vendredi 23 janvier 2015

Les pressions de la liberté

Vous ne serez sans doute pas passé à côté du fait que ces dernières semaines, nous avons été amenés collectivement à nous poser (ou nous reposer) un certain nombre de questions morales, voire philosophiques.
"–Tire sur mon doigt pour voir?"
 Je veux parler de questions particulièrement profondes du type :
  • Peut-on rire de tout? Et si oui, avec tout le monde?
  • La liberté des uns s'arrête-t-elle là où commence celle des autres?
  • L'expression de la liberté peut-elle outrepasser la liberté d'expression ? Et vice-versa? (elle de moi celle-là)
  • Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité mérite-t-il l'une ou l'autre? Finira-t-il par n'avoir aucune des deux?
  • Si je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, dois-je me battre pour que vous ayez le droit de le dire?
  • La première des libertés est-elle la liberté de tout dire?
  • L'impertinence satyrique est-elle soluble dans le politiquement correct?
  • Quand est-ce qu'on mange?
  • Si quand je regarde une caricature du prophète je pense à un zob est-ce que je suis Charlie?
  • Est-ce que sucer c'est vraiment tromper?
  • Vous êtes Odile Deray?
    Oui, je sais, se moquer du pape c'est blasphémer. C'est mal. Mea culpa.
  • Les pigeons sont-ils d'anciens électeurs déçus de François Hollande?

Attention, la liberté d'expression est dangereuse pour la santé

Et le rire tue. La preuve, on peut mourir de rire. Attendez... non, je confonds avec les kalach'
Il faut bien dire que la liberté d'expression c'est quand même un truc vaguement dangereux quand on la confie à des irresponsables ou des inconscients. Un peu comme une fiole de nitroglycérine entre les mains d'un parkinsonien qui a le hoquet quoi. Enfin je schématise, mais manifestement c'est grosso modo l'idée qui ressort de ce sondage IFOP à chaud (bon disons à tiède) sur la liberté d'expression : 42% des gens interrogés estimant qu'il faut éviter de publier des caricatures de Mahomet, et environ 50% des gens interrogés étant plutôt favorable à une limitation de la liberté d'expression sur internet et les réseaux sociaux (la presse papier on n'en parle pas par contre).

A priori si je comprends bien ce sondage, ça doit vouloir dire qu'un gif animé avec la caricature d'un barbu légendaire adulé par des millions de fidèles et des chatons tout kawaïs sur un blog à la diffusion confidentielle c'est mal. En revanche Eric Zemmour dégoulinant de xénophobie dans la presse papier, diffusée à des milliers d'exemplaires, c'est bon, ça va.
Oui, je sais... j'ai hésité à mettre plutôt cette image, mais je n'ai pas osé. Je me suis autocensuré, je suis lâche, pardon. Mais faut me comprendre : j'ai une femme avec de magnifiques jambes à la fourrure toute douce, deux gnomes, trois chats, deux chiens et un hérisson...
En gros, certains semblent penser que ce qui est arrivé à la rédaction de Charlie, c'est bien triste, mais que bon, ils l'avaient un peu cherché... Je ne vais pas m'étendre sur ce point précis, je l'ai déjà fait ici, et Rock'n Lolita l'a exprimé encore mieux qui moi ici. Je résumerai juste en disant que c'est un peu gonflé de faire porter la responsabilité d'un crime à la victime plutôt qu'au criminel.

En fait, je pense que ce sondage reflète surtout une forme de paresse intellectuelle (communément désignée sous le terme scientifique de "connerie"). Oui, parce que bon : ok descendre à presque 4 millions dans la rue pour dire #jesuischarlie et défendre la liberté d'expression c'est bien sympa, mais bon là ça va être l'heure de "Plus belle la vie" et après y a le tirage du Kéno alors la liberté d'expression bon hein... Ou pour résumer simplement : #jesuischarliemaispasmaintenantjaipiscine

Et puis la liberté d'expression c'est compliqué en fait. Bon, se moquer voire choquer des gens dont on se contrefiche, ou qu'on n'aime pas comme par exemple les arabes, les juifs, les homo, les blondes, les curés : passe encore. Et déjà, bon, c'est risqué on l'a vu. Mais subir un discours qui nous choque nous, là, ça va quand même un peu trop loin Maurice... Du coup on ne peut pas laisser faire : la liberté d'expression oui! Mais que pour ceux qui sont globalement d'accord avec nous. Non mais.

