mercredi 25 février 2015

Quasiment royal

Prologue

Une affiche qui envoie du rêve

La nuit tombais,mon Aston-Martin ma Citregeot Saxensix était garée sur le parking du Casino. M m'avait dit de me méfier : cette mission comportait des risques. Le premier d'entre eux était la nécessité de pénétrer au cœur même du dispositif afin de collecter un maximum de preuves. L'endroit, lieu de débauche légale comme on en voit beaucoup trop, était anodin en apparence. La grande arche dorée et tape-à-l’œil surmontait l'entrée de cet établissement qui avait pignon sur rue. La plupart des clients, des habitués dont certains étaient complètement accros, étaient installés aux tables, affectant une attitude neutre –poker face selon l'expression consacrée– en jetant un regard distrait à leur main. Quelques uns étaient encore en caisse pour échanger leur monnaie pendant que d'autres s'escrimaient sur les machines électroniques affichant des icônes stylisées aux couleurs criardes et qui avalaient leur argent avec avidité contre la promesse de quelque récompense. D'après notre informateur, des sommes importantes pouvaient s'échanger ici chaque jour, sous le regard vigilant des agents du C.L.O.W.N. évidemment omniprésents. Quoi que le C.L.O.W.N. puisse être.

Il était impératif d'agir avec prudence,discrétion et discernement. Mais après tout, n'étais-je pas un spécialiste? M le savait, mais ne pouvait s'empêcher d'être inquiète. Mon entrée fut donc un modèle de furtivité.
Ni vu, ni connu j't'embrouille.
Je me fondis dans le paysage et la foule des clients avec une aisance déconcertante, allant même jusqu'à commander une consommation –au shaker, pas à la cuillère un milkshake, sans cuillère– avec désinvolture, tout en gratifiant la charmante serveuse d'un petit sourire. Balayant la salle bondée d'un regard circulaire, j'avisai soudain l'opportunité tant attendue : l'un des serveurs sortit fumer une cigarette pendant sa pause, retirant son tablier. Aussi furtif que l'écureuil affamé le ninja en maraude, je m'emparai de l'uniforme abandonné avant de m'en vêtir.
La voie de l'écureuil du ninja est cruelle et sans pitié.
Posant le milkshake sur un plateau que je récupérai un peu plus loin, j'étais désormais semblable à n'importe lequel des employés présents. Le moment était venu de pénétrer au cœur même de l'antre du C.L.O.W.N.!  M'inspirant des clients présents, je me composai une attitude neutre avant de pousser avec assurance les portes ornées de l'inscription "privé - interdit au public". Je croisai un employé qui me jeta un vague coup d’œil avant de poursuivre sa route sans plus de réaction. Mon stratagème avait fonctionné. Mais... pour combien de temps? Il me fallait faire vite : découvrir des informations sur les agissements du C.L.O.W.N. Étonnamment, je n'eus pas à chercher bien longtemps, car au détour d'un couloir, je tombai sur un visage familier...
Si je n'étais pas en mission, je m'autoriserais même une petite danse de la victoire.
–Ah! Vous voilà enfin!
–Que... mais... Paul? Paul Bismuth? Non... Ne me dites pas que c'était vous notre informateur?
–Si, c'est bien moi...
–Bon sang! M... je veux dire Maman Koala m'avait dit de me méfier pourtant. Mais qu'est-ce que vous foutez là?
–Je... je travaille ici.
–Vous ne bossiez pas dans un Sexshop aux dernières nouvelles?
–J'ai été viré suite à l'affaire de la place Vendôme. J'ai trouvé un job ici... et c'est comme ça que j'ai découvert le C.L.O.W.N.
–Ok. Bon. C'est quoi ce C.L.O.W.N. dont vous n'arrêtez pas de parler?
–Le Chemical Lunch's Overlords Worldwide Network.
–Sans rire? Le "Réseau Mondial des Seigneurs du Déjeuner Chimique" ? Vous vous êtes shooté au gaz hilarant pour sortir des trucs pareils? 
–Nan mais ça sonne moins bien en français je trouve... J'avais bien pensé au Syndicat Planétaire des Empoisonneurs Chimiques via une Tambouille Réellement Exécrable, le S.P.E.C.T.R.E., mais je trouvais pas ça terrible pour désigner une organisation de méchants.
–C'est vrai que ça ne pourrait même pas faire le titre d'un film... Mais ceci étant, vous êtes grave, vous savez ça Paul?
–Hum, bon. Pas de temps à perdre, il faut...
–Minute papillon. Moi je me tire, j'ai autre chose à faire que finir en taule rien que pour vos yeux. Depuis votre dernier coup foireux, je me l'étais promis : jamais plus jamais je n'écouterais vos sornettes.
–Mais non, regardez sur cet ordinateur : j'ai trouvé la liste des ingrédients de leurs infâmes mixtures. Ils cherchent à empoisonner les gens. Il faut communiquer cette information au pays... non au monde avant qu'il ne soit trop tard. Et même, le monde ne suffit pas! L'univers entier doit savoir...
Je jetai un rapide coup d’œil à cette fameuse liste que me montrait Paul tout en sirotant mon milkshake, après tout, on ne vit que deux fois. Il faudrait faire quelques recherches, bien sûr, mais à priori les quelques produits chimiques que j'avais identifié à première vue étaient effectivement assez... surprenants. Se pourrait-il que Paul ait raison cette fois-ci ?
–Mouaih. Imprimons cette liste et foutons le camp.
–J'ai déjà essayé, l'imprimante n'a plus d'encre...
–Certainement le toner. Ils doivent bien avoir une recharge dans l'un de ces tiroirs. Allez, on cherche : opération toner!
Une voix grinçante nous fit sursauter :
–Vous qui entrez ici : sachez que si vous n'êtes pas au bout de la chaîne alimentaire, vous en serez l'un des maillons!
Je failli cracher mon milkshake par le nez. Derrière nous, deux hommes nous bloquaient la sortie. Celui qui avait parlé était petit et râblé et se frottait les mains avec un air sournois.
Bon sang, je vous ai adoré dans Twin Peaks!

