mardi 2 août 2016

L'éloge que du pire!

L'actualité pour le moins chargée de ces derniers temps vous aura sans nul doute donné l'occasion de le constater : le traitement médiatique de la chose, sans même parler des réactions à chaud des "people" (vedettes, experts autoproclamés de tout poil, politiciens, et autres youtubers), est souvent au ras des pissenlits. Côté racine s'entend. Aucun degré de réflexion, aucun recul, aucun "filtre" : on balance au public des images et des commentaires à chaud, sans même se donner le temps d'analyser calmement la chose et les conséquences que ces images et ces commentaires pourraient avoir. Démission de l'éthique journalistique au bénéfice de la société du buzz à tout prix. Le premier à en causer, fusse pour raconter du n'importe quoi de compétition, sera celui qui vendra [du papier/de l'espace publicitaire/du temps de cerveau disponible/sa mère/sa morale] (rayer la ou les mentions inutiles).

Fonctionne aussi avec Facebouc®, Touïteur®, Gogole®, la radio, les brèves de comptoir, les éditoriaux de machine à café... 
C'est d'ailleurs plutôt paradoxal alors qu'on parle de phénomène de fanatisme et d'endoctrinement. Et que dire de la complaisance évidente avec laquelle les médias diffusent ces images insoutenables de violence, de séquestration et d'encouragement à la haine? Tout cela au nom de l'audimat et des revenus publicitaires...

Comment ne pas imaginer, ne pas se soucier un seul instant de l'effet délétère que ces images peuvent avoir sur une jeunesse fragile ou des individus en manque de repère? Comment ne pas prendre conscience que tout cela participe au succès du recrutement de nouveaux adeptes, chaque jour plus nombreux à tomber dans le piège machiavélique de ces quelques individus qui tirent les ficelles au sommet de l'organisation. Individus qui se soucient probablement plus de l'état de leur compte en banque et de leur pouvoir personnel, que des individus fragiles qu'ils exploitent.

Les médias sont leurs alliés objectifs : que l'on parle d'eux en bien ou en mal, qu'importe tant qu'on parle d'eux. et ça tombe bien, les médias sont là pour faire du buzz et vendre du papier. La même chose s'était produite lors des événements similaires dans les années 90. Pour gagner, il leur suffit d'envahir l'espace médiatique : tout le monde doit avoir entendu parler d'eux. Et là, visiblement, ils ont gagné : la psychose se répand d'elle-même.
Oh mon dieu! ILS sont là!!!!
Et de plus en plus d'individus rejoignent leurs rangs... moi même, j'ai une de mes collègues de travail qui a succombé à leur insidieuse propagande, et commencé son entraînement :  qui sait jusqu'où elle ira?

Il faut dire qu'elle était déjà fragile, conditionnée par les médias, facilement tentée par ce genre de dérive : le terrain était donc favorable. Et j'imagine que quelques mauvaises fréquentations l'auront conduite jusqu'à ce point de non-retour. Bientôt, elle ira sans doute rejoindre les zones de combat... enfin, les "arènes" comme ils les appellent. Sans doute une fois que son Miaouss aura évolué, ou qu'elle aura capturé assez de Rattatas...

Oui, les adeptes de "Pokemon Go" sont de plus en plus nombreux, inconscients qu'ils sont que tout cela ne sert que les intérêts des dirigeants de Nintendo et consorts, qui exploitent sans vergogne les données personnelles (géolocalisation, goûts et préférence, liste de contacts, etc...) de ceux qui succombent à l'installation de cet hippopotame rouge...

