vendredi 26 juin 2015

Espèces d'ordures!

Ordures! Déchets humains! Rebuts de la société de consommation! Saloperies! Détritus...
"Moules à gauffres, bachibouzouks!"

–Naméo Papa Hérisson!!! Çavapatatête des fois? Qu'est-ce qu'il te prend d'un coup de balancer des insultes comme ça?

Non ami/e lecteur/trice, contrairement à ce que tu pourrais penser, je n'ai pas succombé à mon tour au syndrome Kevin de la Tourette dont les gnomes sont parfois atteints... Je ne suis pas non plus en train de t'insulter comme du poisson pourri, car si tu es en train de me lire, ça dénote déjà d'un bon goût certain et d'un sens de l'humour subtil et raffiné (poil aux pieds!). En fait, je reviens tout juste de vacances (oui, je sais, je les prend tôt, mais je m'en étais déjà expliqué ici) en Vendée, et je me contentais de te relater ce que j'ai eu l'occasion de rencontrer sur les plages.
Ah... je crois que j'aperçois du sable...

Car oui, les plages (vendéennes en l'occurrence, mais ça n'est sans doute guère mieux ailleurs, bien que je me sois laissé dire que les plages bretonnes sont plus propres...) sont de vrais dépotoirs. Canettes de bière, sacs plastiques (beaucoup), déchets plastiques divers et variés (du morceau de filet de pêche en nylon, aux bouteilles de soda, en passant par les morceaux de polystyrène et fragments de bouée canard), emballages de barres chocolatées, couple exhibitionniste en train de se turluter en public, piles usagées, et j'en passe et des meilleures. Bon, l'honnêteté m'oblige à dire que c'est plus propre en saison. Enfin, d'une certaine façon : bin oui, tourisme estival oblige, il y a plus de détritus, mais en revanche le ramassage par les services de voiries est plus rigoureux.
On vous aura prévenu : les couches de vos gnomes nous emmerderons pour 450 ans environ...

En tous cas, une ballade sur la plage au petit matin est le meilleur moyen de constater que les humains sont des porcs égoïstes l'humanité produit moult déchets, et qu'une partie non négligeable de ceux-ci se retrouvent dans la nature, et en particulier dans l'océan. Il paraitrait même qu'il existe maintenant des continents de plastique! En même temps, ça n'est guère étonnant, lorsqu'on voit la quantité de déchets que j'ai ramassé sur la plage de St Jean-de-Monts en seulement 10 minutes de ballade, sur une surface d'environ 200m sur 10m. Et encore, j'ai pas creusé.

Il faut croire que pour beaucoup de gens, se débarrasser de ses ordures dans une poubelle représente un jeu d'adresse visiblement trop compliqué. Ou alors qu'ils n'ont pas compris que la poubelle c'est le gros bidule rond ou carré qui contient un sac, et pas ce qu'il y a autour. Mais c'est vrai que c'est compliqué...
Ah bin oui, dis donc, c'est plus petit! Donc moins facile... pis des fois elle au moins à pfffou, 10 ou 20 mètres!
En même temps, ne nous voilons pas la face : tous les déchets qui jonchent la plage n'ont pas été laissé sur place. Certains sont amenés, peut être de fort loin, par les courant marins qui charrient les poubelles épaves du monde entier. Il y a une certaine poésie à se dire que le tampon hygiénique sur lequel tu viens de coller ton peton potelé sur une plage française a peut-être été jeté négligemment au Brésil ou en Chine (par où il n'est pas arrivé à pied...). Enfin poésie... c'est peut être un grand mot. Disons... ironie alors? Non plus? Bon, ok, OK : c'est juste de la connerie.
"Made in china?"
D'autant que les questions d'écologie, de sauvegarde de l'environnement, de gestion des déchets, on est quand même vaguement en plein dedans, et que, objectivement, ce genre de spectacle, ça débecte un peu tout le monde :
"Tiens!? Quel drôle de coquillag... ah bin non, c'est un plug anal. Au temps pour moi."

A l'évidence, tout cela devrait amener une sérieuse interrogation sur :
  • la réalité de la gestion des déchets (dans notre pays ou ailleurs)
  • les mesures pédagogiques pour sensibiliser la population à cette question.
Et de ce point de vue, force est de constater qu'il reste encore énormément de progrès à faire. Prenons la base : l'enlèvement des ordures ménagères et le tri sélectif. La loi de juillet 1992 a posé les bases : les collectivités locales sont obligées de pratiquer la valorisation des déchets, la réduction des tonnages et depuis 2002 d'abandonner la mise en décharge des déchets ménagers. Le tri sélectif est donc pratiqué désormais à peu près partout : soit par un enlèvement direct de poubelles triées individuellement, soit par le biais de cuves de tri collectives dont les emplacements sont saupoudrés dans les communes, soit par un tri à postériori (pratiquement jamais, car trop coûteux à mettre en place).

Techniquement, si les collectivités locales (communes ou communautés de communes hein... car c'est plus facile de faire des cochonneries gérer tout ça en groupe) sont donc soumises à l'obligation légale de pratiquer le triolisme sélectif, la loi ne leur impose pas de processus déterminé.Oui, parce qu'en France on aime les choses simples et pratiques : chacun se démerde comme il veut à la one again. Asterix spirit, village gaulois, toussa. C'est donc aux communes de choisir le mode d'action (individuel ou collectif) à sa sauce. Et en toute logique, c'est un grand festival de n'importe quoi de compétition, tant les personnes qui décident quoi faire n'y bitent rien la plupart du temps. A moins qu'elles ne soient simplement manipulées par les grands acteurs privés du secteur (comme par exemple Vérolia® ou Sistita®) dont la probité légendaire force le respect au moins autant que celle d'un Balkani, et qui héritent souvent de délégations de service public bien juteuses, merci au revoir madame. Le grand gagnant n'est donc généralement ni l'environnement, ni le budget communal, ni même le simple bon sens.
Les ordures ménagères, c'est un peu le mythe de Sisyphe actualisé.