L'autre, un vrai géant, arborait un sourire carnassier dont la dentition métallique semblait dire "dangereusement votre!"
Voilà ce qui passe quand on se gave de sucreries et qu'on ne se brosse pas les dents...
Le costume de clown qu'il arboraient ne faisait que renforcer leur aspect menaçant pour n'importe quel coulrophobe.
Le petit râblé poursuivit :
–Vous ne croyiez tout de même pas que ces lieux étaient sans surveillance? Nous n'aimons pas beaucoup les petits curieux, un accident est si vite arrivé... mais vous savez ce qu'on dit : vivre et laisser mourir...
–Tuer n'est pas jouer vous savez. Enfin bon, tant que je meurs un autre jour... Je suppose que c'est dans ce but que le C.L.O.W.N. recrute des rigolos dans votre genre, répondis-je du tac-au-tac.
–Très drôle monsieur... monsieur?
–Hérisson. Papa Hérisson.
–Je suppose que vous vous croyez spirituel M. Hérisson?
–Bah! On me dit parfois que j'ai mangé du clown, mais non, en fait j'ai juste un permis de troller. En tous cas, j'espère que vous avez une bonne mutuelle, parce que vu les frais dentaires que votre copain doit avoir...
–Sachez, monsieur Hérisson, que l'entreprise prend grand soin de ses modestes employés...
–C'est juste dommage qu'elle leur assure le couvert par exemple : ça n'a pas l'air de profiter à votre dentition... Dites, je me demandais... une mauvaise alimentation a tendance à provoquer aussi des hémorroïdes... Votre rectum est également en inox?
La bouche du petit homme se tordit en un rictus méprisant.
–Vous avez tort de faire le malin monsieur Hérisson, le Patron va vous faire passer l'envie de rire...



Vous avez peut-être vu passer cette info récemment : la liste des ingrédients (19 tout de même) contenus dans les frites de chez Mac Diabète® a été dévoilée. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle n'est pas piquée des vers puisque l'on y trouve entre autres :
  • du dimethylpolysiloxane (que mes lecteurs les plus assidus connaissent déjà, puisqu'on le trouvait dans cet article... en temps qu'ingrédient d'un shampoing anti-poux) : une huile de silicone connue sous le doux pseudonyme d'additif alimentaire "E900". Il est utilisé comme anti-moussant dans l'huile de friture afin de prolonger l'utilisation de cette dernière (j'y reviendrais) afin de réduire les coûts. On le retrouve également dans de nombreux sodas comme par exemple le Caca Colé®. De fortes doses seraient responsables de retards de croissance et d'une élévation du taux de mortalité. La FDA américaine avait envisagé son interdiction. En même temps, qui peut bien avoir eu la pu##in d'idée à la c## de coller de L'HUILE DE SILICONE DANS LA BOUFFE!???
  • du pyrophosphate de sodium : additif alimentaire E450, correcteur d'acidité, parfois utilisé dans les détergents domestiques et pouvant provoquer des irritations du tube digestif. Il est destiné à empêcher que les frites ne deviennent grises. Dans le célèbre livre de Corinne Gouget sur les additifs, il est classé rouge (à éviter absolument), car à fortes doses il serait responsable d'hyperactivité, de troubles digestifs, et d'une mauvaise assimilation des minéraux. Des expériences l'auraient associé chez les rats à une diminution de croissance, une baisse de fertilité et une diminution de l'espérance de vie. Enjoy!
  • du butylhydroquinone tertiaire (BHQT) : additif E319, dérivé du pétrole et utilisé dans certaines cosmétiques, dont les propriétés sont antioxydantes. Il est utilisé comme conservateur pour les huiles et matières grasses. Je ne l'ai pas trouvé dans le livre de Corinne Gouget, mais c'est un phénol et comme tous ses potes il a de bonnes chances d'être cancérigène.
  • arôme naturel de bœuf : et tant pis pour les végétariens, certainement destiné à masquer un goût désagréable... mais lequel?
  • du dextrose : du sucre quoi. Dans les frites? Bin oui, dans les frites, pour qu'elles soient bien dorées, et pour faire chier les diabétiques. Bon, objectivement, je doute que beaucoup de diabétiques mangent là, mais ce sucre aura un autre inconvénient non négligeable sur lequel je reviendrai plus loin.
Notez qu'on y trouve aussi de la pomme de terre : c'est un scandale. L'honnêteté intellectuelle m'oblige cependant à vous signaler que la filiale française du groupe a affirmé qu'elle utilisait "une recette différente". Je cite : "Nos frites sont fabriquées en France à partir de pommes de terre 100% d'origine française. Nous tenons à rappeler qu'aucun ajout d'agents de saveur, ni d'arômes artificiels, ni d'additifs d'origine animale, n'intervient dans la préparation de nos frites". Admettons. Attendez je relis : gna gna gna... "ni d'additifs d'origine animale". Ok. Pas d'arôme naturel de bœuf par exemple. Mais les additifs d'origine chimique, c'est bon, c'est open-bar.

Mais bon, pas d'inquiétude : tous ces additifs sont légalement autorisés, à condition de respecter certaines doses journalières admissibles. Ils ont donc été testés avec sérieux et probité par des laboratoires indépendants au cours d'études pas du tout biaisées, qui attestent de leur parfaite innocuité, comme j'ai déjà eu l'occasion de l'évoquer ici. Je reviens juste après cet intermède.
♪♫♫♪♪♪♫
Et pour être parfaitement honnête, on retrouve (hélas) ces additifs, ainsi que de nombreux autres tout aussi sympas, dans beaucoup de préparations industrielles. Le problème n'est donc pas propre aux fast-foods mais plus généralement à l'industrie alimentaire. Il convient en outre de préciser que si ces additifs sont testés individuellement dans des études évidemment incontestables (hum), il n'existe peu ou pas d'étude sérieuse sur les effets de leur cumul : ce qu'on appelle l'effet cocktail. Juste pour comparaison : notre organisme doit être constitué environ à 60% de carbone (C) (hors liquide) et l'atmosphère à 70% d'Azote (N), deux éléments qui sont donc inoffensifs pour l'homme. Il n'en reste pas moins que la molécule CN combinant les deux, le Cyanure, est quand même vaguement toxique. Mélanger certaines substances peut donc avoir des conséquences. Enfin je dis ça, je dis rien...

Bon, je pense que vous n'êtes pas naïfs : personne parmi vous n'ira sans doute prétendre que la (mal)bouffe proposée par les chaînes de restauration rapide est bonne pour la santé. En revanche, il n'est pas dit que tout le monde soit bien conscient des inconvénients précis auquel s'expose le consommateur, en dehors de l'évidente question de l'obésité.

Et surtout, malheureusement, la liste d'additifs qu'on a vu un peu plus haut n'est qu'une petite partie du problème. Car il y a aussi le soucis des acrylamides. Derrière ce nom un peu barbare, se cache une substance pratiquement incontournable dans l'industrie alimentaire, surtout s'il y a friture. Oh bin tiens!? Comme par hasard c'est le cas de la plupart des plats proposés dans les fast-food : frites, nuggets ou dips de poulet, beignets, poissons panés, etc... Que ça soit chez Mac Diabète®, DTC®, MonQ® et consorts, la friture reste le mode de cuisson privilégié. Mais on vous rassure : ils respectent des normes drastiques pour protéger votre santé. Franchement, qu'est-ce qui vous semble le plus crédible :

  • que ces entreprises privilégient la maximisation du profit au détriment de la santé du consommateur?
  • ou qu'elles soient prêtes à sacrifier un peu de bénéfice pour le bien-être de leurs clients?

