mercredi 25 février 2015

Quasiment royal

Prologue

Une affiche qui envoie du rêve

La nuit tombais,mon Aston-Martin ma Citregeot Saxensix était garée sur le parking du Casino. M m'avait dit de me méfier : cette mission comportait des risques. Le premier d'entre eux était la nécessité de pénétrer au cœur même du dispositif afin de collecter un maximum de preuves. L'endroit, lieu de débauche légale comme on en voit beaucoup trop, était anodin en apparence. La grande arche dorée et tape-à-l’œil surmontait l'entrée de cet établissement qui avait pignon sur rue. La plupart des clients, des habitués dont certains étaient complètement accros, étaient installés aux tables, affectant une attitude neutre –poker face selon l'expression consacrée– en jetant un regard distrait à leur main. Quelques uns étaient encore en caisse pour échanger leur monnaie pendant que d'autres s'escrimaient sur les machines électroniques affichant des icônes stylisées aux couleurs criardes et qui avalaient leur argent avec avidité contre la promesse de quelque récompense. D'après notre informateur, des sommes importantes pouvaient s'échanger ici chaque jour, sous le regard vigilant des agents du C.L.O.W.N. évidemment omniprésents. Quoi que le C.L.O.W.N. puisse être.

Il était impératif d'agir avec prudence,discrétion et discernement. Mais après tout, n'étais-je pas un spécialiste? M le savait, mais ne pouvait s'empêcher d'être inquiète. Mon entrée fut donc un modèle de furtivité.
Ni vu, ni connu j't'embrouille.
Je me fondis dans le paysage et la foule des clients avec une aisance déconcertante, allant même jusqu'à commander une consommation –au shaker, pas à la cuillère un milkshake, sans cuillère– avec désinvolture, tout en gratifiant la charmante serveuse d'un petit sourire. Balayant la salle bondée d'un regard circulaire, j'avisai soudain l'opportunité tant attendue : l'un des serveurs sortit fumer une cigarette pendant sa pause, retirant son tablier. Aussi furtif que l'écureuil affamé le ninja en maraude, je m'emparai de l'uniforme abandonné avant de m'en vêtir.
La voie de l'écureuil du ninja est cruelle et sans pitié.
Posant le milkshake sur un plateau que je récupérai un peu plus loin, j'étais désormais semblable à n'importe lequel des employés présents. Le moment était venu de pénétrer au cœur même de l'antre du C.L.O.W.N.!  M'inspirant des clients présents, je me composai une attitude neutre avant de pousser avec assurance les portes ornées de l'inscription "privé - interdit au public". Je croisai un employé qui me jeta un vague coup d’œil avant de poursuivre sa route sans plus de réaction. Mon stratagème avait fonctionné. Mais... pour combien de temps? Il me fallait faire vite : découvrir des informations sur les agissements du C.L.O.W.N. Étonnamment, je n'eus pas à chercher bien longtemps, car au détour d'un couloir, je tombai sur un visage familier...
Si je n'étais pas en mission, je m'autoriserais même une petite danse de la victoire.
–Ah! Vous voilà enfin!
–Que... mais... Paul? Paul Bismuth? Non... Ne me dites pas que c'était vous notre informateur?
–Si, c'est bien moi...
–Bon sang! M... je veux dire Maman Koala m'avait dit de me méfier pourtant. Mais qu'est-ce que vous foutez là?
–Je... je travaille ici.
–Vous ne bossiez pas dans un Sexshop aux dernières nouvelles?
–J'ai été viré suite à l'affaire de la place Vendôme. J'ai trouvé un job ici... et c'est comme ça que j'ai découvert le C.L.O.W.N.
–Ok. Bon. C'est quoi ce C.L.O.W.N. dont vous n'arrêtez pas de parler?
–Le Chemical Lunch's Overlords Worldwide Network.
–Sans rire? Le "Réseau Mondial des Seigneurs du Déjeuner Chimique" ? Vous vous êtes shooté au gaz hilarant pour sortir des trucs pareils? 
–Nan mais ça sonne moins bien en français je trouve... J'avais bien pensé au Syndicat Planétaire des Empoisonneurs Chimiques via une Tambouille Réellement Exécrable, le S.P.E.C.T.R.E., mais je trouvais pas ça terrible pour désigner une organisation de méchants.
–C'est vrai que ça ne pourrait même pas faire le titre d'un film... Mais ceci étant, vous êtes grave, vous savez ça Paul?
–Hum, bon. Pas de temps à perdre, il faut...
–Minute papillon. Moi je me tire, j'ai autre chose à faire que finir en taule rien que pour vos yeux. Depuis votre dernier coup foireux, je me l'étais promis : jamais plus jamais je n'écouterais vos sornettes.
–Mais non, regardez sur cet ordinateur : j'ai trouvé la liste des ingrédients de leurs infâmes mixtures. Ils cherchent à empoisonner les gens. Il faut communiquer cette information au pays... non au monde avant qu'il ne soit trop tard. Et même, le monde ne suffit pas! L'univers entier doit savoir...
Je jetai un rapide coup d’œil à cette fameuse liste que me montrait Paul tout en sirotant mon milkshake, après tout, on ne vit que deux fois. Il faudrait faire quelques recherches, bien sûr, mais à priori les quelques produits chimiques que j'avais identifié à première vue étaient effectivement assez... surprenants. Se pourrait-il que Paul ait raison cette fois-ci ?
–Mouaih. Imprimons cette liste et foutons le camp.
–J'ai déjà essayé, l'imprimante n'a plus d'encre...
–Certainement le toner. Ils doivent bien avoir une recharge dans l'un de ces tiroirs. Allez, on cherche : opération toner!
Une voix grinçante nous fit sursauter :
–Vous qui entrez ici : sachez que si vous n'êtes pas au bout de la chaîne alimentaire, vous en serez l'un des maillons!
Je failli cracher mon milkshake par le nez. Derrière nous, deux hommes nous bloquaient la sortie. Celui qui avait parlé était petit et râblé et se frottait les mains avec un air sournois.
Bon sang, je vous ai adoré dans Twin Peaks!