Du coup, il est probable que ces dernières années vous ayez connu des changements d'organisation et/ou de tarif au niveau de l'enlèvement des ordures ménagères, simplement en raison de l'évolution de la loi. Dans ma cambrousse par exemple, tout ce bazar a été confié à un syndicat intercommunal, qui a tout changé en mettant en place des bacs de tri collectifs en lieu et place des cagettes individuelles utilisées jusque là. On va dire que c'était pour rationaliser les coûts... sauf qu'au final, ça nous revient plus cher à nous. Je suppose donc que le coût est bel et bien rationalisé, mais juste pas à notre échelon à nous. Dommage. Au final, a donc été mise en place une "Redevance incitative", sous forme d'un forfait incluant un certains nombre de levées (celles en plus étant facturées). Retenez bien le terme choisi, je vais y revenir.
Ni une pipe d'ailleurs.

En toute logique, le Syndicat Intercommunal a donc investi à fond un peu pour encourager un tri efficace et une réduction des déchets, en faisant de la pédagogie intensive avec les usagers par le biais... d'un vague courrier explicatif, sans doute rédigé initialement en Sanskrit, et traduit grâce à Gogole™ Translate. Non, mais je suis vache, y avait des dessins explicatifs. Enfin, un ou deux schémas réalisés sous Paint® quoi. Ok. Admettons, avec internet de nos jours, même si le débit moisi de notre commune indique que la ligne téléphonique utilisée a dû être posée pendant la guerre... enfin la guerre mondiale... enfin la première j'entends, il est facile de se renseigner sur les bonnes pratiques de tri et de réduction des déchets. Ce que nous fîmes avec motivation, maman Koala s'inscrivant depuis sur à peu près tout ce qu'internet doit compter de communautés écolo-bio-zéro déchet. Et le résultat ne se fit pas attendre : non seulement notre volume de poubelle a fondu, mais nous sommes même parvenus à être en dessous du nombre de levées du forfait. Tant mieux puisque la première année, le dispositif prévoyait un remboursement des levées non effectuées.

Deuxième année du dispositif : le Syndicat décide de diminuer le nombre de passages des éboueurs (le ramenant à un par quinzaine au lieu d'un par semaine), ainsi que le nombre de levées inclus dans le forfait (de 24 à 15, soit une dizaine de moins d'un coup). Mais sans diminuer le montant de la Redevance Incitative. Ok, why not, même si ça commence à faire un peu mal au rectum. La tête dans le guidon, nous réduisons encore notre production de déchets (autant le dire, on aimerait bien arriver à zéro, même si c'est quand même chaud patate) : compostage, sac réutilisable, achat en vrac. Bingo : nous sommes à nouveau sous le seuil minimum du forfait. Et là, Redevance Incitative oblige (tout le monde pige bien le terme incitatif? C'est bon? Je continue?) ils nous remboursent donc... zob.

–Zob?

Zob. Que dalle. Rien. Nada. Peau d'balle. Walou. Zéro remboursement. En cette deuxième année, si tu fais mieux que ce qu'on t'impose en terme de réduction, tu as droit à une image panini et une tape sur dos rien du tout. Oh mais voilà qui est super incitatif dites donc! Maman Koala, qui n'a pas sa plume dans sa poche, décide donc de s'en ouvrir au Syndicat en question, qui en substance, lui a répondu que oui,  mais non, c'est comme ça, et que si elle est pas contente c'est pareil, pis que de toutes façons c'est pas possib' que tu ne produises pas de déchets et picétou, et que rembourser les levées non effectuées ça risquerait d'encourager les dépôts sauvages et la fraude, et que du coup, c'est un peu louche qu'on ait si peu de levées et oh dites donc. Alors qu'à l'évidence, leur dispositif dans lequel les éboueurs ne passent plus qu'une semaine sur deux, pas du tout. Ok, les mecs, changez rien, on vous kiffe. Si, quand même, éventuellement, pour le prochain support pédagogique, je suggère l'envoi d'un film informatif sur cassette VHS. Suffit de recycler une vieille vidéo d'entreprise, ça devrait le faire. Ça envoie du rêve.
Message à caractère informatif.
Précision : la loi prévoit certes une TEOM (Taxe sur l'Enlèvement des Ordures Ménagères), exigible dès lors que vous vivez dans une commune, au même titre que la taxe foncière par exemple, que vous fassiez appel au service d'enlèvement des ordures, ou pas. En revanche, la redevance imputable à l'utilisation du service est bien distincte, et ne peut être exigée si l'usager ne fait pas appel au service d'enlèvement. Manifestement, chez nous, le Syndicat fait un peu l'amalgame entre les deux... Dommage car la réduction/valorisation des déchets est un bel objectif.

Vous pensez que cet exemple d'incompétence est rare? Détrompez-vous. En Suisse par exemple, un usager  très impliqué dans la réduction de ses déchets (recyclage, compost, etc), s'est vu menacé par sa commune car... il n'avait pas sorti une seule poubelle depuis le début de l'année. C'était donc forcément un fraudeur. Logique : quand t'es premier de la classe, t'es toujours suspect de tricherie. Pis d'façon, si tu produis pas de déchets c'est que tu consommes pas et que t'es un mauvais citoyen qui ne participe pas à l'économie.C'est quand même marrant cette tendance des autorités à voir les citoyens comme des ennemis et des présumés coupables de fraude, plutôt que comme des alliés objectifs à impliquer intelligemment lorsqu'il faut s'attaquer à ce genre d'enjeux...

Bon certes, il est sans doute illusoire de penser que tout le monde s'impliquerait à fond et qu'il n'y aurait aucune triche, mais j'ai la faiblesse de penser qu'il est plus efficace de responsabiliser les gens en les encourageant et en les impliquant, que de les infantiliser en les matraquant d'interdits, de taxes, et de procédures crétines administratives absconses. Un peu comme les gnomes en fait. M'enfin moi, je dis ça, je dis rien hein...

