jeudi 27 mars 2014

Et si ça te plait pas, c'est pareil!

Un petite brève aujourd'hui. Je lisais ce jour dans la presse, que le ministre du chômage du travail, Michel Sapin avait déclaré que les chiffres du chômage allaient "dans la mauvaise direction",  et qu'il fallait "maintenir le cap". Maintenir le cap dans la mauvaise direction donc. Au début, cette formule m'a fait penser à la phrase de Félix Houphouët-Boigny : "Nous étions au bord d'un gouffre, nous avons fait un grand pas en avant...".
"–Ok, je sais que vous avez déjà l'oignon comme ça... mais il va encore falloir faire des efforts!"
Mais finalement, en y réfléchissant un peu, et sachant que la phrase n'a pas dû être énoncée textuellement comme cela, ça me fait plutôt penser à cette formule, prononcée généralement face à une requête insistante d'un gnome dans le but de couper court :

–Bon stop! C'est comme ça et pis c'est tout! Et si ça te plait pas, c'est pareil!

Convenons-en, c'est un peu le degré zéro de l'argumentation. Et d'ailleurs, ça fonctionne rarement de la façon voulue, puisqu'en général vous obtenez juste cris & hurlements de la part du gnome concerné. Gageons donc que, les mêmes causes produisant les mêmes effets, les prochaines semaines seront socialement et politiquement agitées...
Oui, la politique ça me pompe un peu l'air aussi...

Comme l'Etat a tendance à nous prendre pour des gamin, et comme je suis sympa, voici les 10 commandements qui marchent assez bien sur les gnomes quand vous voulez obtenir quelque chose et que les gnomes ne veulent pas trop :
  1. T'expliquer toujours tu devras : le gnome n'est pas idiot, il peut comprendre si on lui explique bien. Après il ne voudra peut être toujours pas, mais là, c'est juste qu'il veut vous faire chier. Mais il ne faut pas confondre autorité et autoritarisme.
  2. Contredire l'autre parent tu proscriras : évitez de vous contredire entre parents, les gnomes profitent de ce genre de faiblesse. Dans le même ordre d'idée, rejeter la faute sur l'autre parent si vous êtes séparés, ne fera pas avancer les choses : au contraire.
  3. Sur l'essentiel jamais tu ne transigeras : si c'est une question vitale, expliquez pourquoi il n'y aura pas de négociation possible
  4. Tu ne t'énerveras et ne paniquera point : c'est un signe de fébrilité, de manque de contrôle, et donc de faiblesse. Vous pouvez menacer ou punir si c'est justifié, mais sans s'énerver, ça ne fera qu'ajouter de l'huile sur le feu (les cris appellent les cris). Se disperser, faire et dire n'importe quoi, courir dans tous les sens ne vous aidera en aucune façon. Recentrez-vous sur l'essentiel.
  5. Tu n'écouteras point les conseils à la con : les "moi si j'étais vous..." ont toujours beaucoup de conseils et de recommandations à donner. Si vous commencez à suivre tous ces avis divergents, vous n'irez nulle part car vous ferez tout et son contraire. J'ajouterai que certains conseils ne sont pas désintéressés (pour vous vendre un truc par exemple)... Si vous avez une ligne claire (mais encore faut-il en avoir une), tenez-vous y. Ça ne vous empêche pas de faire évoluer votre stratégie si celle que vous utilisez ne donne pas les résultats escomptés, mais gardez votre objectif premier en tête.
  6. Tu n'insulteras point : traiter le gnome d'idiot qui ne comprend rien ou de méchant ne vous aidera pas, c'est un non-argument. Si le gnome ne comprend pas, c'est parce que vous expliquez mal, pas parce qu'il est bête.
  7. Tu n'accuseras point la mauvaise influence d'autrui : accuser Marine, la fille du voisin, d'avoir une mauvaise influence et vouloir empêcher de la fréquenter ne résoudra pas votre problème : Marine est peut être une petite conne avec des idées stupides, mais c'est un symptôme, pas une cause. Votre gnome ne la suivrait pas si les principes que vous inculquez tenaient la route. Virer la nounou ne résoudra sans doute pas le problème non plus.
  8. Tu ne mentiras point : mentir, c'est insulter l'intelligence du gnome. Ça se voit, et vous finirez par vous faire chopper... sans compter que ça donne un bien mauvais exemple. Essayer de détourner l'attention peut fonctionner un temps, mais c'est reculer pour mieux sauter.
  9. Négocier tu pourras : on n'attrape pas les mouches avec du vinaigre, vous pouvez éventuellement négocier (sauf commandement n°3) si vous avez des billes pour cela, mais il faut que ça reste cohérent et crédible (le coup du poney ne marchera qu'un fois, surtout si c'est du bluff)
  10. Ton erreur tu reconnaitras : vous avez le droit de vous tromper, de reconnaître votre erreur et de changer d'avis (pas trop souvent quand même). Mais persister dans l'erreur en se justifiant d'un "Il faut maintenir le cap et aller plus vite et plus fort dans les réformes" "C'est comme ça!" est juste incroyablement stupide et contre-productif.