Des entreprises responsables.
Bon, mais... c'est quoi au juste ces machins là... les acrylatrucs? Un additif? Que nenni : leur présence dans l'alimentation n'est pas spécifiquement recherchée : c'est un sous-produit des cuissons à haute température, comme par exemple la friture.

L'acrylamide est une molécule organique de synthèse, un "amide acrylique" pour être exact, très utilisé dans l'industrie plastique. Il est toxique, et même reprotoxique : c'est-à-dire que comme les perturbateurs endocriniens, il peut engendrer des problèmes de stérilité masculine (tiens tiens!? un phénomène de plus en plus fréquent dans les pays occidentaux dont l'alimentation très industrialisée est riche en acrylamides, c'est marrant ces coïncidences...), ou des malformations congénitales. C'est sympa hein?

Ces acrylamides donc, peuvent être produits de façon synthétique. Mais ils se forment aussi naturellement lorsque certains acides aminés (présents dans tous les aliments) réagissent avec un sucre (le glucose par exemple, ou l'amidon... comme celui des pommes de terre) lors d'un chauffage à haute température : c'est la réaction dite de Maillard (du nom de son découvreur). C'est le cas dans les fritures ou certaines cuissons hautes températures utilisées dans l'industrie et destinées au brunissage des aliments (biscuits, etc...). Plus l'aliment contient de sucre, plus la production d'acrylamide est importante évidemment. Du coup je vous laisse imaginer ce que l'ajout du dextrose que nous avons vu plus haut peut donner. Je nuancerais cependant en indiquant que la liste de Mac Diabète® fait également apparaitre de l'acide citrique, qui lui, en revanche, contrecarre la réaction de Maillard.

Détail amusant, on a découvert récemment de l'acrylamide dans certains légumes qui devraient en être dépourvu. Après étude, il semble que le principal additif au glyphosate (siiiii, vous savez, le sympathique "Roundup" de chez Monsantox®!) abondamment utilisé dans l'agriculture intensive se dégrade en... acrylamide.

Merci encore à Monsantox®, pour sa constance admirable dans le projet courageux consistant à régler définitivement les problèmes de surpopulation sur Terre. Franchement, ça serait malheureux que cette belle entreprise ne finisse pas par remporter le prix Nobel de la Paix pour ses efforts en vue de la fin du monde contre la faim dans le monde et l'ensemble de son œuvre. Bon ok, c'est mal brêlé pour cette année, la compét' va être rude contre François, Angela et Vladimir pour leurs efforts méritoires en vue de la paix en Ukraine...
Rencontre au sommet pour les accords de Minsk. Photo AFP.
Bon, mais alors, vous allez me dire que si c'est lié au mode de cuisson, le problème est le même lorsque l'on fait des frites chez soi du coup. Oui. En effet. Lorsque vous faites des frites, et plus généralement lorsque vous faites frire un aliment, vous produisez de petites quantités d'acrylamides. Idem lorsque vous faites un café d'ailleurs. En fait, il pratiquement impossible de s'en affranchir, à part en mangeant cru, et en privilégiant le bio (rapport au "roundup" dont je parlais plus haut). Le but est donc, à défaut d'avoir une alimentation totalement dépourvue d'acrylamides, d'essayer d'en bouffer le moins possible.

–Comment? On ne mange plus de frites c'est ça?

Ça serait sans doute l'idéal. Ou en tout cas n'en manger que rarement. Mais le souci c'est que c'est bon les frites. Normal en fait : les acrylamides ont tendance à créer une addiction. En revanche, il est possible de réduire la production des acrylamides en prenant certaines précautions.

Un moment "hot", bref mais intense
La production d'acrylamides commence vers 120° seulement (ce qui est un peu limite pour cuire des frites, il faut bien le dire), mais un gros palier dans la réaction de Maillard se situe à 175°. En gros, entre 120 et 175°, la production reste modérée. Même si on dit que "plus c'est long, plus c'est bon", en l’occurrence,  plus l'aliment cuit longtemps à haute température, plus il Carla brunit, et donc plus il contiendra d'acrylamides. Il convient par conséquent de ne pas cuire trop longtemps à haute température.
Ah : trop cuit!

Avec un peu d'acide, la fête est plus folle...
On peut nettoyer les pommes de terre avec une eau légèrement acidifiée (vinaigre ou jus de citron) : il semblerait que cela retire une assez large part des précurseurs de la réaction. En revanche, le sucre ajouté par Mac Diabète®, et qui permet de mieux "dorer" les aliments à la friture, favorise la production d'acrylamide puisqu'il en est l'un des précurseurs.
L'acide c'est la clé.

Ne pas s'enfiler n'importe quoi sans précautions
La bio par exemple, limite le risque de présence de pesticides comme le "roundup", dont certains constituants produisent eux aussi des acrylamides. Pour les pommes de terre, choisir une variété adaptée : certaines patates sont plus sucrées, et favorisent donc la réaction de Maillard. On peut aussi remplacer les pommes de terre par des patates douces, le goût est un peu différent, mais elles sont plus digestes. Ne pas utiliser des produits (pommes de terre ou autre) passés par le réfrigérateur et encore moins le congélateur : la réfrigération préalable favorise la réaction de Maillard (faute de références précises, je suppose que le froid aide à "casser" l'amidon en sucre, ce qui emballe la réaction. Rappelons à ce titre que Mac Diabète® utilise des frites surgelées.
Hrrmmm... hein que tu l'aimes ma carotte!


Mets de l'huile petit homme...
... mais pas n'importe laquelle. Ça peut sembler idiot, mais toutes les huiles végétales ne se valent pas (et je ne parle même pas des graisses animales). Privilégier encore une fois une huile bio évidemment (toujours cette histoire de pesticides), mais en choisissant judicieusement, car la tenue à la température varie fortement. Vous pouvez trouver des informations pertinentes dans ce document, mais pour résumer, les huiles qui tiennent le mieux sont clairement l'arachide (220°c) et l'olive (210°c).

Malheureusement, beaucoup d'huiles dites "spéciale friture" vendues dans le commerce (la Friable® pour ne pas la citer par exemple) sont des mélanges, principalement composées d'huile de tournesol (car peu coûteuse). Sauf que le tournesol a une tenue très limitée, variant de 160 à 170°. Passé ce palier, l'huile commence à se décomposer en substances toxiques. Pour information, l'huile utilisée par Mac Diabète® est un mélange d'huiles de tournesol et de colza.

Tiens, justement parlons-en de l'huile de colza : sa température critique apparait à 240° dans la littérature ce qui n'est pas mal du tout en effet. En réalité, elle est de 107°c à 246°c selon son degré de raffinage, ce qui change pas mal de choses. Mais surtout elle contient beaucoup d'acide linoléique dont la tenue à la température est en revanche très mauvaise. A ce titre, il vaudrait mieux ne l'utiliser que pour les assaisonnements hors cuisson (d'autant qu'elle est riche en oméga 3 et 6, malheureusement détruits par un chauffage à plus de 40°c).
Ça n'est pas à cette utilisation de l'huile que je pensais...


