non pathogène). La plupart d'entre elles n'a d'ailleurs pas d’interactions particulières avec l'homme. Beaucoup d'autres interagissent, mais sont toutefois parfaitement intégrées à l'organisme humain. En effet, tel le brave travailleur immigré qui bosse comme éboueur, beaucoup de bactéries vivent en parfaite harmonie avec notre corps et son système policier immunitaire au sein du système digestif. Elles bossent dur, font 2,1 millions d'enfants, produisent de la richesse des vitamines, des micro-nutriments et de l'énergie, paient leurs impôts soutiennent activement le système immunitaire, et nettoient les ordures dégradent certains aliments non digestibles en vue de leur évacuation par le rectum. Notons tout de même qu'il peut arriver que certaines de ces bactéries (mal intégrées certainement), se mettent à dealer du shit, à rouler en Mercedes et à foutre la zone se multiplier de façon anarchique et deviennent pathogènes, comme par exemple Escherichia coli. Ces bactéries appartiennent au microbiote intestinal. On parle aussi de flore intestinale.

    Oui, la flore, pas la faune. Non les bactéries ne sont pas des végétaux mais bien des animaux. Mais les biologistes sont de grands déconneurs : ça c'est un peu l'équivalent en biologie de cette blague tordante au sujet du fou qui repeint son plafond.

    Ce microbiote intestinal est loin d'être anecdotique : il contient plus de bactéries que notre corps n'a de cellules, avec une variété de souches phénoménale. D'après de récentes études, son rôle est essentiel dans le système immunitaire. En outre, ce microbiote semble avoir des échanges privilégiés avec le système nerveux entérique. Késako me direz-vous? Et bien, sachez que des neurones (cellules du cerveau... les cellules qui cogitent quoi) on n'en trouve pas que dans le cerveau justement, mais aussi un bon paquet au niveau du système digestif, histoire de gérer ce joyeux bordel qu'est la digestion. A titre de comparaison, on estime à 200 millions le nombre de neurones de cette zone (à peine 1000 fois moins que le cerveau humain, et équivalent à celui d'un chat par exemple).

    Et ce "deuxième cerveau" semble jouer un rôle non négligeable dans la production de certains neurotransmetteurs (l'équivalent de Touïteur® pour vos neurones) tels que la sérotonine (qui joue un rôle clé dans les émotions telles que la peur, la colère, l'angoisse, le stress...). Or des expériences menées sur des souris montrent que l'échange de leurs microbiotes influe sur leurs réactions face au stress et donc sur certaines de leur capacités. L'expression "en avoir dans les tripes" prend donc un tout autre sens...

    Du coup, la diversité des bactéries de la flore intestinale (et leur état de santé) peut jouer sur certains états émotionnels, mais également sur l'apparition de certaines maladies telles que l'asthme. Oui, oui, on parle bien des minuscules bestioles qu'on a dans le colon, celles qui pataugent à longueur de journée dans la m... Bref, c'est donc bien dans le besoin qu'on reconnait ses amis.
    Et bin on n'est pas dans la merde...

    A titre d'information messieurs, aucune étude ne prouve à ce jour que vous avez des neurones au niveau de la kikoutte. Donc si vous pouviez cesser de penser avec votre b... ça serait pas mal.


    Revenons à nos moutons. Une bactérie pathogène par contre, c'est un peu comme un milliardaire étranger sans scrupule, qui méprise les normes environnementales, et le code du travail. Elle installe une succursale dans l'organisme, capte une partie des subventions publiques nutriments, multiplie ses usines polluantes colonies (au détriment de son voisinage) et s’essuie les pieds sur le code du travail oblige les organes à travailler dans des conditions déplorables.
    Ces bactéries nuisent à l'organisme de plusieurs façons :
    ►elles privent vos cellules d'une partie de leurs sources de revenus en pratiquant le dumping social nutriments
    ►elles font de la déforestation et détruisent des bâtiments classés au patrimoine émettent parfois des substances lytiques qui endommagent les tissus (pour faire de la place et se balader où elles veulent)
    ►elles polluent l'environnement en émettant un rire sardonique et en pissant à la raie des lois environnementales libèrent souvent des toxines qui nuisent, parfois gravement, à l'organisme (ex : toxine tétanique, toxine botulique, toxine diphtérique, ...)
    "Oh c'est bon hein... ces connards d'écolos de globules blancs ne vont pas nous casser les couilles antigènes pour quelques toxines!"
    Toutes les bactéries portent sur leur membrane des badges professionnels antigènes assez spécifiques, qui permettent de les identifier et de les caractériser. Du coup, le but des vaccins est de tenter de filer à vos défenses immunitaires les infos sur ces badges antigènes, pour que les bactéries soient ciblées par la brigade financière par Ramón dès leur arrivée.