T'as le droit, mais c'est interdit...

Bon, si vous me suivez depuis longtemps, vous connaissez déjà mon amour immodéré pour la bienpensance républicaine, mais aussi pour la censure et les interdits. Du coup, vous vous doutez un peu que je suis plutôt favorable à une liberté d'expression non restrictive, même si le prix à payer est d'entendre s'exprimer des mecs qui sont juste des raclures de fond de bidet. Alors bon, je vous vois venir bande de petits fripons, vous allez me sortir des trucs du genre :

–Le droit à la satyre ok, mais par exemple on ne peut pas laisser passer de soi-disant traits d'humour qui font l'apologie du terrorisme!

–Il y a quand même des choses qu'on ne peut pas dire, même sous couvert de liberté d'expression : l'appel au meurtre, le soutien au terrorisme, la discrimination, l'insulte...

–L'humour oui, les discours de haine sous couvert d'humour même pas drôle non!

–Et comme ça tous les conspirationnistes fondus de petits hommes verts, de chinois du FBI de la NSA et autres pseudo-complots américano-socialo-sionistes vont s'en donner à cœur joie!

Ok. Mais qui va décider ce qui relève de l'humour, voir de l'humour drôle, et ce qui n'en relève pas? Qui va définir la limite entre absence d'empathie pour les victimes (la compassion ne peut être contrainte après tout) et soutien aux terroristes? Qui va déterminer la différence entre provocation imbécile (et irresponsable) et menace définie et sérieuse? Qui aura le droit de décider de ce qui relève du révisionnisme/complotisme plutôt que du questionnement légitime? Le gros souci lorsqu'on limite la liberté d'expression, même avec de bonnes intentions du reste, c'est qu'il est délicat de la définir cette limite justement, d'autant qu'on ne pourra jamais contenter tout le monde.
"Veuillez profiter de ce dessin culturellement, ethniquement, religieusement et politiquement correct de façon responsable. Merci."
–Mais crénom [je vous trouve un poil familier quand même, va falloir se calmer un peu] tu ne peux nier que certains abusent de cette liberté d'expression! Est-ce que tu laisses tes enfants balancer des gros mots ou des insultes sans rien dire par exemple?

Bien sur que non : je leur explique que ça ne se fait pas, et je punis, ou je leur dis qu'ils le seront s'ils recommencent. C'est ma prérogative en tant qu'autorité parentale.


–A ce moment là, pour ceux qui abusent de la liberté d'expression, c'est la même chose :  la justice doit intervenir!

Ah bin tiens, bonne idée, faisons ça. Oh mais vous savez quoi? C'est déjà le cas : la loi protège la liberté d'expression, mais elle permet d'en condamner les abus. Par exemple l'insulte publique, la diffamation ou l'appel au meurtre sont réprimés par la loi sur délibération d'un tribunal. Mais toujours à posteriori par contre, car Tom Cruise étant un peu débordé, il n'a pas le temps de se coltiner tous les affreux avant qu'ils ne commettent leur forfait. Too bad.
"–Je vois... je vois... je vois Jean-Marine balancer un gros touïte® qui tâche, bien polémique dans pas longtemps."
Un individu est donc libre de lancer une menace de mort à autrui, mais s'il le fait, il est puni. Logique. Et jusque là, ça ne me pose aucun problème.

Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais

On pourrait penser que ces lois étaient suffisantes puisque couvrant l'ensemble des situations d'abus possibles, mais le législateur a également introduit le délit  d'apologie (terme fourre-tout suffisamment flou pour permettre moult interprétations)  du terrorisme dans le but de durcir les condamnations liées aux appels au meurtre dans ce contexte particulier. Et cette loi a été encore récemment durcie par le législateur, spécialement si cette apologie est réalisée sur internet ou les réseaux sociaux. Ainsi ce délit, s'il est constaté par la justice, est passible de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende(7 ans et 100 000 euros s'il est commis ou relayé sur Internet).