Briser la routine
Plus une huile est utilisée, et plus elle se dégrade, car la chaleur brise certaines molécules organiques en molécules plus simples, et souvent toxiques. Ces substances toxiques s'accumulent au fur et à mesure. On estime qu'après 8 chauffages successifs elle devient dangereuse (c'est une moyenne, la durée du chauffage est également cruciale : ainsi une friteuse qui fonctionne à longueur de journée devrait voir son huile remplacée très régulièrement). Idéalement, dans le cadre d'une utilisation normale, il faudrait changer l'huile au bout de 3 ou 4 bains successifs, et surtout ne jamais rajouter d'huile neuve dans une huile usagée. Tiens, je me demande à quelle fréquence Mac Diabète® change l'huile de ses friteuses... bizarrement je ne pense pas que ça soit plusieurs fois par jour pour des raisons de coût...
Oui, au bout de plusieurs bains, il est crucial de purger et de remplacer le liquide. Franchement.

Y a moyen de conclure, sur un malentendu
En conclusion, pour faire des frites pas trop mauvaises pour la santé, il faut :
  1. Choisir des patates bio adaptées (bintje par exemple).
  2. Bien les laver après épluchage dans une eau légèrement vinaigrée
  3. Utiliser de l'huile d'olive ou d'arachide (l'arachide est généralement moins chère) bio de préférence.
  4. Régler la friteuse sur 120°c et faire un premier bain pour cuire les frites à cœur en minimisant la production d'acrylamide. Sortir les frites et régler la friteuse à 170°c : faire un second bain assez court (c'est juste pour les dorer) : à 170, il y aura plus d'acrylamides produits, mais la brièveté de la cuisson devrait en limiter la quantité tout de même.
  5. Après 4 (allez, disons 5) utilisations de la friteuse, changez l'huile. N'en rajoutez pas dans une huile usagée.

Épilogue

L'homme du C.L.O.W.N. ne rigolait pas en disant que si nous n'étions pas au bout de la chaîne alimentaire, nous en serions l'un des maillons. Le patron du Mac Diabète® du Casino de Trifouilli-les-oies nous avait installé à une table, un menu mega-best-of-plus-premium posé sur un plateau devant nous. Rien qu'avec les frites, le nombre de calories présentes devait avoisiner celui d'une bombe H. Derrière nous, un homme de main nous menaçait d'une arme terrifiante : un pistolet à eau rempli de Caca Colé®.
–Vous ne sortirez pas d'ici tant que vous n'aurez pas fait amende honorable, et mangé votre menu, dit le Patron. Jusqu'à la dernière frite. Bon appétit... mouhahaha!
Un homme appréciant les chats ne peut pas être foncièrement bon. Je le sais, j'en ai 3.
Son rire sardonique accompagna le bruit de ses pas tandis qu'il s’éloignait, nous laissant seuls dans ce piège fatal avec son homme de main. Paul me jeta un regard désespéré.
–C'est pas possible, y a pas moyen que je mange ça... je... je... je suis diabétique.
–Pas d'inquiétude mon petit Paul, on va sortir... ça me rappelle une histoire d'ailleurs. Figurez-vous qu'il y a quelques années de cela, alors que j'étais un tout jeune hérisson, je me suis retrouvé dans une situation assez cocasse. J'étais au restaurant avec mes parents et de la famille... il y avait tonton Ferdinand, tata Cunégonde, et les cousins, Nicolas et Pimprenelle qui accompagnaient le marchand de sable et gros Nounours. Et alors, gros Nounours lança son célèbre "Bonne nuit les petits!" et c'est à ce moment-là que le prince de Méçoncula sortit son taser pour affronter le dragon Ad'Afrag'Mantation qui le menaçait d'un procès auprès des prudhommes...
Cinq minutes plus tard, mon auditoire se retrouvait dans les bras de Morphée. Je réveillai Paul doucement en lui intimant le silence.
–Chuuut! C'est bon : l'homme au pistolet dort...
–Comment avez-vous fait? Un gaz soporifique dans le bracelet de votre montre? Un mini sarbacane dans une dent creuse? C'est ça?
–Pas du tout.Ça n'est pas aux vieux hérissons qu'on apprend à se mettre en boule : mon expérience en racontage d'histoires pour faire dormir les gnomes récalcitrants est largement suffisante pour plonger un séminaire d'insomniaques sous caféine dans un coma profond. Le secret est d'avoir un ton bien monocorde, de lâcher un petit bâillement à l'occasion, et de parler lentement en baissant progressivement la voix. Allez barrons-nous!

Nous nous hâtâmes de quitter les lieux : une porte arrière nous ouvrit l'accès au parking. Hélas, son ouverture déclencha un signal d'alarme. Plusieurs individus en costume de clown se précipitèrent à notre poursuite. J'avisai ma Citregeot Saxensix dont les phares venaient de s'allumer en se dirigeant vers nous. Maman Koala était au rendez-vous. Elle s'arrêta juste à nos pieds.
"–Je vous dépose?"
Nous nous engouffrâmes à bord, et maman Koala démarra en trombe. Derrière nous, les clowns furax se précipitèrent sur les scooters de livraison du Pizza-le-Hutt voisin, et se lancèrent à notre poursuite.
"Koo Leia. Cha too ma leia kahnkee, ya ee eema loh kah yah lee."
 C'était serré. La saxensix était chargée, et les scooters assez nerveux : les clowns psychopathes gagnaient du terrain. Nous apercevions leurs rictus effrayants dans les rétroviseurs.
–Ils vont nous rattraper!!! paniqua Paul.
–Rhaaaa! Mais bouclez-là Paul, pesta maman Koala. Vous me déconcentrez!
J'appuyais sur le bouton "on" de l'autoradio pour couvrir les jérémiades du pauvre garçon. Au moment où la musique s'élevait (la chevauchée des Vache-qui-rient Walkyries), un nuage de fumée se forma derrière nous. Un peu plus tard, nous vîmes les clowns, tombés sur la chaussée : une flaque d'huile de moteur reflétait la lueur des réverbères. Nous avions échappé à nos poursuivants...
–Mais... c'est génial ce truc, dit Paul. Un gadget installé par Q je suppose?
–Va falloir arrêtez votre délire, franchement... Mon garagiste ne s'appelle pas "Cul" comme vous dites, mais Piotr. Ou Sergueï, je ne suis pas sûr en fait... Et ça n'est pas un gadget, c'est juste que mon joint de culasse vient de lâcher : je perds de l'huile et ça fume un peu.
–Ah... euh... mais ça veut dire qu'on va devoir s'arrêter? Il risquent de nous rattraper!? ajouta-t-il inquiet.
–Nan c'est bon, pas d'inquiétude. Youri a remplacé le ventilo par un rotor d'hélico de combat soviétique, et le carbu par une ogive de MIRV réformé. Même si ça fume et que ça chauffe, on pourrait tenir jusqu'à Vladivostok comme ça. Évitez juste de trop respirer ce qui sort de la ventilation, on ne sait jamais...
–En tout cas, tout n'est pas perdu... nous n'avons peut être pas la liste des ingrédients de leurs frites, mais j'ai choppé ça en partant, dit Paul en nous montrant l'emballage d'un Big Clown.
–Et merde, ça veut dire qu'il va y avoir une suite...