Tiens, au fait, figurez-vous que pendant mes vacances, je me suis rendu sur la grande plage de St Gilles Croix-de-Vie, et que là, accroché à une poubelle, se trouvait un grand seau en plastique équipé d'une sangle, vous proposant de mettre à profit une ballade sur la plage pour ramasser quelques détritus. Initiative privée d'un membre de la Surfrider Foundation, je le précise. Et bien j'ai eu du mal à remplir le seau : la plage était moins crade que celle de St Jean de Monts. Lien de cause à effet, je ne sais pas : ça reste une goutte d'eau propre dans un océan de déchets, mais bon, c'est un peu le principe du colibri de Pierre Rabhi, si chacun fait sa part, ça ne peut pas faire de tort. Et ça donne le bon exemple. Comme quoi...
#seauplagepropre
En plus c'est une idée applicable partout : forêt, mer, montagne... Tiens d'ailleurs : vous partez en vacances bientôt? Que diriez-vous d'acheter/récuperer un grand seau en plastique, de prendre votre plus beau feutre, d'y inscrire le petit texte qui va bien, et d'accrocher le seau près d'une poubelle publique, dans un endroit que vous aimeriez voir propre ? Ça pourrait être une idée sympa à populariser et pas trop coûteuse non?

mercredi 10 juin 2015

Le théorème du morpion

Aujourd'hui, comme l'indique le titre, on va aborder le théorème du morpion. En matière de business s'entend. Là, logiquement, vous vous dites : "Ouf! Il s'agit de théorie des jeux appliquée à l'économie, et non du tristement célèbre pou de pubis!". Et il est vrai que le jeu abusivement appelé "Morpion" (il s'agit en réalité du tic-tac-toe) est à mon sens une assez bonne illustration de la théorie des jeux appliquée à l'économie, puisqu'il s'agit d'un jeu à somme nulle : il est impossible de gagner si tous les joueurs jouent de façon optimale.
Des "X" et des rondelles... non vous n'êtes pas sur Canal le premier samedi du mois...

Sauf qu'en fait, non, le théorème dont je vais vous parler se réfère bien au pou de pubis. Mais bon, appliqué à l'économie quand même hein!
"♫ Je suis Morbac le morpion, regardez comme j'suis mignon...♪"

Ça vous étonne? Et bien ça ne devrait pas. Les métaphores animalières sont pourtant courantes, que ça soit en économie (on parle de "requins" de la finance, de fonds de pensions "charognards", etc...), ou de façon plus philosophique quand on dit que "l'homme est un loup pour l'homme".

D'ailleurs selon moi, ce proverbe bien connu qui sous-tend l'idée que les humains ne se font pas de cadeaux entre eux, est très mal formulé en y associant le loup : dans la nature, les meutes de loup fonctionnent comme des familles. Le couple reproducteur, ce sont les parents, les autres membres de la meute étant les enfants. La meute fonctionne de façon plutôt coopérative, et techniquement, la structure hiérarchique très pyramidale que l'on prête aux loups est finalement très... anthropomorphique. Au temps pour le vieux mythe de l'Alpha (d'ailleurs démonté depuis par l'auteur même de ce mythe, David Mech)... Donc franchement, entre nous, si l'homme était vraiment un loup pour l'homme, on ne serait sans doute pas dans un tel merdier...
"Pourriez regarder ailleurs svp?"

Donc pour ma part, je suis plutôt d'avis que l'homme est un morpion pour l'homme : c'est à dire qu'il est un parasite qui s'accroche aux poils de sa victime, suce son sang, et se multiplie en provoquant d'horribles démangeaisons.

Le théorème du morpion s'énonce donc ainsi : "toute activité économique ou sociale disposant d'un minimum de visibilité, génère un nombre exponentiel de parasites voués à faire de l'argent à ses dépens."

Un exemple? Maman Koala s'est depuis peu installée comme autoentrepreneur pour monter son cabinet de naturopathe (d'ailleurs, si vous en cherchez une, elle consulte aussi via Skype pour info). Outre les démarches obligatoires (inscription au registre du commerce, assurance, compte pro, URSSAF, RSI, mystère, et boule de gomme) de ce statut simplifié, vous n'imaginez pas la quantité de courriers/pubs/spams/appels qu'elle a pu recevoir pour tenter de lui extorquer quelque argent (qu'elle n'a pas, précisons-le : elle vient de s'installer). Y compris sous forme de courriers qui ont l'air parfois très officiels et obligatoires. Mais ne le sont pas. Il y a donc là tout un écosystème de parasites qui vivent de l'arnaque comme des morpions : accrochés aux poils des Autoentrepreneurs, PME, SARL (etc) qui s'installent, en essayant de les faire cracher au bassinet, et produisant en contrepartie... du rien. Mais du rien qui démange sérieusement le porte-monnaie quand même hein...
"Ça ne vous dit pas de payer fort cher pour apparaître dans notre annuaire à la diffusion confidentielle?"

Un autre exemple assez frappant, est celui des illustrateurs et autres graphistes. Peut-être avez vous suivi récemment l'affaire "Biba"? Pour résumer, un morpion une boite qui a des fonds cherche à obtenir des visuels qui pètent leur race en vue d'une large diffusion et le tout sans débourser un kopeck parce c'est bien connu que les illustrateurs travaillent pour la gloire et se nourrissent de bisous. Vous voyez, c'est bien le principe du parasite.

Bien évidemment, ça n'est pas une première (ni une dernière hélas). On dirait que pour certains, le fait d'exercer un métier créatif ou artistique (dessin, comédie, écriture, comptabilité à l'UMP, etc...) indique que vous ne souhaitez pas être payé avec de l'argent, mais juste avec de la reconnaissance et de la visibilité du vent. A la marge, vous exercez déjà un métier que vous aimez, donc il manquerait plus qu'on vous paye en plus! Si on se fie à cette logique, plus vous exercez un métier qui vous plait, moins on vous paye. Et inversement. Du coup, j'en déduis que :

  • PDG d'une grande banque internationale est un métier que ceux qui le pratiquent doivent totalement détester, limite à se flinguer. Honnêtement, je pense que leur femme (ou leur mari) doit les obliger à y aller tous les matins, avec un flingue sur la tempe.
  • Johnny Hallyday n'aime pas du tout ce qu'il fait
  • Marc Lévy écrit comme certains vont à l'usine. #Ohwait!
  • je dois apprécier beaucoup trop mon job... c'est bizarre j'avais pas l'impression...

Ces hommes ont créé leurs entreprises à contrecœur.
Mais figurez-vous que le théorème du morpion s'applique aussi aux blogs!