    Notons que les bactéries sont généralement sensibles aux fameuses class action (actions groupées en justice) qui les font cracher au bassinet fameux antibiotiques (anti = anti + bio = vie, donc ► anti-vie), qui permettent de les tuer ou de les affaiblir. Mais primo, les antibiotiques c'est pas automatique c'est un peu comme les milices d'extrême droite : ça ne s'attaque pas qu'aux racailles des cités, ça tue aussi les braves bactéries honnêtes et bien intégrées à votre tube digestif, ce qui est vaguement fâcheux tant ces bactéries là sont bien utiles. Et secundo, les racailles, elles, sont de plus en plus résistantes à ces antibiotiques justement, ce qui fait que ça revient à pisser dans un violon.
    T'es sous antibiotique? Non? Bon bin t'es pas malade.
    Face au développement de souches bactériennes multirésistantes aux antibiotiques, l'une des voies les plus prometteuses est probablement la phagothérapie, mettant en jeu... des virus.



    2. Les virus


    Contrairement aux bactéries, les virus ne sont pas des cellules. En fait, certains biologistes hésitent même à les considérer véritablement comme des êtres vivants, un peu comme Justin Bieber.

    A l'image d'un mauvais bouquin de Bernard Henri Levy livré par Melazon™ dans une enveloppe de papier bulle, les virus sont juste constitués d'un fragment d'ADN ou d'ARN, encapsulé dans une coque de protéines : ce fragment étant juste la notice de montage du virus lui-même. Oui, le virus est du genre égocentrique. Il existe de grandes variétés de virus aux formes diverses : en bouboule, en bibite, en ressort, en module lunaire...
    La grande variété des virus.

    Le virus est un parasite : il ne peut se reproduire seul. Tel le Dom Juan de sites de rencontres, il va draguer de braves cellules sans méfiance lors de speed dating foireux, mettre un peu de GHB dans leur verre, les suivre chez elles, et en profitant de leur état second les mettre en cloque lors d'une étreinte aussi brève que peu romantique, avant de les abandonner là comme des merdes, enceintes et amnésiques. En plein déni de grossesse. Quelques temps après, elles donneront naissance à toute une tripotée de bébé virus avant de mourir (brisée par le chagrin certainement... ou par l'accouchement brutal sur le carrelage de la salle de bain peut être). A leur tour, les bébés virus deviendront de vils séducteurs de site de rencontre, et ainsi de suite...
    Résumé du fonctionnement de Meeto™
    Mais alors... tous les virus sont de gros enfoirés de machos violeurs et coureurs de jupons? Techniquement oui (puisqu'ils ne peuvent se reproduire autrement). Mais tous ne s'attaquent pas aux cellules humaines. Beaucoup de gros enfoirés de machos coureurs de jupons s'attaquent aux cellules animales ou végétales, et uniquement à celles-là. Il peut cependant arriver ponctuellement que certains virus s'attaquent à plusieurs espèces, ou passent d'une espèce à une autre : on pense que c'est le cas d'Ebola, du VIH, ou encore du SV40.

    Et du coup, certains virus ont la particularité d'affecter... les bactéries (qui sont des cellules après tout). On appelle ces virus bactériophages ("mangeurs de bactéries"), ou juste phages. Ces braves phages sont donc très intéressants pour tenter de lutter contre des bactéries pathogènes devenues résistantes aux antibiotiques.

    Intérêt : la phagothérapie (comme on a baptisé cette technique) est peu chère en termes de recherche, et difficilement brevetable (donc libre de droits). De plus si la bactérie s'adapte, le phage fera de même tôt ou tard (évolution conjointe), donc aucun risque de se retrouver, comme pour les antibiotiques, avec un médicament qui ne marche plus. De plus, les phages n'ont pas d'effet secondaire, comme par exemple flinguer les bactéries amies du tube digestif.