L'autre, un vrai géant, arborait un sourire carnassier dont la dentition métallique semblait dire "dangereusement votre!"
Voilà ce qui passe quand on se gave de sucreries et qu'on ne se brosse pas les dents...
Le costume de clown qu'il arboraient ne faisait que renforcer leur aspect menaçant pour n'importe quel coulrophobe.
Le petit râblé poursuivit :
–Vous ne croyiez tout de même pas que ces lieux étaient sans surveillance? Nous n'aimons pas beaucoup les petits curieux, un accident est si vite arrivé... mais vous savez ce qu'on dit : vivre et laisser mourir...
–Tuer n'est pas jouer vous savez. Enfin bon, tant que je meurs un autre jour... Je suppose que c'est dans ce but que le C.L.O.W.N. recrute des rigolos dans votre genre, répondis-je du tac-au-tac.
–Très drôle monsieur... monsieur?
–Hérisson. Papa Hérisson.
–Je suppose que vous vous croyez spirituel M. Hérisson?
–Bah! On me dit parfois que j'ai mangé du clown, mais non, en fait j'ai juste un permis de troller. En tous cas, j'espère que vous avez une bonne mutuelle, parce que vu les frais dentaires que votre copain doit avoir...
–Sachez, monsieur Hérisson, que l'entreprise prend grand soin de ses modestes employés...
–C'est juste dommage qu'elle leur assure le couvert par exemple : ça n'a pas l'air de profiter à votre dentition... Dites, je me demandais... une mauvaise alimentation a tendance à provoquer aussi des hémorroïdes... Votre rectum est également en inox?
La bouche du petit homme se tordit en un rictus méprisant.
–Vous avez tort de faire le malin monsieur Hérisson, le Patron va vous faire passer l'envie de rire...