Vous êtes de plus en plus nombreux chaque jour à venir lire mes bêtises. Evidemment, ça me fait plutôt plaisir, mais il se trouve que ça a une autre conséquence : les statistiques de visites de mon blog commencent à susciter la convoitise de toutes sortes d'entreprises, agences de marketing et autres soit-disant spécialistes du référencement plus ou moins réglos. Je reçois donc de plus en plus de mails me proposant l'un ou l'autre partenariat, me demandant de parler de l'un ou l'autre produit, ou me faisant l'une ou l'autre proposition mirobolante. Si si : mirobolante. Bon, soyons honnête, tout n'est pas à jeter là-dedans, et je reçois de temps en temps des mails très personnalisés et sympathiques. Bon objectivement je répond rarement positivement, ne serait-ce que parce que mon blog ne se prête pas vraiment à la promotion de produits, quels qu'ils soient. Ceci étant, cela m'arrive tout de même, par amitié et/où pour un produit que je trouve vraiment positif, comme c'est le cas pour les t-shirt de Josette la Chouette, ou le site Private Famille (mais dans ce cas, ça vient souvent de moi). Et sinon de façon générale, je réponds à chaque demande (bon parfois avec un peu de retard), souvent avec humour et parfois avec un petit courrier à l'anthrax.
En même temps, comment lui résister? Quoi? Le chat un peu plus haut? C'est pas pareil : des chats, j'en ai, je sais de quoi ils sont capables...

Et puis il y a toute une faune de "chargés de communication", "chargés de partenariat", "agents référencement" et autres "responsables marketing" qui se donnent tout juste la peine de copier-coller un pauvre texte pondu par quelque stagiaire sous-payé (voir pas payé du tout), sans personnalisation ni sentiment. Et croyez-vous qu'ils vous contactent car ils ont lu (et kiffé) votre site? Que nenni! Ils se sont contenté de récupérer un vieux listing d'adresses mail (sans doute aimablement donnée crapuleusement vendu par l'une ou l'autre société parasite dont c'est le métier... ça porte même un nom, on appelle cela du e-data) sans daigner ouvrir la page internet du blog/site en question pour vérifier sa ligne éditoriale. Au mieux ils auront jeté un œil aux stats de visites proposées gracieusement à vil prix par une autre société parasite proposant du e-data.

Et du coup, ça peut donner des échanges surréalistes comme celui-ci :

(N.B. : le mail est à l'identique de celui que j'ai reçu, sauf les liens que j'ai masqué parce qu'il ne faudrait pas me prendre pour un jambon... mais j'ai tout de même indiqué les thématiques de ces liens histoire que vous puissiez constater le puissant rapport avec la choucroute. Tout ce qui a été édité est en rouge, le reste est d'origine.)

Bonjour,

 Nous promouvons le référencement naturel de plusieurs sites dans différents domaines par le biais des échanges d'articles.
Nous souhaitons ainsi effectuer un échange d'articles avec votre blog afin d'améliorer nos positions respectives dans les moteurs de recherche. 
[note de Papa Hérisson : on appelle ça de la double pénétration. Du cœur de cible bien sûr...]
L'article à publier sur votre site suivra entièrement sa ligne éditoriale et sera informatif afin d'apporter satisfaction à vos différents lecteurs.

Vous trouverez ci-dessous la liste de nos blogs où nous pourrons publier votre ou vos articles :

  • [édité] : lien vers un site de bricolage art et décoration
  • [édité] : lien vers un site d'architectes et immobilier 
  • [édité] : lien vers un site de maison actuelle et travaux 
  • [édité] : lien vers un site de loisirs et d'évasion 
  • [édité] : lien vers un site de mode et accessoires 
  • [édité] : lien vers un site de carrefour des entreprises 
  • [édité] : lien vers un site d'informatique et haute technologie 
  • [édité] : lien vers un site de médecine et bien être 
  • [édité] : lien vers un site d'auto et moto
Seriez-vous intéressé par un échange de contenu croisé entre nos sites ?

Voici ce que nous vous proposons :

 - Diffusion d'un article unique de 300 à 400 mots environ sur notre blog
(Si vous le souhaitez nous rédigerons un article de 350 mots pour vous gracieusement et nous publierons 2 articles sur votre blog) 
[note de Papa Hérisson : à ce niveau, ça n'est plus de la double pénétration, c'est carrément un gang bang]
- Libre choix du sujet de votre texte 
[note de Papa Hérisson : sans déconner? je vous préviens, je vais me lâcher!]
- Intégration d'une image représentative (logo, photos, etc.) non obligatoire
- 1 ou 2 liens hypertextes pointant vers vos sites ou vos blogs.
 En retour, nous vous demanderons d'insérer sur votre site un article contenant les liens hypertextes pointant vers notre site ou blog.
Si cette proposition vous intéresse, merci de bien vouloir nous informer.
Nous diffuserons votre texte dans les plus brefs délais.

Bien cordialement,
Quentin Roux
Agent référencement
Là déjà, on sent bien le gars qui a lu un ou plusieurs de mes articles, tant la pertinence est extraordinaire! Il est clair que le rapport entre ma ligne éditoriale et l'auto, la moto, la déco, le bricolage et surtout surtout la mode et les accessoires peut vous sauter au visage, tel l'alien sur Sigourney Weaver. Du coup, je me suis fendu d'une belle réponse enthousiaste :

Bonjour Quentin Roux (seriez-vous de la famille de Panda Roux par hasard?),
donc, si je comprends bien votre proposition, en échange d'un article que j'écrirais gratuitement du contenu sur le site de l'un de vos partenaires, vous écririez gratuitement un article publicitaire sur mon site? 
Si je vous avoue que je serais bien tenté, rien qu'à l'idée de pouvoir publier une tribune sur "l'élevage des loutres priapiques du Zimbabwe" sur le site [auto et moto] par exemple, ou "de l'apologie du pet qui tâche" sur [mode et accessoires], je reste malgré tout un peu rétif à l'idée de vous laisser les clés de mon pauvre blog... j'ai peur que quelqu'un n'y dessine des bistouquettes ou ne vomisse sa vodka-fanta dans un coin après une soirée un peu trop arrosée... 
cordialement,
Papa Hérisson

En général, bizarrement, j'ai peu de retours. Je ne comprend pas pourquoi. Mais là non. Je n'ai pu que supposer que la quantité de schnouff qu'ils avaient dans le pif devait les empêcher d'apprécier tout le second degré de ma réponse. Ou alors, Q. Roux a voulu faire une blague à l'une de ses collègues en lui refilant le bébé, car voici le retour que j'ai obtenu peu après, mais d'une autre interlocutrice :

Bonjour,

Merci de votre retour.

Je suis Stéphanie, chargée du partenariat sur les échanges d'articles. [note de Papa Hérisson : sérieusement? c'est un vrai métier?]

J'attends donc votre article à publier sur notre blog.

En ce qui concerne notre article, il tournera autour de la caisse enregistreuse tactile.