C'est bien pratique puisque ça permet de coller au gnouf pour un long moment tous les pénibles qui viennent baver sur les rouleaux de la République :
On fera le tri plus tard. Ou pas.
Donc, outre une forte amende, ces vils malandrins risquent maintenant de la prison ferme histoire de leur apprendre... euh... de leur apprendre quoi d'ailleurs? Ah oui : à respecter la liberté d'expr... euh... à respecter celle des aut... enfin à ne pas exprimer leur opinion balancer des conneries comme ça pif pouf. C'est une mesure pédagogique! C'est ça, pédagogique, pour les ramener dans le droit chemin de la pensée consensuelle, et les empêcher de se radicaliser ou de passer à l'acte.

Enfin en théorie, parce que je ne sais pas pour vous, mais je serais à leur place, j'aurais un peu la haine. Prenons l'exemple du jeune un peu rebelle qui veut crâner devant ses potes style ni dieu ni maître tac-tac-t'as vu! Histoire de faire causer de lui pour émoustiller la Géraldine, il balance un gros touïte® un peu nauséabond et bien provocateur. Oui, le jeune, il est comme ça : il dit des trucs cons sans forcément réfléchir, il écoute du Justin Bieber, et il fume parfois des pet'. C'est bête, je sais, mais il faut bien que jeunesse se passe. Sauf que là, ni une ni deux, on le coffre et on lui colle une apologie du terrorisme sur la margoulette.

Et c'est là qu'apparaît le problème de la proportionnalité de la peine. Parce que dans le cas présent, ça proportionne pas terrible je trouve. Imaginons que votre enfant a balancé un "grosse patate pourrie" au voisin comme ça pour faire son intéressant.Pour le punir vous allez l'enfermer à la cave pendant deux semaines avec les voyous du quartier? Vous croyez que ça donnerait de bons résultats?

Là c'est pareil, à mon avis, le fait de coller le jeune au cachot et au ramassage de savonnette dans les douches communes juste pour avoir balancé une connerie qu'il ne pensait pas vraiment, ça va pas forcément  l'empêcher de se radicaliser (à défaut de se ridiculiser puisque ça c'est déjà fait), surtout vu le voisinage à Fleury-Mérogis. Mais par contre ça risque de lui donner quelques envies de revanche vis-à-vis de ce législateur si susceptible. Des trucs à base de plan incliné, de bâtons, et de joli costume en latex par exemple. Idem pour le mec qui balance une insulte à un flic sous l'effet de l'alcool.
Costume de saucisse en latex, j'entends...
Alors bon, je sais, vous allez me dire que les tribunaux sont justement là pour proportionner les peines, et que les condamnations seront sans doute légères ou inexistantes dans de nombreux cas. Sauf que le durcissement de la loi a conduit à juger ces faits en comparution immédiate : donc examen rapide voire superficiel de l'affaire, et droits de la défense assez succincts. Du coup pour l'instant, c'est pas franchement l'impression qui en ressort. Alors en terme de pédagogie, c'est un peu foiré : on a l'impression que sur la liberté d'expression, en France, c'est un peu faites ce que je dis, mais pas ce que je fais.