Vous avez peut-être vu passer cette info récemment : la liste des ingrédients (19 tout de même) contenus dans les frites de chez Mac Diabète® a été dévoilée. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle n'est pas piquée des vers puisque l'on y trouve entre autres :
  • du dimethylpolysiloxane (que mes lecteurs les plus assidus connaissent déjà, puisqu'on le trouvait dans cet article... en temps qu'ingrédient d'un shampoing anti-poux) : une huile de silicone connue sous le doux pseudonyme d'additif alimentaire "E900". Il est utilisé comme anti-moussant dans l'huile de friture afin de prolonger l'utilisation de cette dernière (j'y reviendrais) afin de réduire les coûts. On le retrouve également dans de nombreux sodas comme par exemple le Caca Colé®. De fortes doses seraient responsables de retards de croissance et d'une élévation du taux de mortalité. La FDA américaine avait envisagé son interdiction. En même temps, qui peut bien avoir eu la pu##in d'idée à la c## de coller de L'HUILE DE SILICONE DANS LA BOUFFE!???
  • du pyrophosphate de sodium : additif alimentaire E450, correcteur d'acidité, parfois utilisé dans les détergents domestiques et pouvant provoquer des irritations du tube digestif. Il est destiné à empêcher que les frites ne deviennent grises. Dans le célèbre livre de Corinne Gouget sur les additifs, il est classé rouge (à éviter absolument), car à fortes doses il serait responsable d'hyperactivité, de troubles digestifs, et d'une mauvaise assimilation des minéraux. Des expériences l'auraient associé chez les rats à une diminution de croissance, une baisse de fertilité et une diminution de l'espérance de vie. Enjoy!
  • du butylhydroquinone tertiaire (BHQT) : additif E319, dérivé du pétrole et utilisé dans certaines cosmétiques, dont les propriétés sont antioxydantes. Il est utilisé comme conservateur pour les huiles et matières grasses. Je ne l'ai pas trouvé dans le livre de Corinne Gouget, mais c'est un phénol et comme tous ses potes il a de bonnes chances d'être cancérigène.
  • arôme naturel de bœuf : et tant pis pour les végétariens, certainement destiné à masquer un goût désagréable... mais lequel?
  • du dextrose : du sucre quoi. Dans les frites? Bin oui, dans les frites, pour qu'elles soient bien dorées, et pour faire chier les diabétiques. Bon, objectivement, je doute que beaucoup de diabétiques mangent là, mais ce sucre aura un autre inconvénient non négligeable sur lequel je reviendrai plus loin.
Notez qu'on y trouve aussi de la pomme de terre : c'est un scandale. L'honnêteté intellectuelle m'oblige cependant à vous signaler que la filiale française du groupe a affirmé qu'elle utilisait "une recette différente". Je cite : "Nos frites sont fabriquées en France à partir de pommes de terre 100% d'origine française. Nous tenons à rappeler qu'aucun ajout d'agents de saveur, ni d'arômes artificiels, ni d'additifs d'origine animale, n'intervient dans la préparation de nos frites". Admettons. Attendez je relis : gna gna gna... "ni d'additifs d'origine animale". Ok. Pas d'arôme naturel de bœuf par exemple. Mais les additifs d'origine chimique, c'est bon, c'est open-bar.

Mais bon, pas d'inquiétude : tous ces additifs sont légalement autorisés, à condition de respecter certaines doses journalières admissibles. Ils ont donc été testés avec sérieux et probité par des laboratoires indépendants au cours d'études pas du tout biaisées, qui attestent de leur parfaite innocuité, comme j'ai déjà eu l'occasion de l'évoquer ici. Je reviens juste après cet intermède.
♪♫♫♪♪♪♫
Et pour être parfaitement honnête, on retrouve (hélas) ces additifs, ainsi que de nombreux autres tout aussi sympas, dans beaucoup de préparations industrielles. Le problème n'est donc pas propre aux fast-foods mais plus généralement à l'industrie alimentaire. Il convient en outre de préciser que si ces additifs sont testés individuellement dans des études évidemment incontestables (hum), il n'existe peu ou pas d'étude sérieuse sur les effets de leur cumul : ce qu'on appelle l'effet cocktail. Juste pour comparaison : notre organisme doit être constitué environ à 60% de carbone (C) (hors liquide) et l'atmosphère à 70% d'Azote (N), deux éléments qui sont donc inoffensifs pour l'homme. Il n'en reste pas moins que la molécule CN combinant les deux, le Cyanure, est quand même vaguement toxique. Mélanger certaines substances peut donc avoir des conséquences. Enfin je dis ça, je dis rien...

Bon, je pense que vous n'êtes pas naïfs : personne parmi vous n'ira sans doute prétendre que la (mal)bouffe proposée par les chaînes de restauration rapide est bonne pour la santé. En revanche, il n'est pas dit que tout le monde soit bien conscient des inconvénients précis auquel s'expose le consommateur, en dehors de l'évidente question de l'obésité.