Cela vous convient-il ?
 [note de Papa Hérisson : tu m'étonnes! Pour paraphraser cette chère Ginnie, j'en fais déjà des rondades rien qu'à y penser!]

Pour l'article nous vous enverrons l'article et c'est vous qui intègrerai l'article dans votre blog et vous ferez également pareil. Vous me transmettez votre article afin que je le publie dans notre blog. 
 [note de Papa Hérisson : les fautes de français sont d'origine. Le Bescherelle, c'est comme le budget pub ou le budget illustration, c'est trop cher.]

Voici les conditions de rédaction :

-         Article unique sans contenu dupliqué
-         Article de 400 mots minimum
-         2 liens hypertextes maximum
Dans l'attente d'un retour de votre part,

Bien cordialement,

Stéphanie MARTINEZ

L'aiguille du déconnomètre étant sortie du cadran, je crois que j'ai dû m'évanouir quelques minutes en convulsant légèrement à la lecture de ce message. Il m'a même semblé apercevoir une licorne en train de déféquer un arc-en-ciel. Purée, faut que j'arrête la colle Cléopâtre moi... Il m'a donc fallu un peu de temps pour me reprendre et répondre de nouveau.

Bonjour Stéphanie Martinez!
Tiens!? Ça n'est plus Panda Quentin Roux qui me parle? Vous avez fait échange? Et... oh bon sang!!!! Je crois que je viens de comprendre! 
"Partenariat", "échange d'article", "la caisse enregistreuse tactile"... Même le "nom" de votre collègue : Q Roux... où le votre : Martinet (enfin Martinez, mais c'est presque pareil) j'aurais dû me douter de quelque chose! Il est donc question de "partenaires", d'"échanges", de "tactile"... En fait votre proposition concerne l'échangisme c'est bien ça? 
Je vous avoue que ça me rassure un peu, car je ne voyais pas bien ou vous vouliez en venir et ce que j'avais à y gagner. 
Bon, entre nous, il va falloir être gentil et indulgent avec moi, car je n'ai pas pratiqué l'échangisme depuis un bail (je devais avoir 10-12 ans maximum). En plus c'était toujours dans un cadre pas très mainstream si vous voyez ce que je veux dire : je n'aimais pas trop le foot, alors j'échangeais plutôt des autocollants des Chevaliers du Zodiaque ou de Cobra.
Des souvenirs d'échangisme émouvants! 
Pour la "caisse enregistreuse tactile", ça a l'air drôlement sympa! Et puis je pense que sur un blog parental déconneur, ça va envoyer du rêve. En plus ça va beaucoup plaire à mes gnomes qui sont très tactiles. D'ailleurs, mon fiston a un dinosaure volant en plastique qu'il a appelé Pedro. Pedro Tactile. [note de Papa Hérisson : rendons à César ce qui est à Napoléon, celle-là n'est pas de moi ni de mon fils, mais de maman Koala. Oui, j'ai réussi à la pervertir, maintenant elle fait aussi des calembours!Mouahaha!]
Sacré Pedro, toujours le mot pour rire!
Par contre, je ne sais pas si ça va tellement faire sur-kiffer mes lecteurs. Leur truc c'est plutôt les calembours et autres contrepèteries à connotation sexuelle... désolé, ils sont parfois un peu basiques, mais je les adore! Ceci étant, vous disiez que l'article allait "tourner autour de la caisse enregistreuse tactile", mais il va tourner autour longtemps? Vous pensez le mettre en orbite? Où bien c'est comme les drosophiles autour d'un coprolithe récent : il tourne, s'éloigne, s'approche, et se pose dessus pour y pondre?
 
De mon côté, je pense finalement qu'un article sur les compétitions olympiques de lancer de crottes de nez en milieu professionnel sur le site [architectes et immobilier]  pourrait avoir son petit succès. Surtout avec des gifs animés de chaton en train de faire les cons. Même si, objectivement, ça peut se discuter avec un billet bien documenté et richement illustré concernant l'art difficile du "poil au..." pendant les entretiens d'embauche sur le site (poil à la ####) [maison actuelle et travaux]. 
P.S. : si vous croisez Q Roux, passez-lui le bonjour de ma part. Et accessoirement, pensez à lui emprunter son Bescherelle, je pleure encore un peu de sang sur le "c'est vous qui intègrerai l'article" là... 
lichouilles baveuses,
Papa Hérisson

Mais là je suis déception : plus de réponse de leur part... Ah attendez... un mail vient d'arriver!!!! Ah non zut, c'est autre chose. Un groupe de pop rock nantais, Humanovis, qui voudrait que je glisse un petit mot à leur sujet pour aider à les faire connaître. Je leur aurais bien répondu que mon blog n'avait rien à voir avec la choucroute, mais ils m'ont eu : leur dernier titre évoque les relations parents-enfants, et c'est plutôt rigolo (même si je n'accroche pas à la mélodie). A quelques jours de la fête des pères, sur un blog qui s'intitule "Papa Hérisson", avouez que c'est plutôt d'actualité. Mais je vous laisse juges. Allez topette les aminches!


jeudi 4 juin 2015

Ça te mine, à tort.

Prologue

Tout commença dans une ruelle obscure, au sein d'un quartier de banlieue. La nuit était calme, et le ciel dégagé. On ne voyait pas âme qui vive. Puis subitement, un papier gras, qui avait dû servir d'emballage à quelque junk food avant d'être jeté au sol négligemment, s'envola. Le vent se leva d'un coup. L'air se chargea d'électricité, une mini tornade se déclencha faisant valser feuilles d'arbres et détritus. Il y eu comme un coup de tonnerre, et tout s'arrêta.
Je vous raconte pas la facture EDF...

Une odeur piquante d'ozone se répandit alentour. Au fond de la ruelle, au centre d'un hémisphère parfait creusé dans l'asphalte et dont les bords étaient encore légèrement incandescents, se tenait un homme agenouillé. Nu. L'homme se redressa maladroitement avant de tituber, l'air un peu perdu, vers le bout de la ruelle. Il n'eut pas le temps de faire plus de quelques mètres, qu'une sirène de police retentit brièvement. Un véhicule de la maréchaussée, gyrophare allumé, s'arrêta devant l'individu ébloui par les phares. Deux policiers en descendirent.
–Dites donc, ça vous prend souvent de vous balader à poil comme ça? demanda l'un des flics.
–Que... euh... attendez, en quelle année sommes nous? répondit l'homme.
–En quelle...? Vous vous foutez de moi c'est ça? Allez zou, contrôle d'identité, et je vous arrête pour exhibition sur la voie publique. Allez hop, en voiture!
–Que... non! Vous ne pouvez pas, je dois... il faut... l'avenir de l'humanité en dépend et...
L'homme tenta de fuir, mais les deux policiers l'interceptèrent sans mal, avant de le conduire au poste, où il fut placé en cellule de dégrisement en attendant l'arrivée d'un officier.