Et pourtant, soyons honnêtes, Nintendo n'a rigoureusement rien inventé:
  • Le principe de la chasse au trésor ne date pas d'hier : on peut considérer que les pilleurs de tombes de l'Egypte ancienne la pratiquaient déjà.
  • La géolocalisation par smartphone ? Bof, c'est le principe de la Géocache et de ses différents succédanés
  • La réalité augmentée? Les Google Glass® le faisaient aussi, même si leur succès n'a pas été à la hauteur, et le principe existait déjà avant : les systèmes de visée tête haute qui équipent les pilotes de chasse depuis des décennies fonctionnent sur le même principe de base consistance à surimposer des images générées par ordinateur au visuel de la réalité.

Ils se contentent donc de surfer sur le succès jamais démenti d'une licence qui a fait ses preuves... depuis le début des années 1990. Et oui, la pokemon-mania ne date pas d'hier : jeux de cartes, jeux vidéo, dessins animés, BD, etc... On pourra dire que les pokemons auront été déclinés sur à peu près tous les supports disponibles. Ne manquait que la "réalité"... voilà qui est chose faite. Et les médias de s'extasier sur le "génie" de Nintendo, qui pousse les geek à sortir de chez eux (on notera d'ailleurs quelques combustions spontanées au contact des rayons du soleil ces dernières semaines) et à marcher, parfois des kilomètres et des kilomètres.
Au moins, le geek est uniforme...

Et pourtant, ce jeu est profondément immoral.

–Comment ça immoral?

Bin oui : le but du jeu est de trouver des petits animaux kikinous, de les pourchasser sauvagement pour les enfermer dans des p'tites boules trois fois trop petites pour eux, puis de les entraîner au combat, et enfin de les faire s'affronter à mort dans des arènes, pour les plus grand plaisir de spectateurs extatiques. Et je ne vous parle même pas des "mutations" (ils parlent "d'évolutions") qu'on leur impose, très certainement à coups de produits dopants aux effets secondaires inconnus. Je ne serais pas étonné que le PDG de Nintendo soit un ancien entraîneur olympique Russe tiens...

Je vous propose donc de rejoindre le Front de Lutte contre l'Oppression des Pokemons (ou FLOP) (canal historique bien sûr), voué à convaincre les dresseurs de pokemons de relâcher dans la nature ces pauvres petites bêtes. Et si vous êtes en manque de chasse aux pokemons, sachez qu'il existe des produits de substitution :
  • la Géocache (déjà évoquée)
  • Pokédéchet Go, dont j'avais entendu parlé sur le fil facebouc® de Wonder Fofie (qui tient aussi un blog bien sympa) : se ballader dans la nature, et ramasser les pokédéchets que l'on croise, afin de les enfermer dans une pokétrashbin
    La pokétrashbin : sorte de pokéball.
  • Pokémiiii Go : ramasser les pokémiiii chatons abandonnés lors des grands départs en vacances (existe en pokéwouf) et leur faire des pokécalins en leur donnant du pokémiam et de la pokéwater, avant d'essayer de les placer dans une pokéhome avec une pokéfamilly accueillante
  • Pokémushroom Go : aller à la cueillette des champignons (comment ça "en été?!" ? franchement, vous avez vu la météo?) pour les mettre dans une poképoëlle
  • Jacquie-et-Michel Go : dans lequel Sachatte se lance à la recherche de... hum... 
  • Pokemoan Gode : dans lequel les joueurs tente d'attraper tous les... heu..
  • Pokérien : aller se promener juste comme ça, en regardant le paysage, pour mettre des pokésouvenirs dans sa pokémoire
  • Pokérêverie...
... comme par exemple l'initiative dans le cadre du festival "Rendez-vous conte" mise en place au parc de l'Isle Briand au Lion-d'Angers (le parc de l'Hippodrome) : un parcours de promenade balisée avec des petites scénettes à découvrir au fur et à mesure, permettant de s'imaginer une histoire.
Il était une fois...