Et surtout, malheureusement, la liste d'additifs qu'on a vu un peu plus haut n'est qu'une petite partie du problème. Car il y a aussi le soucis des acrylamides. Derrière ce nom un peu barbare, se cache une substance pratiquement incontournable dans l'industrie alimentaire, surtout s'il y a friture. Oh bin tiens!? Comme par hasard c'est le cas de la plupart des plats proposés dans les fast-food : frites, nuggets ou dips de poulet, beignets, poissons panés, etc... Que ça soit chez Mac Diabète®, DTC®, MonQ® et consorts, la friture reste le mode de cuisson privilégié. Mais on vous rassure : ils respectent des normes drastiques pour protéger votre santé. Franchement, qu'est-ce qui vous semble le plus crédible :

  • que ces entreprises privilégient la maximisation du profit au détriment de la santé du consommateur?
  • ou qu'elles soient prêtes à sacrifier un peu de bénéfice pour le bien-être de leurs clients?

Des entreprises responsables.
Bon, mais... c'est quoi au juste ces machins là... les acrylatrucs? Un additif? Que nenni : leur présence dans l'alimentation n'est pas spécifiquement recherchée : c'est un sous-produit des cuissons à haute température, comme par exemple la friture.

L'acrylamide est une molécule organique de synthèse, un "amide acrylique" pour être exact, très utilisé dans l'industrie plastique. Il est toxique, et même reprotoxique : c'est-à-dire que comme les perturbateurs endocriniens, il peut engendrer des problèmes de stérilité masculine (tiens tiens!? un phénomène de plus en plus fréquent dans les pays occidentaux dont l'alimentation très industrialisée est riche en acrylamides, c'est marrant ces coïncidences...), ou des malformations congénitales. C'est sympa hein?

Ces acrylamides donc, peuvent être produits de façon synthétique. Mais ils se forment aussi naturellement lorsque certains acides aminés (présents dans tous les aliments) réagissent avec un sucre (le glucose par exemple, ou l'amidon... comme celui des pommes de terre) lors d'un chauffage à haute température : c'est la réaction dite de Maillard (du nom de son découvreur). C'est le cas dans les fritures ou certaines cuissons hautes températures utilisées dans l'industrie et destinées au brunissage des aliments (biscuits, etc...). Plus l'aliment contient de sucre, plus la production d'acrylamide est importante évidemment. Du coup je vous laisse imaginer ce que l'ajout du dextrose que nous avons vu plus haut peut donner. Je nuancerais cependant en indiquant que la liste de Mac Diabète® fait également apparaitre de l'acide citrique, qui lui, en revanche, contrecarre la réaction de Maillard.

Détail amusant, on a découvert récemment de l'acrylamide dans certains légumes qui devraient en être dépourvu. Après étude, il semble que le principal additif au glyphosate (siiiii, vous savez, le sympathique "Roundup" de chez Monsantox®!) abondamment utilisé dans l'agriculture intensive se dégrade en... acrylamide.

Merci encore à Monsantox®, pour sa constance admirable dans le projet courageux consistant à régler définitivement les problèmes de surpopulation sur Terre. Franchement, ça serait malheureux que cette belle entreprise ne finisse pas par remporter le prix Nobel de la Paix pour ses efforts en vue de la fin du monde contre la faim dans le monde et l'ensemble de son œuvre. Bon ok, c'est mal brêlé pour cette année, la compét' va être rude contre François, Angela et Vladimir pour leurs efforts méritoires en vue de la paix en Ukraine...
Rencontre au sommet pour les accords de Minsk. Photo AFP.
Bon, mais alors, vous allez me dire que si c'est lié au mode de cuisson, le problème est le même lorsque l'on fait des frites chez soi du coup. Oui. En effet. Lorsque vous faites des frites, et plus généralement lorsque vous faites frire un aliment, vous produisez de petites quantités d'acrylamides. Idem lorsque vous faites un café d'ailleurs. En fait, il pratiquement impossible de s'en affranchir, à part en mangeant cru, et en privilégiant le bio (rapport au "roundup" dont je parlais plus haut). Le but est donc, à défaut d'avoir une alimentation totalement dépourvue d'acrylamides, d'essayer d'en bouffer le moins possible.