Les lois mémorielles : la liberté à ses limites

Toujours dans le domaine de la pénalisation des abus liés à la liberté d'expression, il y a les fameuses lois mémorielles qui interdisent de remettre en question certains faits historiques établis (la Shoah, ou le génocide Arménien depuis peu). Je ne conteste évidemment pas les faits historiques en questions, et objectivement il faut être passablement con ou de mauvaise foi pour le faire. Mais si ces lois partent à l'évidence d'un bon sentiment, et d'un objectif louable de lutte contre la connerie en barre, elles se révèlent au final aussi utiles et pédagogiques (encore) que la technique éprouvée consistant à dire très fort "♪ LA LA LA! JE N'ENTENDS RIEN DE CE QUE TU DIS! ♫" en se bouchant les oreilles lorsque quelqu'un vous raconte un truc qui vous déplait :
  1. d'une ça n'empêche pas la personne qui balance ces théories de les penser
  2. de deux ça n'empêche visiblement pas leur diffusion (elle se fait juste par des canaux plus confidentiels)
  3. de trois ça permet à la personne de se poser en victime (de la censure, d'un complot, de l'incompréhension, etc...), et donc d'attirer la sympathie éventuelle, pour lui et ses thèses, de tous ceux qui se méfient de l'autorité pour X raison
  4. et de quatre ça évite à tout contradicteur éventuel (et je ne doute pas qu'il y en ait) de venir ridiculiser l'inconvenant en lui enfonçant bien le nez dans son caca verbal à l'aide de jolis arguments bien étayés, puisqu'on peut juste se contenter de censurer le contrevenant et de rabâcher le discours officiel consensuel comme quoi c'est pas bien de nier les faits, ce qui ne manquera pas de convaincre les opposants n'est-ce pas?
♪ LA LA LA! J'ENTENDS RIEN! ♫
En général, il me semble que pour lutter contre le feu on utilise de l'eau, et pas des bâtons pour cogner sur les flammes. De la même façon, j'aurais tendance à penser que l'intelligence et l'éducation peuvent lutter contre la connerie beaucoup plus efficacement que la prison. Mais bon, ça n'est qu'une idée comme ça hein...

Notons d'ailleurs que ces fameuses lois ont fait (et font encore) couler pas mal d'encre, et que même certains intellectuels qui condamnent farouchement les thèses négationnistes y sont opposés par principe. Elles ne se sont du reste jamais distinguées par une efficacité remarquable, si ce n'est de mettre en lumière les contrevenants et leurs thèses justement. Pas de bol.

Mais jusqu'où s'arrêteront-ils?

On pourrait se dire qu'il y a déjà du lourd, mais manifestement, pour certains ça ne suffit pas. Et l'UMP par exemple, propose donc de sanctionner les élèves n'ayant pas respecté la minute de silence en hommage aux victimes des attentats. Hors cadre scolaire, des sanctions sont d'ailleurs déjà tombées. Excellente idée : puisque notre pays défend et revendique la liberté d'expression, imposons donc l'expression d'une compassion nationale rendue obligatoire, quitte à ce qu'elle soit factice (et nos politiciens en savent quelque chose n'est-ce pas?). A défaut de savoir rassembler sur les principes qui sont derrière, imposons l’œcuménisme républicain autours de certains symboles, icônes dérisoires et parfois vides de sens pour certains, comme l'hymne national ou la devise du pays. Les valeurs sont foutues : mais sauvons les apparences.

Dans le camp d'en face, il est envisagé de créer (ou plutôt de réactiver) une peine d'indignité nationale. Rien moins. Avec déchéance des droits civiques et patin couffin. Mais c'est vraiment pour les trucs graves, le mec ou la nana qui nous colle la honte, le facepalm de la nation tu vois...
"–Oh le con!"
Bref, à l'instant où l'on s'apprête à faire disparaître totalement le délit de blasphème (religieux) de notre beau pays,  on songe donc à en créer le pendant laïque et républicain. Bien joué, on n'est plus à un paradoxe près.

Et pourtant, le rassemblement historique et plus ou moins spontané du 11 janvier nous montre bien que ces jolis hochets républicains sont superflus, que la population est capable se mobiliser massivement pour peu qu'elle s'approprie des valeurs auxquelles elle croit, et non de simples symboles. J'ajouterai que ce paradoxe serait hilarant s'il n'était tragique, puisque Charlie Hebdo s'est justement donné depuis belle lurette pour mission de justement dynamiter les symboles, aussi bien religieux que républicains.

La liberté d'expression est univers... oh et puis zut!

Bref, c'est tellement compliqué la liberté d'expression totale, que finalement ça reste quand même un truc assez marginal comme le souligne Slate.
L'Antarctique ne figure pas sur la carte. Too bad pour les manchots opprimés par le régime totalitaire des ours blancs..
Carte à mettre en parallèle avec celle de l'IDH (combinant revenu par habitant, espérance de vie, et alphabétisation). Juste comme ça pour rigoler. Voilà voilà...
Décidément, les manchots sont tricards...