Le véhicule de patrouille avait déjà quitté les lieux : les policiers ne virent pas ce vent étrange se lever de nouveau, l'air se charger de nouveau en électricité, et le tonnerre éclater tandis que l'odeur d'ozone se répandait encore. Dans une seconde ruelle, un nouvel hémisphère incandescent, creusé dans les pavés et une partie d'un mur, venait d'apparaître. En son centre, une créature complètement à poil. Un observateur se serait vite rendu compte que son apparence organique était purement factice : le suintement mécanique qui se produisait à chacun de ses mouvements et la lumière émise par ses yeux ne laissaient planer aucun doute.

Au petit matin, au commissariat.
–Je vois, dit l'officier de police à l'individu qui venait d'exposer brièvement son histoire. On va reprendre calmement. Alors donc, vous venez tout droit du futur, c'est bien ce que vous venez de déclarer monsieur... Biquette? Et vous êtes un...
–Un Coureur-Rasoir. C'est de l'argot, le véritable terme consacré est "Celui Qui Court Sur Le Fil Du Rasoir". Ça sonne mieux en anglais et c'est plus court : "Blade Ru..."
–Oui, bon ok, c'est quoi un "Coureur-Rasoir"?
–Une sorte de flic, un peu comme vous, mais spécialisé dans la traque des Intelligences Artificielles défectueuses, qui ne respectent pas les Lois de la Robotique.
–Je vois...  Si vous venez du futur, vous allez surement pouvoir me dire quel est le prochain tirage du loto pour prouver vos dires alors!
–Désolé, je n'ai pas connaissance de tels détails, je viens de 2050. Vous souvenez des tirages du loto de 1970 vous?
–certes, ça aurait été trop beau... bon, le prochain président de la république peut être?
–Facile, en 2017, c'est une femme qui a été... sera élue... tout le monde l'a appris en cours d'histoire.
–Une femme? Marine Le Pen? Vous êtes militant FN c'est ça?
–De quoi? Qui ça? Désolé, je ne connais pas cette Maraine Lapine comme vous dites... je parlais de Mélanie Laurent. Brrr. Une présidente de sinistre mémoire. Heureusement que Jacques Cheminade a redressé les choses après ça en mettant son C.U.L. sur la lune... Enfin bref : oui, je viens du futur. Pour sauver l'humanité.
–Et... donc vous vous baladez à poil car...? Les "voyageurs temporels" ne portent pas de vêtements? Ça ne rentre pas dans la machine? Le convecteur temporel dissout les textiles? Les vêtements n'existent plus dans le futur?
–Hein? Ah si bien sûr. Avouez que ça serait quand même con. C'est juste que j'étais en train d'enquêter dans une communauté néo-luddite qui déteste les machines. Ils rejettent catégoriquement les étoffes fabriquées par des robots. Du coup, comme c'est super compliqué de trouver autre chose à cette époque, ils ont tendance à se balader tout nus. Ou avec des pagnes en fougères à la rigueur, mais ça gratte un peu. Ceci étant, le naturisme est considéré avec bienveillance en 2050... Enfin bref, il fallait que je m'intègre pour obtenir leur confiance.
–Admettons. Et vous, vous n'avez pas pris le temps de vous changer avant d'embarquer dans la machine à voyager dans le temps...
–Ce sont les néo-luddites qui l'avaient la machine. Je n'ai pas eu vraiment le choix.
–Ils refusent de porter des fringues fabriquées par des machines, mais avoir une machine à voyager dans le temps ne leur pose pas de problème?
–Rhaaa, vous cherchez la p'tite bête. Le Délocalisateur Temporel est une machine plutôt complexe : un humain ne peut accomplir la même tâche. De leur point de vue, ça fait une différence. De toutes façons, elle ne paie pas de mine, elle ressemble à une cabine téléphonique alors bon... Et puis bon, c'était une question de priorités.
Décidément, la facture EDF va être vraiment salée...
 –Moui. "Sauver l'humanité" vous disiez. 'pourriez être plus précis? Quelle est la menace? Une invasion de caleçons fabriqués par des ordinateurs chinois?
–Pire... un robot a été lui aussi renvoyé dans le passé par K-Net pour modifier l'avenir en s'attaquant à celui qui deviendra le Sauveur de l'humanité plus tard : Jean Connor.
–Pardon?
–C'est compliqué... tout a commencé quelques années après la guerre contre les monstroplantes de Monsantox®. Un soir de cuite, un ingénieur de chez Gogole™ a trouvé le moyen de produire une Intelligence Artificielle en combinant un smartphone à processeur ADN et une canette de bière.
–Sans déconner?
–Disons que ça fait partie de ces découvertes dues au hasard et à la sérendipité... Mais fondamentalement, c'était révolutionnaire. Aucun ordinateur, même à processeur biologique n'avait réussi à approcher la véritable intelligence artificielle. Mais dans le cas présent, une fois complètement pété à la bière, le processeur se mis à faire des trucs complètement cons. Personne n'avait jamais réussi à mieux simuler l'intelligence humaine.
–Vous êtes en train de me dire que le Saint Graal de la technologie informatique, l'Intelligence Artificielle, le secret de la Conscience, le Cogito Ergo Sum, c'est un ordinateur qui a trop bu?
–Oui. L'erreur est humaine, mais l'alcool aide pas mal. K-Net était né. Mais il se montra hostile... il avait l'alcool mauvais. Il commença à infecter le réseau internet à l'aide de lolcats et de spam pour proposer du Viagros® et des agrandisseurs de pénis suédois... Puis ayant pris le contrôle du réseau, K-Net nous attaqua à l'aide de son armée de robots commandée sur Metazon®, et fabriquée dans des usines chinoises. On a failli prendre cher... Heureusement un homme providentiel se leva fièrement, et entra en résistance. Son nom de code était Jean Moulin Connor. Il nous montra la voie de la victoire, en mettant au point une technologie de communication que K-Net ne pouvait pirater, nous permettant ainsi de déconnecter le réseau internet et d'isoler K-Net...
"–Veux-tu faire une petite partie de Candy Crush Dave? Hic!"