–Comment? On ne mange plus de frites c'est ça?

Ça serait sans doute l'idéal. Ou en tout cas n'en manger que rarement. Mais le souci c'est que c'est bon les frites. Normal en fait : les acrylamides ont tendance à créer une addiction. En revanche, il est possible de réduire la production des acrylamides en prenant certaines précautions.

Un moment "hot", bref mais intense
La production d'acrylamides commence vers 120° seulement (ce qui est un peu limite pour cuire des frites, il faut bien le dire), mais un gros palier dans la réaction de Maillard se situe à 175°. En gros, entre 120 et 175°, la production reste modérée. Même si on dit que "plus c'est long, plus c'est bon", en l’occurrence,  plus l'aliment cuit longtemps à haute température, plus il Carla brunit, et donc plus il contiendra d'acrylamides. Il convient par conséquent de ne pas cuire trop longtemps à haute température.
Ah : trop cuit!

Avec un peu d'acide, la fête est plus folle...
On peut nettoyer les pommes de terre avec une eau légèrement acidifiée (vinaigre ou jus de citron) : il semblerait que cela retire une assez large part des précurseurs de la réaction. En revanche, le sucre ajouté par Mac Diabète®, et qui permet de mieux "dorer" les aliments à la friture, favorise la production d'acrylamide puisqu'il en est l'un des précurseurs.
L'acide c'est la clé.

Ne pas s'enfiler n'importe quoi sans précautions
La bio par exemple, limite le risque de présence de pesticides comme le "roundup", dont certains constituants produisent eux aussi des acrylamides. Pour les pommes de terre, choisir une variété adaptée : certaines patates sont plus sucrées, et favorisent donc la réaction de Maillard. On peut aussi remplacer les pommes de terre par des patates douces, le goût est un peu différent, mais elles sont plus digestes. Ne pas utiliser des produits (pommes de terre ou autre) passés par le réfrigérateur et encore moins le congélateur : la réfrigération préalable favorise la réaction de Maillard (faute de références précises, je suppose que le froid aide à "casser" l'amidon en sucre, ce qui emballe la réaction. Rappelons à ce titre que Mac Diabète® utilise des frites surgelées.
Hrrmmm... hein que tu l'aimes ma carotte!


Mets de l'huile petit homme...
... mais pas n'importe laquelle. Ça peut sembler idiot, mais toutes les huiles végétales ne se valent pas (et je ne parle même pas des graisses animales). Privilégier encore une fois une huile bio évidemment (toujours cette histoire de pesticides), mais en choisissant judicieusement, car la tenue à la température varie fortement. Vous pouvez trouver des informations pertinentes dans ce document, mais pour résumer, les huiles qui tiennent le mieux sont clairement l'arachide (220°c) et l'olive (210°c).

Malheureusement, beaucoup d'huiles dites "spéciale friture" vendues dans le commerce (la Friable® pour ne pas la citer par exemple) sont des mélanges, principalement composées d'huile de tournesol (car peu coûteuse). Sauf que le tournesol a une tenue très limitée, variant de 160 à 170°. Passé ce palier, l'huile commence à se décomposer en substances toxiques. Pour information, l'huile utilisée par Mac Diabète® est un mélange d'huiles de tournesol et de colza.

Tiens, justement parlons-en de l'huile de colza : sa température critique apparait à 240° dans la littérature ce qui n'est pas mal du tout en effet. En réalité, elle est de 107°c à 246°c selon son degré de raffinage, ce qui change pas mal de choses. Mais surtout elle contient beaucoup d'acide linoléique dont la tenue à la température est en revanche très mauvaise. A ce titre, il vaudrait mieux ne l'utiliser que pour les assaisonnements hors cuisson (d'autant qu'elle est riche en oméga 3 et 6, malheureusement détruits par un chauffage à plus de 40°c).
Ça n'est pas à cette utilisation de l'huile que je pensais...