    Inconvénient :la phagothérapie (comme on appelle cette technique) est peu chère en termes de recherche, et difficilement brevetable (donc libre de droits). Et du coup les labos ne se précipitent pas pour la développer, vu que ça leur rapportera des clopinettes.
    Virus contre bactérie, que le meilleur gagne.
    Les antibiotiques sont sans effet sur les virus. Il existe bien quelques antiviraux (et antirétroviraux pour les virus à ARN) mais ils sont en général spécifiques, et rarement sans effets secondaires. La meilleure parade contre les virus reste encore de disposer (ou développer) des anticorps spécifiques qui reconnaissent les antigènes se trouvant sur la coquille du virus. C'est ce que propose de faire un vaccin au final. Notons toutefois que même correctement vaccinée (c'est à dire avec des anticorps qui se développent), une personne dont le système immunitaire est affaibli reste vulnérable. Le mieux est donc d'avoir une bonne hygiène de vie (éviter tabac, alcool, drogue, politique, émissions de téléréalité...) et une alimentation saine et variée de sorte que Ramón pète la forme.

    Notez la fourberie de certains virus comme celui du VIH, qui s'attaque justement à ce brave Ramón le lymphocyte T, l'empêchant ainsi de produire ces fameux anticorps, et plus généralement de faire son boulot en maravant les bactéries et les autres virus connus (puisque le lymphocyte T est la mémoire du système immunitaire justement). Un tueur de flic en somme.

    En outre, certains virus sont soupçonnés de provoquer (ou du moins de favoriser) certains cancers. C'est par exemple le cas de certaines souches de papillomavirus humain.



    3. les cancers


    Natifs du deuxième décan, si vous avez Pluton dans la Balance, vous allez douiller. Si si. Ils le disent sur doctissimaux : vous avez un cancer. Ou une leucémie. Oui, avec doctissimaux, même si vos symptômes se résument à une simple diarrhée un lendemain de bringue impliquant de la bouffe chinoise douteuse, de la bière tiède et des poppers : c'est un cancer.

    Le cancer, c'est une maladie où l'ennemi vient de l'intérieur : vos propres cellules se mettent à déconner sévère. Les causes peuvent être variées : mutation spontanée, radiations, substance toxique, virus, etc... Mais le résultat est toujours le même : une cellule tout ce qu'il y a de plus normale, se met à ricaner bêtement et à devenir immortelle. Là logiquement, elle revêt un grand imperméable et brandit une épée à tout bout de champ elle commence à se multiplier comme les trolls sur un Touït de Nadine Morano, bouffant toute la place et les ressources disponibles, jusqu'à ce que l'organisme meure. Ou devienne devienne un manga culte (mais c'est rare).
    Hin hin!

    Ça n'est pas pour rien que le cancer est redouté : il est notoirement difficile à soigner. En temps normal, des cellules cancéreuses apparaissent un peu tout le temps (mutations spontanées, exposition légère à des toxiques divers et variés, lecture de doctissimaux...), et en général, Ramón le globule blanc leur met un Quickening dans la tronche aussi sec. Mais pour peu que Ramón soit un peu faiblard, ou débordé, il peut ne plus faire face. Et les cellules cancéreuses se multiplient alors, pouvant aller jusqu'à essaimer un peu partout dans l'organisme (métastase). Et dans ce cas, ça sent un peu le sapin pour vous. Pour l'instant, les meilleures solutions proposées par la médecine consistent à :
    1. faire une ablation de la tumeur via une opération chirurgicale : on coupe ce qui dépasse. Également baptisée méthode Louis XVI.
    2. effectuer une chimiothérapie : une sorte de blitzkrieg médicamenteux, en mode "terre brûlée", puisque ça zigouille aussi bien les cellules saines que les cellules cancéreuses. J'appelle ça la méthode "Cathare".
    3. faire une radiothérapie : version médicale de l'attaque nucléaire tactique consistant à balancer des radiations sur la tumeur pour zigouiller les cellules cancéreuses. C'est tout à fait sans danger puisqu'il est bien connu que les radiations n'ont absolument pas tendance à induire des cancers. C'est la méthode dite du "Nuclear Winter".
    "On a une nouvelle technique thérapeutique en phase de test là... ça vous tente? Bon, ça va piquer un peu..."

    Bon, il y a bien des pistes de recherches qui existent pour développer des médicaments nouveaux, les cellules cancéreuses ayant certaines caractéristiques particulières. Par exemple, il semblerait que ces cellules n'utilisent plus leur mitochondries (à supposer qu'elles en disposent encore), et qu'elles produisent leur énergie par fermentation au lieu de respirer. Apparemment, certains régimes alimentaires (ou des diètes ciblées) donneraient des résultats intéressants, ou du moins favoriseraient l'effet des thérapies.