Un fois franchie la pancarte de début...
...un grand méchant gentil loup, et un Papa Hérisson qui se promenaient en forêt.
...il faut ouvrir l’œil pour ne pas rater les balises.
Et là, ils croisent un elfe des bois.
"–Oh! Un bonhomme Océdar elfe sylvestre!!!" dit le papa Hérisson
"–Ça se mange?" demanda le grand gentil loup
"–Non, et je ne m'appelle pas Sylvestre, je m'appelle Icheryen" répondit l'elfe.
"–L'elfe Icheryen... hum, ok... je vois" répondit le papa Hérisson.
Enfin, les balises et aussi les petits personnages qui se dissimulent dans leur voisinage.
L'elfe ajouta : "–Faites gaffe, un géant qui chausse du 435 se promène dans le coin, il a même piétiné mes potes : l'elfe Ëdupianodebou, et l'elfe Ëlaghel ..."
Mais bon... des fois, faut être miro pour les rater.

L'elfe poursuit : "–Bon, vous le sentirez venir notez bien : il a retiré ses pompes, ça sent la chaussette à au moins 200m"
"–Ok... z'inquiétez pas, mon loup lui bouffera les durillons s'il s'approche de moi..."
–Tout ça juste parce que tu n'aimes pas "Pokemon", c'est ça?

Ah non, je m'en fiche un peu de Pokemon en fait. A la marge, je pourrais y jouer hein (enfin sauf que je n'ai pas de forfait data sur mon téléphone)... moi-même il m'arrive de geeker sur des jeux. et puis soyons honnête, ce jeu a au moins le mérite de faire sortir les gens. Mais Pokemon, c'est juste pas tout à fait ma génération. Alors ok, la politique de captation des données personnelles par Nintendo est discutable, ceci étant, là encore, ils n'ont rien inventé : pour rappel, le jour où vous faites faire une carte grise pour votre voiture par exemple, je vous conseille de bien vérifier que la case "je m'oppose à l'utilisation de mes données personnelles à des fin commerciales" est bien cochée, car sans cela, l’État français est libre de vendre... hum... pardon, de fournir vos données à des sociétés privées détentrices d'un agrément à leur accès (agrément payant bien sûr). Et il ne s'en prive pas.

Non, ce qui m'amuse (ou me désespère, ça dépend des moments), c'est cet espèce d'emballement médiatique pour le phénomène, et pas que pour ça : j'ai souvent l'impression que les médias sont complètement en roue libre. Et sur d'autres thématiques, ça peut s'avérer bien plus néfaste. Le système médiatique, c'est un peu comme le doctissimo de l'humanité : notre société a un bouton purulent de terrorisme sur le postérieur? Doctissimo-médias pronostique direct un cancer colo-rectal mortel en phase de métastase, poussant la société à envisager une chimio lourde et le remplacement du gouvernement rectum par son équivalent en facho PVC... alors que le problème est plutôt dans la tête si vous voyez ce que je veux dire.

Sinon je ne vois pas comment expliquer le fait qu'une organisation terroriste qui porte un nom de lessive soit capable de terrifier la population d'un pays en faisant moins de morts que les accidents de la route ou les effets iatrogènes de la médecine... Je prends ces exemples à dessein : dans les trois cas les morts touchent des individus de tous âges/origines/confessions/sexes à n'importe quel moment, dans les trois cas on peut trouver des responsables (fusse des boucs émissaires) et l’État essaye d'agir, et dans les trois cas, c'est plus facile à dire qu'à faire pour empêcher les morts. Par contre, les 3500 morts annuels sur la route n'auront droit qu'à une brève, au mieux un reportage de 3 minutes au 13h de TF1 entre une chronique sur les désanusseurs de porc bretons et une interview de 5 minutes de Nabilla, tandis que les quelques dizaines de morts des attentats peuvent monopoliser les médias en continu pendant des semaines. C'est beaucoup d'attention accordée à des fanatiques demeurés je trouve... autant dire que la stratégie de la mouche a encore pas mal d'avenir devant elle.
Et oui, dans les histoires, il faut toujours un grand méchant loup...