Briser la routine
Plus une huile est utilisée, et plus elle se dégrade, car la chaleur brise certaines molécules organiques en molécules plus simples, et souvent toxiques. Ces substances toxiques s'accumulent au fur et à mesure. On estime qu'après 8 chauffages successifs elle devient dangereuse (c'est une moyenne, la durée du chauffage est également cruciale : ainsi une friteuse qui fonctionne à longueur de journée devrait voir son huile remplacée très régulièrement). Idéalement, dans le cadre d'une utilisation normale, il faudrait changer l'huile au bout de 3 ou 4 bains successifs, et surtout ne jamais rajouter d'huile neuve dans une huile usagée. Tiens, je me demande à quelle fréquence Mac Diabète® change l'huile de ses friteuses... bizarrement je ne pense pas que ça soit plusieurs fois par jour pour des raisons de coût...
Oui, au bout de plusieurs bains, il est crucial de purger et de remplacer le liquide. Franchement.

Y a moyen de conclure, sur un malentendu
En conclusion, pour faire des frites pas trop mauvaises pour la santé, il faut :
  1. Choisir des patates bio adaptées (bintje par exemple).
  2. Bien les laver après épluchage dans une eau légèrement vinaigrée
  3. Utiliser de l'huile d'olive ou d'arachide (l'arachide est généralement moins chère) bio de préférence.
  4. Régler la friteuse sur 120°c et faire un premier bain pour cuire les frites à cœur en minimisant la production d'acrylamide. Sortir les frites et régler la friteuse à 170°c : faire un second bain assez court (c'est juste pour les dorer) : à 170, il y aura plus d'acrylamides produits, mais la brièveté de la cuisson devrait en limiter la quantité tout de même.
  5. Après 4 (allez, disons 5) utilisations de la friteuse, changez l'huile. N'en rajoutez pas dans une huile usagée.

Épilogue

L'homme du C.L.O.W.N. ne rigolait pas en disant que si nous n'étions pas au bout de la chaîne alimentaire, nous en serions l'un des maillons. Le patron du Mac Diabète® du Casino de Trifouilli-les-oies nous avait installé à une table, un menu mega-best-of-plus-premium posé sur un plateau devant nous. Rien qu'avec les frites, le nombre de calories présentes devait avoisiner celui d'une bombe H. Derrière nous, un homme de main nous menaçait d'une arme terrifiante : un pistolet à eau rempli de Caca Colé®.
–Vous ne sortirez pas d'ici tant que vous n'aurez pas fait amende honorable, et mangé votre menu, dit le Patron. Jusqu'à la dernière frite. Bon appétit... mouhahaha!
Un homme appréciant les chats ne peut pas être foncièrement bon. Je le sais, j'en ai 3.
Son rire sardonique accompagna le bruit de ses pas tandis qu'il s’éloignait, nous laissant seuls dans ce piège fatal avec son homme de main. Paul me jeta un regard désespéré.
–C'est pas possible, y a pas moyen que je mange ça... je... je... je suis diabétique.
–Pas d'inquiétude mon petit Paul, on va sortir... ça me rappelle une histoire d'ailleurs. Figurez-vous qu'il y a quelques années de cela, alors que j'étais un tout jeune hérisson, je me suis retrouvé dans une situation assez cocasse. J'étais au restaurant avec mes parents et de la famille... il y avait tonton Ferdinand, tata Cunégonde, et les cousins, Nicolas et Pimprenelle qui accompagnaient le marchand de sable et gros Nounours. Et alors, gros Nounours lança son célèbre "Bonne nuit les petits!" et c'est à ce moment-là que le prince de Méçoncula sortit son taser pour affronter le dragon Ad'Afrag'Mantation qui le menaçait d'un procès auprès des prudhommes...
Cinq minutes plus tard, mon auditoire se retrouvait dans les bras de Morphée. Je réveillai Paul doucement en lui intimant le silence.
–Chuuut! C'est bon : l'homme au pistolet dort...
–Comment avez-vous fait? Un gaz soporifique dans le bracelet de votre montre? Un mini sarbacane dans une dent creuse? C'est ça?
–Pas du tout.Ça n'est pas aux vieux hérissons qu'on apprend à se mettre en boule : mon expérience en racontage d'histoires pour faire dormir les gnomes récalcitrants est largement suffisante pour plonger un séminaire d'insomniaques sous caféine dans un coma profond. Le secret est d'avoir un ton bien monocorde, de lâcher un petit bâillement à l'occasion, et de parler lentement en baissant progressivement la voix. Allez barrons-nous!