Voilà voilà. Et sinon, il y a des gens qui ont tellement bien compris l'esprit #jesuischarlie qu'ils ont décidé de meuler la face du vil buraliste crypto-jihadiste qui tentait de carotter la dernière édition de Charlie Hebdo. D'autres gens ont décidé promouvoir la liberté d'expression en lui donnant de la valeur à cette dernière édition... Esprit Charlie je vous dit!!! Ils sont bien les gens...
Non, vraiment. Il faut arrêter.
Comme j'ai commencé cette note par quelques belles citations, je terminerai donc sur cette autre belle citation, de Douglas Adams :

"Ça me flanque la migraine rien qu'à m'abaisser à essayer de penser à votre niveau."


mercredi 14 janvier 2015

Les enfants sont adorribles!

Avertissement : ce billet contient de vrais morceaux de nostalgie gnangnan et d'authentiques pépites de mauvaise foi enrobée de Cétémieuavan™. Peut également contenir des traces d'arachide enrobée de chocolat.

Il fut un temps glorieux, une époque bénie des dieux appelée "années 80".
Aaaah, les années 80...

En ce temps-là :
  • le mur de Berlin (pour les plus jeunes de mes lecteurs : sorte de mur de Gaza made in Germany, ou sorte de Mur, mais pas en glace) semblait inébranlable, et les méchants communistes d'URSS symbolisaient la menace suprême contre le monde libre
    Les Marcheurs Blancs locaux étaient appelés "agents de la Stasi"
  • l'orgue Bontempi et Jean-Michel Jarre (pour les plus jeunes de mes lecteurs : sorte de David Guetta de l'ère Mitterrandienne, mais avec des lasers. Plein.) révolutionnaient le bruit la musique
    Sorte de concert de Jean-Michel Jarre
  • Mac Gyver (pour les plus jeunes de mes lecteurs : sorte d'improbable croisement entre James Bond, et José Bové Nicolas Hulot, capable de transformer un mixeur, une paire de bretelles et un concombre en god-ceinture hélice de hors-bord) donnait envie à toute une génération de porter la mulette d'avoir un couteau suisse et de mépriser les armes à feu
    Mac "Mulette de la Mort" Gyver
  • Goldorak (pour les plus jeunes de mes lecteurs : sorte de Vache-hilare® robotisée géante) anéantissait des hordes de Golgoths (robots) extraterrestres à grands coups de fulguropoings et de cornofulgur
    Sacrée Vachekirak®
  • les téléphones portables étaient rares, chers, et ressemblaient à ceci :
    Ok, c'est plus "portatif" que véritablement "portable" je suppose.
  • la France était à la pointe de la technologie grâce au Minitel (pour les plus jeunes de mes lecteurs : sorte d'ancêtre tout pourri de l'internet, le "36 15 ULLA" pouvant donc être considéré comme le vieil oncle consanguin de "Youporn")
    Certains le voient comme étant à internet ce que la 2CV est à la C4 : un ancêtre. Personnellement, je le vois plus comme la Trabant : une vieille tante stérile.
  • Windaube n'existait pas (enfin pas vraiment, Windaube 3.1 n'étant sorti qu'en 1992), et donc les écrans bleus Windaube non plus
  • il y avait des Treets® et des Bonitos®
    Fond dans la bouche, pas dans la main. Bon ok, un peu sur les hanches aussi...
  • et surtout, les enfants étaient formidables!
    "–T'as un gros nez monsieur!
    –Ah ah ah! Les enfants sont FORmidables!"

Et objectivement, vu ce à quoi les gosses des eighties (dont je fais partie) ont survécu, ils l'étaient probablement. Attention, ça ne veut pas dire qu'ils le soient resté! Beaucoup d'entre eux (dont je fais partie) sont probablement devenus de gros cons, grognons et misanthropes.