A suivre...

Edit :
Épilogue de l'épilogue :  je dois avoir des dons prophétiques, car Titine vient vraiment de me lâcher (le joint de culasse). Si l'un de vous vend une voiture pas trop cher du côté d'Angers, vous savez comment me contacter... je peux payer en ticket restau ou en prophéties du coup  ;)

Edit2 : Commentaire de Mikhaïl en venant chercher la voiture : "Moteur cramé. Je pouvoir remplacer par moteur Tupolev. Je faire devis."

vendredi 13 février 2015

Dis donc! Tu veux mon doigt?

 –Les gnoooooomes! C'est l'heure de manger! On va se laver les mains!
–Non, j'veux pas me laver les mains!
"Je t'ai déjà de pas fouiller dans ton nez avec tes doigts, y a mouchoirs pour ça!"

–P'tit Prince : c'est pas discutable. Vu que tu manges avec tes doigts, et vu les endroits ou tu les mets avant, on pourrait aussi bien te tailler une assiette dans le lino du tramway si tu les laves pas, y aura pas plus de microbes...
–Pffff, bon... d'accord...

Agad', on secoue, on frotte un peu, et ayé, c'est bon.
Et oui, car il faut bien le dire, nos mains, nos doigts nous servent à tout et surtout n'importe quoi, ce qui en fait la porte d'entrée principale à tous les miasmes, microbes et autres toxiques possibles. Surtout en cette saison. Le problème, c'est que la conception gnomesque de l'hygiène concernant ce qu'on peut porter à la bouche est un peu particulière :
  • des mains cradingue :
  • une rembarde de tramway :
  • le sol :
  • une cuvette de WC :
  • des légumes en contact avec la viande dans l'assiette :


Comme vous ne vous en doutez peut être pas, aujourd'hui on va parler d'une excroissance oblongue, parfois turgescente, et qu'on a tendance à fourrer un peu n'importe où : je veux bien sûr parler des doigts. Mais je vous rassure, on va aussi causer de bistouquette,  vu qu'entre le procès du Carlton et la sortie de "50 nuances..." au ciné, ça serait ballot de se priver. Et en plus, une récente étudalacon fait le lien entre les deux.
50 nuances de Gris.

Ah mais dites donc... ça fait longtemps qu'on a pas parlé d'une étudalacon! Et pourtant, la science poursuit sa route (mais jusqu'où s'arrêteront-ils?). Et accessoirement, ça fait un certain temps qu'on n'a pas parlé de sexe non plus. Je vous sens déjà frétiller d'impatience...

Commençons par le commencement, les doigts donc : ces petits boudins articulés qui équipent nos jolies mimines à raison de 5 par paluche en temps normal, sont probablement l'un des éléments les plus caractéristiques de notre espèce, surtout le pouce opposable d'ailleurs, bien que peu utile pour le curage de narine (trop gros), mais pratique pour l'utilisation du smartphone, et indispensable pour l'autostop, ou le catapultage de crottes de nez. D'ailleurs, ça se ressent même dans le langage puisqu'on ne compte pas les expressions faisant référence aux doigts :
  • "Se fourrer le doigt dans l’œil"
    Il y avait plus simple...
  • "Obéir au doigt et à l’œil"
    Schnell!
  • "Un doigt d'alcool"
    Qui peut conduire au doigt dans l'engrenage du reste.
  • "C'est mon petit doigt qui me l'a dit"
    ... et je lui raconte mes petits secrets.
  • "Doigt d'honneur"
    Je vois bien le doigt, mais je n'ai jamais compris ou était l'honneur...
  • "Le doigt dans l'engrenage"
    Enfin, ça commence par le doigt...
  • "S'en mordre les doigts"
    Ah? On peut déléguer?
  • "Des doigts de fée"
    Quand elle est facétieuse, elle fait des bibites.
  • "Être à deux doigts"
    ... de conclure par exemple. Sur un malentendu.
  • "Mettre le doigt sur quelque chose"
    "Ah, là je sens que je vais mettre le doigt sur quelque chose..."
  • "Ne pas lever le petit doigt"
    Trop fatiguant...
  • "Le petit doigt sur la couture du pantalon"
    Je... euh... Désolé.
  • "Montrer du doigt"
    Best. Example. Ever.
  • "Au doigt mouillé"
    "Bon, là, au doigt mouillé, je dirais qu'il va pleuvoir..."
  • "Connaître sur le bout des doigts"
    En espérant qu'ils soient propres tout de même.
  • "Avoir la bague au doigt"
    Comme le mariage. D'ailleurs y a aussi une histoire de gnomes...
Bon, ok, mais et l'étudalacon qui lie les doigts au sexe dans tout ça? Patience, j'y viens...

Déjà, dans un certain nombre d'expressions, le lien entre "doigt" et "sexe" est plus ou moins patent. Ainsi, le "doigt d'honneur" symbolise plus ou moins (plutôt plus que moins) le pénis imaginaire carré dans l'oignon de celui ou celle à qui on le fait, ce qui, outre son côté assez vulgaire évoque des pratiques sodomites (c'est donc une sorte d'insulte plus ou moins ouvertement homophobe). La bibite est aussi parfois désignée par l'expression "le doigt du milieu". Je passe sur les expressions imagées telles que "se palucher", "se mettre un doigt", etc... Et puis il y a toutes ces vieilles rumeurs entre taille de la zigounette et taille des doigts, ou le rapport entre son diamètre est celui du cercle formé par le pouce et l'index réunis...

Bref, il était temps que la science y mette les paluches fourre son nez. C'est à présent chose faite grâce à cette belle étude faisant un lien entre taille de certains doigts et fidélité dans le couple. Si si. Bon, ne cherchez pas, c'est surement encore un coup du brave chercheur qui nous avait déjà pondu cette étude ci, ainsi que cette autre et aussi celle-là. Oui, pour moi, c'est clair : Kevin a remis ça.

Laboratoire du docteur Kevin Tate DeNeuh, 11h21

–KEVIN!
*schbling*
–Merde, mon tube à essai... Brenda-chérie, ça va pas de faire irruption comme ça non? C'était un échantillon super rare : une cellule de cheveux de Kojac, merde... même pas eu le temps de faire l'analyse digitale...
Aussi rare que les poils des oeufs.