Nous nous hâtâmes de quitter les lieux : une porte arrière nous ouvrit l'accès au parking. Hélas, son ouverture déclencha un signal d'alarme. Plusieurs individus en costume de clown se précipitèrent à notre poursuite. J'avisai ma Citregeot Saxensix dont les phares venaient de s'allumer en se dirigeant vers nous. Maman Koala était au rendez-vous. Elle s'arrêta juste à nos pieds.
"–Je vous dépose?"
Nous nous engouffrâmes à bord, et maman Koala démarra en trombe. Derrière nous, les clowns furax se précipitèrent sur les scooters de livraison du Pizza-le-Hutt voisin, et se lancèrent à notre poursuite.
"Koo Leia. Cha too ma leia kahnkee, ya ee eema loh kah yah lee."
 C'était serré. La saxensix était chargée, et les scooters assez nerveux : les clowns psychopathes gagnaient du terrain. Nous apercevions leurs rictus effrayants dans les rétroviseurs.
–Ils vont nous rattraper!!! paniqua Paul.
–Rhaaaa! Mais bouclez-là Paul, pesta maman Koala. Vous me déconcentrez!
J'appuyais sur le bouton "on" de l'autoradio pour couvrir les jérémiades du pauvre garçon. Au moment où la musique s'élevait (la chevauchée des Vache-qui-rient Walkyries), un nuage de fumée se forma derrière nous. Un peu plus tard, nous vîmes les clowns, tombés sur la chaussée : une flaque d'huile de moteur reflétait la lueur des réverbères. Nous avions échappé à nos poursuivants...
–Mais... c'est génial ce truc, dit Paul. Un gadget installé par Q je suppose?
–Va falloir arrêtez votre délire, franchement... Mon garagiste ne s'appelle pas "Cul" comme vous dites, mais Piotr. Ou Sergueï, je ne suis pas sûr en fait... Et ça n'est pas un gadget, c'est juste que mon joint de culasse vient de lâcher : je perds de l'huile et ça fume un peu.
–Ah... euh... mais ça veut dire qu'on va devoir s'arrêter? Il risquent de nous rattraper!? ajouta-t-il inquiet.
–Nan c'est bon, pas d'inquiétude. Youri a remplacé le ventilo par un rotor d'hélico de combat soviétique, et le carbu par une ogive de MIRV réformé. Même si ça fume et que ça chauffe, on pourrait tenir jusqu'à Vladivostok comme ça. Évitez juste de trop respirer ce qui sort de la ventilation, on ne sait jamais...
–En tout cas, tout n'est pas perdu... nous n'avons peut être pas la liste des ingrédients de leurs frites, mais j'ai choppé ça en partant, dit Paul en nous montrant l'emballage d'un Big Clown.
–Et merde, ça veut dire qu'il va y avoir une suite...

A suivre...

Edit :
Épilogue de l'épilogue :  je dois avoir des dons prophétiques, car Titine vient vraiment de me lâcher (le joint de culasse). Si l'un de vous vend une voiture pas trop cher du côté d'Angers, vous savez comment me contacter... je peux payer en ticket restau ou en prophéties du coup  ;)

Edit2 : Commentaire de Mikhaïl en venant chercher la voiture : "Moteur cramé. Je pouvoir remplacer par moteur Tupolev. Je faire devis."

6 commentaires:

  1. Super! Hâte d'avoir le 2è volet de la saga! Félicitations pour ce blog génial, j'adore! Et chapeau pour le boulot, vous méritez d'être mondialement connu :)

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    1. Mondialement connu? Quelle horreur... c'est à coup à finir canné, le pif dans une montagne de coke, entre deux prostituées moldaves à moustache. Ou pire : invité sur le canapé de Michel Drucker à écouter votre mère raconter que vous étiez petit vous n'étiez pas grand et montriez votre...

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  2. La suite, la suite, la suite, la suiiite !!!
    Et mes amitiés à John Grossefrite...

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    1. La suite arrive : je suis en train de laisser mûrir le Big Clown dans un placard pour voir ce qui se passe. Après une semaine le résultat est... intéressant disons. ;)

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  3. Et dire que moi, c'est la seule chose que j'aime chez M les frites, punaise...Suis foutue...

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    1. Ils font tout pour. Et d'ailleurs les acrylamides sont addictogènes...

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