Mais hélas, cette belle époque est terminée :
  • l'indestructible mur de Berlin, symbole du communisme triomphant, a été réduit en morceaux, vendus fort cher et symboles du capitalisme charognard sans foi ni loi
    Les morceaux avec graffiti valent plus cher il parait...
  • Jean-Michel Jarre a raccroché la guitare vendu le synthé... (mais de mauvaises langues prétendent qu'il poursuit néanmoins son œuvre destructrice artistique)
    C'est bon, on t'a reconnu Jean-Mi!
  • Mac Gyver s'est finalement engagé dans l'armée pour flinguer de l'alien par paquet de 12, et a abusé des Tacos
    Quand je vous dit que les années 80 c'était mieux...
  • Goldorak est mort
  • les nouveaux smartphones seront bientôt aussi gros que les téléphones portatifs des années 80 (et coûtent toujours un bras)
    Même les téléphones sont prétextes à des concours de b...
  • le minitel n'existe plus
  • il y a eu Windaube 3.1®, Windaube 95® (de sinistre mémoire), Windaube Meuh®... et Micro$ot™ a tellement la trouille de sortir une bouse en "9" (comme les 95 et 98), que pour conjurer la malédiction éventuelle d'un potentiel Windaube 9®, il vont directement sortir Windaube 10® après Windaube 8®
  • plus de Treets® ni de Bonitos®, remplacés par des s'W et W
    C'est renversant!
  • et surtout, surtout : les enfants ne sont plus formidables!
    "–Bon écoute Charlie, la liberté d'expression a ses limites quand même..."
Et oui, les enfants de maintenant, c'est plus ce que c'était. De nos jours, les enfants sont blasés, pourris, gâtés. Aujourd'hui, les gamins se collent devant la télé à longueur de journée. Dans les années 80, si tu voulais regarder un dessin animé, fallait attendre les heures, voire les jours où ils étaient diffusés. Pis y avait qu'une télé : celle des parents, et tu pouvais toujours courir pour espérer mater tranquille les 5 minutes de Ulysse31 juste avant 20h pour peu que le JT de Mourousi ait une ou deux minutes d'avance.
Yves Mourousi : sorte de Claire Chazal de l'époque. En moins blonde, mais en plus journaliste.
Enfin, je dis qu'ils se collent devant la télé, mais en fait, ils sont plutôt penchés sur leur téléphone à longueur de journée. Dans les années 80, inutile d'espérer avoir son téléphone portable à 6 ans (d'façon t'a vu la tronche du bidule plus haut? Il t'aurait fallu une brouette pour trimballer le bouzin!) : tu collectionnais les images Panini et picétou.
Darwin, ce gros troll...
Et puis de nos jours, ils sont abreuvés de violence et de sexe partout, tout le temps... sur internet, à la télé, dans la rue. Dans les années 80, le monde était douceur, innocence et bisounours à part bien sûr les loubards, Rambo, Ken le Survivant, les affiches 4x3 avec des nanas à poil et les playmates de Collaro.

Tiens, prenons l'exemple de mes gnomes : en ce moment ils sont absolument horribles!


Xéna nous vrille les oreilles à la moindre vexation, préfère les vilains biscuits industriels aux délicieux gâteaux de maman Koala, veut qu'on s'occupe d'elle en permanence et toutes affaires cessantes, et refuse des plats qu'elle adorait jusqu'ici et qu'on préparait pour lui faire plaisir. Sans compter les caprices à géométrie variable de princesse à base de "j'veux faire toute seule!" mixé de "j'veux que tu m'aides!".
"Comment ça y a plus de nouilles?"

Et le P'tit Prince... parlons-en! En pleine phase "Kévin-de-la-Tourette" (syndrome fréquent à certains âges chez les enfants) il multiplie les gros mots ("caca", "pipi", "prout" et autres "caca boudin") et les vagues insultes ("t'es nul", "t'es moche", "patate pourrie"...) dans une recherche perpétuelle de la transgression et de la provocation. Et bien sûr, il conteste la moindre instruction donnée.
Un peu dark le P'tit Prince en ce moment (j'ai aussi hésité avec cette image)...
"–T'es nul!"