–Ranafout' ! Tu as oublié ton portable à la maison. J'ai consulté l'index...
–Et mon petit doigt me dit que tu as trouvé mon code les doigts dans le nez...
–Quand tu m'as passé la bague au doigt, tu m'a juré fidélité. Alors c'est qui cette Sandy qui t'envoie des sextos? Hein? HEIN?
–Argh... je vais me faire taper sur les doigts... euh... c'est rien.
–Rien? Tu me prends pour une buse? C'est ta maîtresse c'est ça? Salaud! Et à deux doigts de la St Valentin en plus! Goujat!
–Tu te méprends mamour... tu me connais sur le bout des doigts, il est virtuellement impossible que je te sois infidèle... tiens, regarde ma main, compare mes doigts.
–...
–Ah tu vois? Inutile de me montrer du doigt!
–Non, mais tu me prends vraiment pour un jambon?Tes doigts, tu devrais les croiser pour que mon avocat ne te laisse pas en caleçon US sur la rue du quai! Et ma main à moi, tu veux la voir de près ma main? 'spèce de salaud! *baffe*
*re-schbling*
–Rhaaa non, zut! Mon échantillon de matière cérébrale de Nabilla! Une exemplaire unique! Son analyse devait donner un coup de pouce à mes recherches...
Pour une fois qu'on avait isolé de la matière noire...

–Nabi...? Encore une qui passe dans ton lit dès que tu claque des doigts? Obsédé! Menteur! Traitre! Tu vas t'en mordre les doigts!
–Oh! Pouce! Tu sautes aux conclusions chérie. Tiens, lis donc cette étude menée avec doigté! Comme tu peux le voir, mon annulaire n'est pas plus long que mon index. Peut-être est-il même plus court. Je suis donc fidèle, c'est scientifiquement prouvé.
–Euh... mais euh... et les SMS de cette Sandy alors? Tu vas me faire croire que tu n'as pas mis le doigt dans l'engrenage.
–Quoi? Ça? Ah ah! Pffff! Non, mais... c'est la secrétaire de Brendon celle qui a les gros seins nous protège des maladies coronariennes. Et t'as vu la taille de son annulaire à lui. Pfff, il se la tape c'est évident. Il croit avoir un doigt droit de cuissage sur toutes les filles du labo. Cette gourde brave fille à l'indice lipidique du postérieur un peu trop bas s'est juste mélangé les doigts et gouré de n°... Ou si ça trouve, Brendon lui a filé le mien pour que sa femme ne mette pas le doigt sur quelque chose. Ah ah!
–Ah... bah... bon. Si c'est la science qui le dit alors... j'ai dû me fourrer le doigt dans l’œil...Oublie ça, faisons plutôt l'amour sauvagement! Je veux sentir tes doigts qui...
–YES! SCIENCE WINS! AGAIN!
Sacré Kevin... dès qu'il s'agit de science, toujours le petit doigt sur la couture du pantalon.

jeudi 5 février 2015

T'as qu'à croire...

L'autre jour, alors que les gnomes et moi revenions de promenade avec les chiens...

Oui, "les", j'avais oublié de vous dire...

Je sais, l'album de famille n'est pas à jour, il faut que je l'actualise. Nous avons adopté début décembre une jeune chienne âgée de 3 mois, en plus de notre Colley... C'est un croisement entre un Berger Belge et un Berger Blanc Suisse (notez qu'on vise des pays ou les chocolats sont plus réputés que les chiens).
Un croisement bien sympathique
Enfin c'est ce qu'on croyait, parce que visiblement on est plus près de l'improbable croisement entre :
  • un diable de Tasmanie : pour l'aptitude à bouffer tout et n'importe quoi. En grosses quantités. Je ne rigole pas : elle bouffe même les pots de fleur. Oui, les pots pas les fleurs. Enfin, les fleurs aussi en fait. Et : oui, les pots en terre cuite, pas en plastoc. Oui, je sais ça croustille sous les crocs. Le son produit est absolument atroce. Elle bouffe aussi le charbon de bois (froid je vous rassure) qui tombe parfois de la cheminée. Et elle dévore les livres. Littéralement je veux dire, car elle n'a aucune passion pour la lecture.
  • Une chauve-souris : rapport aux grandes oreilles, et au fait qu'on a l'impression qu'elle vole autour de nous en s'énervant lorsqu'on apporte la gamelle.
  • Une hyène : surtout à cause du museau charbonné et du pelage noir-beige-beige clair passablement bringé (sinon elle est un peu ratée car ses oreilles sont pointues et non arrondies). Enfin ça et l'haleine de chacal lié au fait qu'elle bouffe les carcasses de piaf et de souris que les chats nous ramènent, ainsi que les coprolithes laissé ça et là par ses congénères. Yerk!
  • un kangourou : rapport au fait qu'elle ne cesse de bondir dans tous les sens pour manifester sa joie, bousculant par la même occasion tout ce qui est susceptible de l'être : gnomes, vaisselle, vieilles en déambulateur, vase Ming inestimable de tata Cunégonde...
  • un pokémon : elle ne cesse d'évoluer. Elle grossit (pu###n, mais qu'est-ce qu'elle grossit! 15 kg à 4 mois, 20 à 5 mois... vous imaginez le bestiau adulte?), elle change de texture et de couleur de poil (passant du blanc-beige texture doudou au beige-marron-noir texture chameau), et développe de nouvelles capacités (enfin, disons qu'elle arrive à bouffer des trucs qu'elle ne bouffait pas avant quoi... en classe de pokémon, je penche pour une sorte d'enzyme glouton).
  • Une moufette (ou sconse) : rapport aux flatulences délicatement parfumées, et sans doute assez proches de ce que mes grands-pères ont respiré dans les tranchées en 14-18, que l'animal lâche sans vergogne à tout bout de champ.
  • l'escargot : elle bave beaucoup en voiture (quand elle ne vomit pas).
Bon, mais sinon elle est mignonne et affectueuse, et on sent qu'elle nous adore. Heureusement d'ailleurs, parce que vu les dégâts qu'elle fait déjà...
Encore en train de bouffer un truc... pfff...

Bref, toujours est-il qu'il convient de sortir et de défouler l'animal régulièrement. On en profite pour sortir le Colley aussi, mais par nature, et à plus forte raison de par son âge, il est beaucoup plus calme. D'ailleurs c'est rigolo : j'ai eu l'occasion de fréquenter plusieurs colleys, et systématiquement, ils sont assez "précieux"... genre à pas marcher dans les flaques d'eau, à manger lentement et en triant si besoin (j'ai déjà vu des médocs laissés de coté avec méthode), toussa. Le zébulon par contre, elle est super rustique et se contrefiche des flaques d'eau comme de la boue ou du contenu de sa gamelle (tant que ça se mange. Enfin, disons tant que sa mâchoire arrive à le réduire en morceaux plus petits). Bref...