4 commentaires:

  1. Pas mal ce petit tour des commandements, c'est à peu de choses près les mêmes à la maison...Quant à la politique, vraiment, il faut que je me bouche les oreilles et occulte mes yeux car autant d'inepties, je me demande comment c'est possible....

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    1. Faudrait sans doute que je fasse une bafouille spécifiquement sur le sujet (je parle de la politique, des politiciens et de leur médiocrité) car il y aurait beaucoup à dire, mais je pense que la raison principale : c'est une certaine "paresse" ambiante. C'est un peu lié à la culture fast-food que j'ai déjà évoqué. Notre société veut que les choses aillent vite, et si possible, sans trop se fouler. Cette paresse se manifeste aussi au niveau intellectuel, plusieurs exemples :
      -l'éducation nationale (oui, j'aime bien taper dessus, c'est un peu personnel je crois) : pour que la plus grand part d'une classe d'âge ait son bac, on baisse le niveau d'exigence
      -pour qu'une émission télé fasse un maximum d'audience : on se montre le plus simpliste possible
      -pour qu'un programme politique soit plebiscité : on fait de la démagogie et des formules vides de sens
      Mais finalement, même si nous râlons contre l'incompétence et la bêtise de nos dirigeants, nous avons une part de responsabilité. En nous berçant de l'illusion de l'Etat Providence, en nous infantilisant nous même à force d'exiger que l'Etat s'occupe de tout, prenne tout en charge, régule tout, etc... nous avons encouragé cette culture de la paresse et de la déresponsabilisation je pense. Peut être serait-il temps, au lieu de pleurnicher sur la médiocrité de ceux que NOUS élisons, de nous sortir les doigts du #bip# et de trouver nous-même des solutions... parce que de leur côté, je vois peu d'espoir.

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  2. Je plussoie tout à fait, j'en suis arrivée aux mêmes conclusions...J'ai juste un peu de mal à imaginer comment sortir de ce merdier...(en évitant une guerre civile si possible)

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    1. On voit fleurir des initiatives qui vont dans le bon sens (exemple : http://rue89.nouvelobs.com/2014/03/29/a-saillans-les-1-199-habitants-ont-tous-ete-elus-premier-tour-251062), mais je soupçonne que ça ne peut être viable qu'à un échelon local. A une échelle plus importante, je pense que les solutions restent à inventer... je postule néanmoins qu'une forme de régime moins "personnalisée" (président, premier ministre, patin-couffin) et plus collégiale (genre : un conseil "ministériel" à l'éducation constitué de X membres, idem pour la justice, la défense, etc... dont les membres seraient élus). Ce modèle pourrait s'avérer problématique en cas de guerre par exemple (mais on peut imaginer un mode dégradé plus resserré dans ce cas rare), mais aurait le mérite de mettre en jeu des "spécialistes" pour chaque branche, plutôt que de voir la ligne politique (de l'éducation nationale par exemple), décidé par une poignée de grands décideurs qui n'y bitent rien de A à Z. En faisant reposer tout ça sur des rapports menés par des chercheurs/commissions indépendants, et en faisant analyser objectivement le résultat des réformes par des institutions indépendantes elles aussi, y aurait peut être moyen de faire un truc. Peut être... Et ça pourrait se faire sans guerre civile (cf "révolution" en douceur en Islande).
      Mais pour être franc, chez nous ça n'en prend pas le chemin pour le moment : trop d'individualisme, trop de rancœur, de méfiance envers "l'autre", trop peu d'ambition. Quel dommage... quel gâchis pour le pays qui a contribué à inventer les droits de l'homme, le pays de Voltaire, de Rousseau... Il faudra sans doute qu'on touche le fond avant de donner le petit coup de pied qui nous fera remonter à la surface. [/mode pessimiste off]

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