Et bien sûr, ils passent leur temps à se chamailler pour un oui pour un non... Alors que, franchement, nous autres de la génération 80, nous étions des petits anges.
...
...
Mais si, mais si.

Tiens, d'ailleurs voilà que j'entends encore Xéna qui chouine...
–Que se passe-t-il encore ma puce?
–Mon doudou *xnirf*... mon doudou Pinpin *xnirf*... on ne le retrouve pas!
–Allons allons, il ne doit pas être bien loin...
–*snif* Ma... ma... maman elle a déjà cherché partout... *bouhouhouhouhou*
–Je confirme... :(
–Euh... et bien euh... on va... euh... chercher encore? Et...
–Papa?
–Attends P'tit Prince c'est pas trop le moment là...
–Mais si papa! C'est parce que ma petite soeur Xéna elle est malheureuse, alors j'avais quelque chose pour elle. Tiens Xéna. Je te donne mon doudou pour remplacer Pinpin. Comme ça tu ne seras plus triste. Et moi, maintenant, je suis trop grand pour avoir un doudou.
–...
–...
–*xnirf* Merci grand frère  :')
Cet homme vient de rentrer dans... la quatrième dimension.

Purée! C'est malin ça! V'là qu'je chiale comme une midinette regardant la fin de "Titanic" moi (rapport au fait que cette andouille de Rose avait largement la place d'accueillir  cet abruti de Jack sur son pu#@1µ de débris flottant)... Ils sont adorables. Et mignons. Et horribles. Et ignobles. Ils sont adorribles! Ils sont mignobles!



P.S. : rassurez-vous, on a finalement retrouvé Pinpin. Et là ils se battent la trottinette. Tout est redevenu normal.
Une relation fraternelle normale quoi...

jeudi 8 janvier 2015

Putain, mais... où est Charlie bon sang!


Pour d'évidentes raisons, le billet initialement prévu cette semaine est reporté à une date ultérieure. Non que je n'ai pas envie de rire (au contraire, même, j'en crève d'envie rien que pour faire chier les rageux obscurantistes et pour rendre hommage aux humoristes, et aux autres, tombés sous les balles), mais le cœur n'y est pas vraiment.

Le problème avec les terroristes, surtout lorsqu'ils agissent au nom d'une idéologie (quelle qu'elle soit) c'est qu'ils sont cons comme des bites : ils s'imaginent que zigouiller des gens fait avancer leur cause. Je les défie de trouver un seul exemple probant dans l'histoire de l'humanité, mais en même temps, s'ils n'étaient pas abrutis ils ne seraient sans doute pas terroristes.

Une nouvelle preuve en a été apportée hier, lorsque des bouffons armés de kalachnikov ont attaqués des rigolos armés de crayons et fait 12 morts, et 66 millions de blessés (en France + quelques dizaines de millions dans le monde).

De ce point de vue, c'est une victoire pour les terroristes. Mais pour le reste, c'est un échec cuisant :
Yippee-ki-yay, pauvres cons !
Nous pouvons donc constater qu'en voulant faire taire "Charlie", les tueurs ont surtout réussi à le faire connaître partout, y compris dans des pays qui n'en auraient probablement jamais entendu parler, suscitant même le soutien et la solidarité de nombreux citoyens partout sur la planète. A priori, il ne doit guère y avoir que les pingouins qui ne sont pas au courant. Et encore.
« Tu ne peux pas gagner, si tu me terrasses je deviendrai bien plus puissant que tu ne pourrais jamais l'imaginer. » (Obiwan Kenobi, StarWars)
A présent, je comprends cette phrase. Les mecs de Charlie ont été terrassés, et sont devenus des symboles. Et un symbole ne peut pas mourir.

Par delà l'émotion que nous ressentons tous je pense, cet évènement nous montre que l'humour est manifestement une arme dangereuse du point de vue des extrémistes. Oui, le rire est une arme! Une arme puissante contre la barbarie. Une arme redoutable contre le totalitarisme. Une arme de choix contre la connerie. Une arme acérée contre l'obscurantisme. Alors...

AUX ARMES CITOYENS!

Et blessons ces salopards avec des éclats de rire!