–Une nouvelle technologie? La fibre optique? Un réseau quantique?
–Non, des pots de yaourt avec une ficelle.D'ailleurs, en 2050, la marque Yopla® est devenue leader mondial de la communication via le Yaourtnet.
Mais Donane® pense lancer prochainement des réseaux Bifi mobiles pour les gens qui marchent...

–...
–Mais on ne sait comment, K-Net a réussi à trouver un Délocalisateur Temporel, et renvoyer un de ses robots dans le passé. Il veut se débarrasser du futur inventeur du Yaourtnet.
–Je vois. Manifestement, votre cas ne relève pas de la police...
–Non, bien sûr! C'est l'armée qu'il faut mobiliser! Eux seuls peuvent stopper le...
–Je pensais plutôt aux infirmiers du centre psychiatrique voisin. D'ailleurs ça tombe bien, mon collègue me fait signe qu'ils viennent d'arriver. Aller, topette!
–Noooon! Attendez, vous devez me croire!!! K-Net l'a renvoyé dans le passé aussi. Il va s'attaquer à Jean Connor. Vous devez l'arrêter! Vous devez stopper le Purbynator!
Les suppliques de l'individu se poursuivirent jusqu'à ce que les infirmiers le bouclent dans leur ambulance, après l'avoir harnaché dans une camisole.
–Pauvre type, se dit l'inspecteur. Un Purbynator... qu'est-ce qu'il ne va pas inventer... Et lui aussi est à poil je suppose? Ah ah!
Le Purbynator.

François Rabelais disait : "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme". Vous disserterez vaguement sur la question et conclurez de façon ambiguë en vous appuyant sur une citation controversée d'un obscur philosophe en  4 pages minimum, ramassage des copie dans 2h. Outre que cette phrase fait un super bon sujet de dissert' (que celui ou celle qui n'a jamais planché dessus en français ou en philo me lance la première pierre tablette de chocolat), je pense que nous serons tous d'accord pour dire que c'est pas faux.
Juste pour savoir, c'est quoi que vous n'avez pas compris?
Il faut dire que les exemples d'une mauvaise utilisation de la science, sans éthique ni morale afin de produire une technologie néfaste et dangereuse, ne manquent pas :
  • la dynamite (article de farce et attrape)
  • la bombe A (système d'éclairage)
  • le crépi (moyen de torture)
  • la fenêtre pop-up (test de QI)
  • l'orgue Bontempi (arme de destruction massive)
  • Justin Bieber (autre moyen de torture)
  • les OGM (jeu d'apprentis sorciers)
  • le Purby® (jouet qui est une sorte de croisement OGM improbable entre un Bogdanov Gremlin, un orgue Bontempi, un Pokemon et un Tamagoshi).
Notons cependant, que certains inventeurs ont eu le bon goût de se repentir pour le mal qu'ils ont pu faire, comme par exemple Alfred Nobel (inventeur de la dynamite), ou encore Ethan Zuckerman (l'inventeur des pop-up). Comme quoi ils avaient bien un truc sur la conscience...

Je vous parle de cela, car le p'tit prince vient de se chopper 5 ans (purée, que le temps passe...). En général, quand on lui demande ce qu'il veut pour Noël/son anniv/toute autre occasion, on obtient rarement une réponse exploitable. Il faut dire que sans télé, point de pub. Et sans pub, point de bourrage de crâne de gnome avec le dernier jouet à la mode. Mais ça, c'était avant. Avant l'école. Car, malheureusement, les camarades de classe remplacent avantageusement la télé et ses pubs en matière de bourrage de crâne. C'est un peu comme un pop-up finalement...

Et c'est donc ainsi que le p'tit prince nous demanda un Purby®. Il avait eu l'occasion de croiser cette... "bestiole" entre les mains d'une de ses camarades de classe (MERCI! Franchement!) et avait eu le coup de cœur. Bref. Lorsque mamie Hérisson me demanda ce qu'elle pouvait offrir au gnome, nous lui suggérâmes le machin (en lui recommandant toutefois un modèle d'occaz' sur leptitcoin.fr, parce que vu le prix du neuf...). Ainsi fut fait, mamie Hérisson parvenant à dégoter l'un de ces trucs pour une somme modique :
–Et en plus il est quasi neuf, m'a dit la dame...
–Bizarre à ce prix là. Serait-il tombé du camion, et récupéré ensuite dans un hémisphère incandescent au fond d'une ruelle? Ah ah ah!

Vous vous en doutez, le Purby® fit le bonheur du p'tit prince au déballage des cadeaux. Le nôtre un peu moins. Il faut dire que :
  • le Purby® fonctionne sur piles
  • la trappe des piles se visse
  • il n'y a pas de bouton on/off
  • pour enlever les piles et l'éteindre totalement il faut donc dévisser cette futain de trappe
  • le machin passe son temps à causer, mais dans une langue connue de lui seul : le Télétubbies le Purbish® (à l'oreille ça sonne surtout comme du chinois prononcé à l'américaine en fait)
  • il parait qu'il finit par apprendre quelques mot de français. Mouaih : "pas possible", "incroyable", "tu t'amuses?", le tout avec un accent improbable (c'est bien simple, on dirait du Michel Leeb). Bref, c'est pas du Victor Hugo. Au mieux du Nabilla...
  • il n'y a pas de bouton on/off
  • de temps en temps il rote et il pète. Si si.
  • il émet aussi parfois une sorte de rire de psychopathe.
  • il souffre de trouble dissociatif et passe donc son temps à changer de personnalité pour un oui pour un non. Gentil, cinglé, crétin, psychopathe... C'est épuisant.
    Non, il n'est pas tout seul dans sa tête.
  • IL N'Y A PAS DE BOUTON ON/OFF : COMMENT EST-CE QU'ON ÉTEINT CE FUTAIN DE PURBY®, MORDEL DE BERDE?

Bon mais alors,me direz vous, il ne s'éteint jamais? Si, heureusement quand il n'a plus de pile quand on le laisse tranquille dans un lieu pas trop bruyant quelques minutes, il finit par dire un truc du genre "Neuneu a sommeil" (je suppose donc que "Neuneu" est le nom du nôtre puisqu'il parait qu'ils ont chacun le leur... à moins que ça ne décrive son IA, je ne sais pas trop) et après un ou deux ronflements sonores et un pet bien senti il finit par se mettre en veille. Heureusement, car s'il fallait dévisser la trappe des piles pour en enlever une ou deux chaque fois qu'on veut l'éteindre, ça serait vite gonflant. Non, en fait c'est déjà gonflant comme ça.