L'autre jour, donc, alors que les gnomes et moi revenions de promenade avec les chiens, nous passâmes devant l'église du village, où une chorale était en train de répéter. Et là, le P'tit Prince me demande :
–Dit p'pa, c'est quoi une église?
Ceci est un moment de solitude.
–Euh... une église, c'est euh...
–Oui?
–Et bien, c'est un lieu, comme une maison, où se réunissent les gens qui croient en Dieu... et merde, pourquoi j'ai parlé de dieu moi.
Et bien sûr, comme il fallait s'y attendre :
–Ah d'accord... C'est quoi "dieu"?
"Purée! Je pouvais pas fermer ma grande mouille moi?"

A ce stade, je pense qu'il est temps de faire un point aussi exhaustif que possible sur les différentes réactions humaines à propos de l'épineuse question de la religion, qui concerne directement les plus jeunes puisqu'on entend fréquemment dire que le curé enchante les enfants qui défilent en voyant ses messes folles.
...
C'est cadeau ne me remerciez pas.
Vous noterez qu'en outre, cette question sur la religion, la laïcité, c'est passablement d'actualité.

Bon, alors déjà, la religion ça sert à quoi? Principalement à deux choses :
  1. Expliquer l'origine du monde, le pourquoi de notre existence, de celle de Justin Bieber, et la raison des événements joyeux ou tragiques qui surviennent. En gros trouver une cause à quelque chose qui n'en a peut être pas. Il est tentant de pouvoir coller tout ça sur le dos d'une ou plusieurs entités omnipotentes et accessoirement d'introduire la possibilité via diverses prières ou autres rituels d'intercéder auprès de ces entités pour obtenir quelque chose : guérison, richesse, faire sauter les PV, retour de l'être aimé, etc...
    # Dieu est absent actuellement, mais vous pouvez laisser votre prière après la trompe céleste...#
  2. Conjurer la peur de la mort : la plupart des religions décrivent en effet un au-delà dans lequel notre être profond (l'âme) se poursuit après que le corps ait cassé sa pipe. En effet, pour beaucoup de gens, l'idée même que leur être, leur mémoire, leur personnalité, l'accumulation de leur savoir, leur liste d'amis facebouc® et de followers touïteur® puisse retourner au néant comme ça pif- pouf du jour au lendemain est insupportable. Au passage, certains cultes en profitent pour vous vendre un au-delà à la carte sur brochure : un truc cool à base d'angelots à poils qui jouent de la harpe, de vierges lassives, ou autre si vous respectez bien le Dogme, et inversement un truc super menaçant du genre flammes éternelles, tortures permanentes, intégrale de Justin Bieber si vous êtes un mécréant ou un hérétique.
    Oh bon sang... un tunnel avec de la lumière... c'est... c'est... la nouvelle saison de Doctor Who!
Tiens, le dogme justement, qu'est-ce donc?  Pour schématiser, disons c'est un peu le manuel d'utilisation de la religion considérée. Le tutoriel qui t'explique comment poser ton culte quoi! En gros le truc tiré de la notice du constructeur que presque personne ne lit (vous lisez vos manuels d'utilisation vous?) d'autant que ça fait en général moult pages, écrit petit, et dans une langue parfois approximative, genre mauvaise traduction Gogole™ Translate d'un truc en moldave déjà traduit imparfaitement en suédois par un espagnol buveur de vodka polonaise (avec tournures de phrases alambiquées, susceptibles d'être interprétées de toutes les façons possibles). Ce qui fait que finalement, tout le monde se contente généralement de l'explication du vendeur prêtre pour savoir quoi faire et comment ça marche. Tous ceux qui ont déjà eu à faire avec un pro du marketing pour avoir des explications techniques comprendrons pourquoi les termes "guerre" et "religion" sont (trop) souvent accolés...
Oui, je sais, ça n'a qu'un lointain rapport avec la choucroute (encore que) mais ce truc me fait marrer...

Généralement, ce Dogme aurait été initialement transmis par une sorte de Directeur du Service Marketing : le Prophète.  Dans certaines religions il y a aussi eu des directeurs adjoints : les Saints. Le prophète était souvent un type normal à la base qui se met a entendre des voix divines lui parler. Oui, je sais, chuuut : c'était avant l'invention de la psychiatrie et du diagnostic de schizophrénie. Sous l'effet d'une "révélation" donc, le Prophète fait level up, et se voit alors remettre une procuration de Dieu himself, avec la mutuelle, la voiture de fonction, la carte Gold American Express et quelques pouvoirs bien sympas. Un peu comme une transformation en Super Saiyan.
"Vous allez vous aimer les uns les autres bordel de merde?"
Nantis de ses pouvoirs, le Prophète délivre alors la parole divine, en s'appuyant de temps en temps sur quelques miracles qui claquent un peu : résurrection de la côte de popularité d'Alain Juppé, mutliplication des comptes en Suisse, séparation en deux de l'électorat, absolution judiciaire... euh non, attendez, la je confonds Prophète et Homme Providentiel en politique. Remarquez hein, bon... les deux vous promettent le paradis mais vous laissent dans la mouise en ce bas monde.