    Sinon, vous pouvez toujours tenter de faire appel au professeur Mamadou.
    Si ça se trouve, il soigne ton cancer et fait un défrag' en même temps.


    Epilogue

    #... ♫♪ J'ai la rate qui se dilate, j'ai le foie qu'est pas droit, j'ai le ventre qui se rentre...♪♫...#

    Rhaaaa! C'est un complot... changeons de station...

    #... ♫♪ Saturday night fever...♪♫...#

    On va tous creveeeeeeeeeeeeeeeeeer!






    Le début : ici

    11 commentaires:

    1. Excellent et très bien vulgarisé. Et toujours drôle :) En vrac et dans le désordre :
      Merci pour la phagothérapie, je découvre et ça a l'air idéal (une contre-mesure biologique donc qui peut évoluer quand sa cible change ! ).
      "Alors oui, je sais on va encore me reprocher d'en écrire une tartine". Quoi ? Après un prologue (hilarant) de 4 pages ? Meuh nooon. :D
      Et j'ai adoré la tronche de smiley des cellules.
      Merci :)

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    2. Mais oui, c'est ça : amusant, intéressant, passionnant ! Tes "tartines" se lisent avec intérêt et ne manquent pas de faire sourire.
      Je découvre grâce à toi la phagothérapie. Bravo pour toutes les illustrations et ce contenu si riche.
      Je suis quand même aussi curieuse de "cette blague tordante au sujet du fou qui repeint son plafond."

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      1. Le plus étonnant, c'est que la phagothérapie ne date pas d'hier. Elle est presque aussi ancienne que les antibiotiques. Mais surtout développée dans les pays de l'ex-URSS (l'Ukraine est d'ailleurs toujours en pointe dans le domaine), elle a été peu diffusée en dehors de cette région. Du reste, c'est l'une des rares techniques efficace à l'heure actuelle contre les Staphylocoques dorés multi-résistants, et il arrive d'ailleurs que des médecins français, démunis contre cette bactérie (souvent contractée en milieu hospitalier d'ailleurs) recommandent à leurs patients un voyage en Ukraine, vers le centre de phagothérapie (qui se trouve à Kiev il me semble), dans le but de soigner cette infection.

        Pour l'histoire de la "flore" intestinale, apparemment, ça vient du fait que les premiers biologistes a s'y être intéressés étaient des... botanistes. Voilà voilà...

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    3. Excellent ! Klaire fait Grrr et toi, j'aurais bien aimé vous avoir comme profs !

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      1. J'enseignais la physique, pas la biologie ;)

        Attends que je fasse un article "bêtisier de la science"... y a plein de trucs marrants en physique!

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    4. Merci, j'ai appris plein de trucs. Quand tu dis que tu étais prof, je comprends mieux la qualité de tes sandwiches (y'a plein de couches aux saveurs différentes, je ne pouvais pas dire tartine).

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      1. Et encore, il a fallu que je condense sinon ça devenait franchement indigeste.

        Je crois que le plus intéressant dans mes recherches, ça a été de me rendre compte à quel point cet univers "microbien" est complexe (je n'ai pas dit compliqué) : il y a tant d’interactions subtiles avec l'organisme humain, lui-même passablement plus complexe qu'on ne veut bien le croire, que je suis sidéré de la désinvolture avec laquelle des médecins (pas tous loin de là) et des laboratoires pharmaceutiques envisagent certains traitements sans prendre garde aux conséquences.

        A mon sens, la moindre action médicale "invasive" (opération, médicament, vaccination...) ne devrait être envisagée qu'avec beaucoup de prudence et de modestie. La campagne actuelle visant à augmenter la couverture vaccinale (ça veut dire quoi au juste d'ailleurs? c'est un concours de kikounette?) en déléguant aux pharmaciens l'habilitation à injecter un vaccin me semble franchement aller dans le mauvais sens : celui d'une mercantilisation stupide de la médecine. C'est pas d'épicerie qu'on parle bon sang! C'est de médicaments! D'effets secondaires potentiels, parfois non négligeables! Enfin bon bref, j'y reviendrai plus longuement dans le troisième opus sur ce sujet là...

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    5. Attention papa hérisson : plusieurs blogueurs ont du fermer leur blog pour cause d utilisation de termes ridicules dont kikoutte fait partie.

      Mis à part ce dérapage, très intéressant et très drôle (je ne me lasse pas des jeux de mots foireux)

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    6. "des cellules eucaryotes"
      De la famille de Judas ?

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