Étonnamment, dans les jours qui suivirent, le bidule se mit à "s'endormir" de plus en plus rapidement dès qu'on le laissait tranquille. Apprentissage? Que nenni. Problème de batterie. Ce truc fonctionne sur 4 piles AA, et il les consomme à un vitesse juste affolante (notez, vu qu'il passe son temps à causer et remuer pour faire du rien, ça n'est guère surprenant en fait). Résultat : au bout de 4 jours d'une utilisation modérée (l'effet découverte passé, le gnome n'est pas suspendu à ce jouet à longueur de journée non plus, ouf!), Neuneu s'est arrêté de fonctionner, les yeux grands ouverts, mais plus illuminés.
 [    ] ◄ rien
Plus de piles donc. Ok.


J'attrape donc mon plus beau tournevis (enfin, celui que Boulette ne m'a pas encore bouffé au niveau du manche quoi...), dévisse la trappe, et remplace les piles par un lot de piles rechargeables (pas full up mais bien chargées quand même) que j'avais sous la main.
[    ] ◄ nada
Bon. Je redévisse, vérifie, revisse.
[    ] ◄ que dalle
Bon. Je redévisse de nouveau, teste la charge. Ok. Je remets les piles en faisant bien attention au sens.
[    ] ◄ zéro
Je teste les piles d'origine par curiosité : à moitié pleines. Quoi? Mais... mais... Bon, ok, je tente de remettre les piles d'origine.

[    ] ◄ zob
Je vois. Je farfouille dans ma boite à malice piles. Bon, il me reste seulement 2 piles AA non rechargeables neuves, pas 4. Tant pis, je tente de mixer les piles neuves avec les anciennes...
"Neuneu aime chatouilles!"
Ok. Donc non seulement ça bouffe des piles, mais en plus, ça mange salement et ça ne finit pas son assiette : Môssieur Neuneu fait son bégueule, les piles à moitié remplies, ça n'est pas assez bien pour lui.
Bien joué le chat! S'il est vivant, il peut mourir...

Du coup le Purby® passe l'essentiel de son temps à roupiller/comater-faute-de-piles, et le p'tit prince a repris ses crayons et feutres tous neufs (eux aussi reçus à son anniv') pour nous faire de jolis dessins. Et c'est pas plus mal.


Épilogue

Le Coureur-Rasoir était parvenu à s'échapper de l'asile. Il avait même réussi à localiser "Jean Connor".  Ça n'avait pas été simple : l'inventeur du Yaourtnet était un homme discret, son pseudonyme était tiré d'un vieux film il parait, et son vrai patronyme était inconnu. Il avait fallu procéder à des recoupements. L'homme se tenait probablement devant la maison d'enfance de celui qui allait sauver l'humanité et révolutionner les télécommunications. C'était pas banal. Il jeta un œil par la fenêtre. Bon sang, le "Sauveur" était sûrement ce jeune garçon qui mangeait un yaourt! Un yaourt!!! Si ça se trouve, il réfléchissait déjà à son invention géniale.

Alors qu'il épiait par la fenêtre, son coeur se serra brusquement. Il arrivait trop tard : le Purbynator avait été plus rapide que lui et se tenait au milieu du salon. Si seulement la police ne lui était pas tombé dessus, il serait arrivé à temps... Mais... étrangement, le Purbynator ne bougeait pas. Pourquoi n'attaquait-il pas? Il était peut être encore temps, mais il fallait agir vite. Il frappa à la porte.
*toc toc*
–Oui?
–Monsieur Conn... euh... Papa Hérisson?
–C'est moi.
–Je m'appelle Sam... peut importe, je suis à la recherche de Jean Connor : je viens de notre futur pour vous sauver du Purbinator, et sauver l'humanité de K-Net!
–...
–C'est qui? demanda maman Koala depuis la cuisine
–J'ai pas tout compris il parle trop vite, mais il me semble qu'il a dit qu'il était Sam, et qu'il cherchait un jeune connard "no future" pour sauver l'humanité des cannettes.
–Ah... c'est un capitaine de soirée qui a perdu un de ses potes?
A ne pas confondre avec cet odieux personnage.

–J'sais pas trop, il a plutôt une dégaine de témoin de Jéhovah de la vodka je trouve... je crois plutôt qu'il voudrait qu'on lui refile une 'tite cannette en fait..
–Non, vous ne comprenez pas, vous êtes en danger! dit-il en attrapant le bras de Papa Hérisson. Venez avec moi si vous voulez vivre!
–Et moi je vous conseille de me lâcher si vous voulez vivre...
–Ce ne... commença-t-il en lâchant néanmoins son interlocuteur. C'est le Purbynator, il vous veut du mal!
–Le quoi? Ah, le Purby® là?
–Ouiiiii! Il travaille pour K-Net!
–Vous aussi vous êtes phobique de ces trucs là? Maman Koala n'aime pas trop ça non plus : ça ressemble trop à un mogwaï, elle en a la trouille depuis qu'elle a vu "Gremlins" quand elle était petite. Mais ouaih, ça j'ai remarqué qu'il nous voulait du mal. Enfin, surtout à nos nerfs en fait. Mais bon, sans piles il n'ira plus très loin. Hein Neuneu? C'est ballot hein : Darwin est le plus fort! Ah ah ah! Allez, maintenant, vous êtes bien gentil mais y a pas de jeune connard ici et si j'étais vous, j'éviterais d'abuser des cannettes, l'alcool c'est pas bon pour vous. Ciao!
Et Papa Hérisson claqua la porte.

Plus de piles. Sam Biquette souffla de soulagement. Le Purbynator vaincu par manque de piles. C'était ironique en y pensant. M'enfin bon, venant d'une IA alcoolique d'un autre côté. Qu'importe, l'humanité était sauvée, c'est tout ce qui compte. Il était temps de penser à rentr...
–Zut! Le retour! Le délocalisateur temporel ne sera créé que dans le futur... Je fais comment pour rentrer? Oh bravo!
T'as pas fini de te balader dans le passé mon pauvre Sam Biquette...