Bon, tout ça c'est la théorie. Reste que tout le monde n'a pas le même rapport au religieux (non, ça n'est pas sale). Au sein de l'immense diversité de la population humaine, je dirais qu'on retrouve grosso modo 5 grandes catégories (plus ou moins garnies hein, c'est pas une répartition équitable) :
  1. Les agnostiques : ceux-là sont sûrs d'une chose, c'est qu'ils ne sont sûr de rien. Dieu existe-t-il? Ou pas? Ou seulement les jours fériés? L'agnostique doute. Faute de preuve déterminante, il réserve son jugement. Il ne se mouille pas quoi. C'est un peu le normand de la question religieuse : p'têt bin qu'oui, p'têt bin qu'non, faut voir. Tout comme le pokemon, l'agnostique peut évoluer vers un second stade : l'apathéiste. Comme l'agnostique de base, l'apathéiste n'a pas de certitude quand à l'existence ou non de divinité(s), mais en plus lui il s'en contrefout à un point difficilement imaginable.
    Apathéiste en pleine réflexion sur le sens profond de la vie.
  2. Les athées : contrairement à l'opinion commune, l'athée est bel est bien un croyant. Car il croit en l'inexistence de quelque divinité que ce soit (et oui : faute de preuve dans un sens ou dans l'autre, ça reste une croyance). La distinction entre l'agnostique et l'athée est parfois ténue, surtout pour les plus modérés, mais elle existe néanmoins. Tout comme chez les religieux, il existe des athées radicaux, obnubilés par l'arrêt du culte (je vous laisse la méditer celle-là). Mais ils sont moins bien organisés, logique : il y a bien des services religieux, mais pas de services athées (je l'aime bien celle-là). Mais du coup s'ils tirent peut être sur les gens à la kalach', ça n'a généralement rien à voir avec leur croyance. Notons qu'il existe des Cultes athées (parodiques) destinés surtout à mettre en porte à faux les dogmes religieux véritables, et les lois idiotes qui y sont parfois liées. Par exemple le pastafarisme ou le culte de la licorne rose invisible.
    "Fuuuuuuck le système!"
  3. Le croyant dit "non pratiquant" : c'est un enculté, mais il a ceci de commun avec l'apathéiste que lui aussi s'en fout un peu en fait. Mais bon, pari de Pascal (et surtout tradition familiale) oblige, il n'est pas opposé à une petite prière de temps en temps, ou un petit tour dans les lieux consacrés. Pour le reste, tous les interdits, les dogmes et patin-couffin, ça va bien deux minutes mais bon voilà quoi... En gros, le "non pratiquant" est là où on le pose, il fait chier personne, et évite de trop se torturer les méninges. En fait, c'est surtout une sorte de gros flemmard... Clairement, ça arrange bien les autorités religieuses, car ça permet de la ramener un peu au niveau de l'audimat : le non-pratiquant, il vaut mieux l'avoir dans ton culte que dans celui des autres.
    Non pratiquant qu'on a posé sur un Eucalyptus.
  4. Le croyant (qu'on qualifiera de modéré, mais c'est surtout par contraste vis à vis de l'intégriste) : lui il est du genre à s'occuper de son culte, car il croit. Carrément franchement. Il s'efforce de respecter préceptes et interdits, les temps de prières, mais reste globalement respectueux des mécréants non-croyants et hérétiques croyants d'autres cultes tant qu'on ne vient pas lui baver sur les rouleaux. Il considère cependant comme immorales les pratiques rentrant en conflit avec ses croyances, même si elles sont pratiquées par d'autres sans empiéter sur sa propre liberté. Le croyant se décline cependant sur une palette de nuance assez large : du brave gars qui ne dit rien mais n'en pense pas moins, au gros lourd en voie de radicalisation qui gueule comme un âne contre tous ces infidèles dépravés se vautrant dans le stupre et la luxure.
    "J'y crois, j'y crois, j'y crois, j'y cr... *plouf* et merde!"
  5. L'intégriste ou le fanatique : lui, c'est vraiment un gros enculté. Et s'il met la main au culte, c'est jusqu'à l'épaule. L'épaule de l'autre bras j'entends. Le fanatique est complètement barré, et il est prêt à tout pour respecter, et surtout faire respecter les principes en lesquels il croit (qui peuvent être subtilement différents de ceux du modéré notons-le). Ceci inclus évidemment le recours à la violence, voire au meurtre, le tout évidemment au nom de l'amour de dieu (quel qu'il soit), car qui aime bien châtie bien et que de toutes façons, les "gentils" seront récompensés dans l'au-delà (ce qui fait néanmoins une bien belle jambe à leurs femmes/maris et leurs enfants qui restent ici-bas). Le fanatique est un croyant en roue libre, faisant passer sa "loi divine" au dessus des lois humaines  et des principes élémentaires de la vie en société comme par exemple ne pas mitrailler la gueule des gens ou ne pas trucider les gynécos et les caricaturistes.
    Mais ouaih! Mais carrément!
Bon, mais... et les professionnels du culte alors? Les prêtres/prédicateurs/gourous/guides spirituels : curés (très "si"...), imams (mit la main au culte), rabbins (moussant), bonzes (qui coulent mais ne flottent pas puisqu'on parle souvent de couler un bonze...), popes (culture), etc... Seraient-ils une catégorie à part? Non, pas vraiment : la plupart du temps, ils rentre dans la catégorie "croyant" ou  "fanatique", mais techniquement, on en trouve aussi qui peuvent rentrer dans les catégories "agnostique" ou "athée". Si si authentique. Gardez à l'esprit que dans beaucoup de pays, avoir la tête dans le culte être un représentant du culte est une fonction honorifique. Voir politique parfois. Il parait plus difficile pour eux d'être "non-pratiquants", ne serait-ce que pour l'image que ça renverrait : quand on fait du prosélytisme, il est recommandé de montrer son culte à tout le monde... Mais bon, rien ne dit qu'en privé finalement...

Et bien sur, c'est un peu comme les bandes dans les cours de récré, chaque culte méprise généralement les autres sur la base assez classique du "c'est moi qui ait la plus grosse" (la plus grosse entité omnipuissante s'entend). Une sorte de concours de cuculte quoi. Des fois, ça se bastonne même au sein d'une même religion, car il y a des courants et des sensibilités (comme au PS) : sunnites contre chiites, ashkénazes contre séfarades, protestants contre catholiques, modernistes contre traditionalistes, adeptes de la Licorne Rose Invisible contre réformateurs du Très Furtif Pégase Marron, curés pédophiles contre évêques exhibitionnistes, séides de Cthulhu contre adorateurs de Nyarlathotep, etc...
Encore un truc pour nous extorquer du fric ça...



Ceci étant posé, disons-le franchement, pour ma part je suis apathéiste : je ne pense pas qu'on puisse avoir quelque certitude que ça soit, et pour tout dire, je m'en tamponne. Ceci étant dit, s'il existe effectivement une entité omnipuissante, et qu'elle nous laisse foutre le dawa comme ça, c'est que soit :
  1. elle ne se sent pas des masses concernée (y compris par nos salamalecs telles que prières, dogmes, histoires d'aliments impurs et tutti quanti), limite elle ne s'est même pas aperçue de notre présence en gros
  2. elle est complètement dépassée par le bordel qu'elle a créé (et donc en terme d'omnipuissance et de "j'impose le respect", ça se pose un peu là...) et nous laisse nous démerder
  3. ça la fait marrer, et du coup ça donne pas des masses envie de la vénérer
  4. on ne va pas tarder à se prendre un putain d'apocalypse sur le coin de la tronche
  5. elle a un sens de l'humour douteux (n'oubliez pas qu'elle a commis l’ornithorynque et Jean-Claude Van Damme quand même)
  6. c'est un chat  : elle veut juste votre malheur et s'en délecte (ou s'en fout)
    Franchement, presque...
Mais bien sur je n'oblige personne à penser comme moi tant qu'on ne vient pas me chier dans les bottes sur ces questions.

–Bon alors papa? C'est quoi "dieu"?
–Euh...
Derrière lui, les chanteurs de la chorale poursuivaient leurs vocalises.
–Bon, déjà c'est pas "quoi" mais plutôt "qui"...
–C'est un gens?
–Moui... d'une certaine façon, enfin disons que c'est une hypothèse surtout et...
–Un hippopotame t'as dit?
–Non, une hypoth... booooooooooon : les gens qui vont à l'église, tu vois, ils croient qu'il existe un être... une entité... quelqu'un qui a tout créé, qui dirige tout et à qui on peut demander des trucs.
–Ah d'accord!!!!
–Bon, si tu as compris alors c'est bien... (ouf!)
–C'est le chef des chanteurs!
–...
– :)
–Ouaih, un truc du genre...