mercredi 18 septembre 2013

Menace téléphonique!

Une fois n'est pas coutume, je vais vous parler de sujets graves : vie privée, bases de données,  surveillance généralisée, menaces, coups de téléphone angoissant...



– Wow! Papa Hérisson va nous parler de l'affaire Snowden? Des révélations du Guardian? De la NSA? Big Brother is watching you?

Snowden pour rappel, c'est le gars qui a fuit un pays totalitaire (les États-Unis) pour un autre prônant la défense des libertés individuelles et des droits de l'homme, comme par exemple la Russie de Vladimir Poutine.
Ne riez pas : j'ai lu des commentaires sur des articles en ligne où certains allaient jusqu'à dire que Poutine était le dernier chef d'état courageux à défendre les droits de l'homme contre l'impérialisme américain et le Nouvel Ordre Mondial. Sérieusement? Vous avez jeté un œil à la biographie de votre héros de la démocratie? On parle bien de l'ancien du KGB, qui a mené la guerre en Tchétchénie, et qui, faute de pouvoir être réélu directement président car la constitution ne le permettait pas, est devenu le premier ministre de son ancien ancien premier ministre devenu président, avant de changer à nouveau de place avec lui? Vous avez suivi? Moi non. C'était juste pour être sûr.
Formulaire de demande d'asile politique en Russie.
Notez bien, ça vaut la réaction du comité norvégien qui avait attribué le prix Nobel de la Paix à Obama en 2009 pour... euh... Textuellement ? "Pour ses efforts extraordinaires afin de renforcer la diplomatie internationale et la coopération entre les peuples". Voilà. Rappelons qu'à ce moment il venait à peine d'être élu, donc les efforts extraordinaires, il avait dû les faire dans sa salle de bain pour s'entrainer, je ne sais pas... Et que dire quatre ans plus tard, au moment ou les États Unis hésitent à balancer quelques Tomawaks sur Damas. J'en connais en Norvège qui doivent se sentir un peu péteux. Remarquez, c'est même pas sûr : en 2012 ils l'ont attribué à l'Union Européenne le prix Nobel de la Paix. Oui, je sais. Que voulez-vous, ils sont comme ça au comité Nobel : ils vivent dans un monde merveilleux où les gentils gagnent à la fin, où les méchants sont toujours punis, où les licornes paissent tranquillement dans des champs en mangeant des arc-en-ciel avant de faire caca des papillons multicolors, et où Justin Bieber n'a jamais chanté ouvert la bouche.
Le comité Nobel se réunit.
Or donc, l'on s'est offusqué dans la presse et les milieux autorisés, de la "chasse à l'homme" menée par les États Unis à l'encontre des gars qui diffusent leurs documents secrets qui révèlent des trucs pas très réglo. Résumons l'affaire (remarque : ce résumé est aussi applicable à Bradley Manning, Julian Assange, ou tout autre à venir dans les semaines/mois/années qui viennent) :

  1. La NSA (une agence d'espionnage donc) fait ce pour quoi elle a été créée : espionner les gens.
  2. Un opérateur lié à cette agence et , au choix : un peu naïf/payé par une puissance étrangère/idéaliste/malhonnête/payé par un organisme privé/qui voulait se la péter sur 4chan/qui voulait avoir sa tronche dans les journaux/suicidaire (rayer les mentions inutiles) chaparde des documents secrets et révèle au monde que la NSA espionne les gens (ce qui est sa fonction, rappelons-le).
  3. Un journaliste qui flaire le scoop à bon compte et vise le Pulitzer, publie les documents.
  4. Les théoriciens de la conspiration disent : "Je vous l'avais bien dit!"
  5. Le péquin moyen dit : "Oh bin sapristi c'est pas très sympa!"
  6. Le débat dans "l'opinion" (comprendre : entre les experts autoproclamé ou les peoples qui parcourent les plateaux télé) oscille entre : "C'est normal hein! Faut bien les surveiller tous ces métèques qui font du terrorisme en banlieue avec leur burka!", "C'est une honte! Où est le respect de la vie privée?" et "Allô! Non mais allô quoi! j'ai un I-foune™ et je suis pas espionnée par la NASA? Allô!"
  7. Les dirigeants des autres pays (toutes tendances politiques confondues) pensent : "Et merde... tout le monde le fait! Ils sont trop cons de s'être fait chopper à la NSA!", mais disent : "C'est inadmissible! Il faut que cela cesse!", le tout en refusant d'accorder l'asile politique au gars par qui le scandale est arrivé, parce que bon hein, voilà quoi...
  8. L'auteur des fuites demande l'asile politique dans un pays réputé pour son respect des droits de l'homme (Russie/Chine/Corée du nord/Gattaca/Antarctique)
  9. Le FBI arrête, ou pas, l'auteur des fuites et ce dernier termine, ou pas, au gnouf. Il écrit un bouquin (au gnouf ou pas donc) qui finira soit best-seller soit soldé en bouquinerie (voir les deux au final)
  10. La NSA stoppe un important projet terroriste (non détaillé) prévu pour une date proche (mais non précisée) et qui aurait tué plein de monde (mais on peut pas dire où car ça mettrait en péril les opérations à venir), ce qui est quand même bien urbain de sa part après toutes les méchancetés qu'on a dit sur elle.
  11. Les médias se focalisent sur un autre sujet capital (le dopage dans le cyclisme/la dernière sextape le dernier album de Miley Cyrus/les déboires judiciaires de Bernard Tapie Jérôme Cahuzac/le braquage d'un bijoutier à Nice/etc)
  12. La NSA (une agence d'espionnage donc) fait ce pour quoi elle a été créée : espionner les gens.
N.B. : vous pouvez à loisir remplacer "NSA" par le nom de n'importe quelle agence d'espionnage américaine ou autre, ça ne change pas grand chose au  schéma global de ce genre d'affaire.

Bon. Je me met à la place de la NSA, c'est vrai que c'est quand même contrariant de se faire chiper des documents secrets. Du coup, considérer les cuistres qui ont fait cela comme des fils de p... des traitres est finalement assez logique. Attention, ne croyez pas que je cautionne les pratiques de barbouzes de la NSA (ou d'autres), mais voyez-vous : que j'approuve ou pas, ils s'en tamponnent le coquillard avec une pelle à gâteaux. Dit autrement : qu'ils en aient ou pas le droit sur le plan légal, éthique ou morale, à partir du moment où ils le peuvent sur le plan technique, ils ne se priveront surement pas de le faire avec ou sans votre accord, sur le vieux principe du "pas vu pas pris".

Ceci étant, ça n'était pas de ça que je voulais vous parler... ce que je voulais évoquer, c'étaient ces coup de téléphone angoissant, qui retentissent en général pendant que tu manges/prépare la cuisine/est aux toilettes/mets les gnomes à la sieste/envisage un peu de romantisme avec madame (au choix, liste non exhaustive). Ces appels donc, dans lesquels une voix déformée par les parasites et teintée d'un fort accent te demande :
  • de répondre à un sondage sur le passage de l'âge de la retraite à 79 83 ans
  • de souscrire à une assurance vie tu permettant d'assurer tes revenus pendant ta retraite à 83 85 ans
  • de changer d'opérateur mobile (des fois c'est ton propre opérateur qui te le propose, cherchez l'erreur)
  • d'acheter des panneaux solaires avec des conditions mirifiques grâce auxquelles tu es censé gagner de l'argent
Cette marmotte fabrique des panneaux solaires qui te rendront millionnaire mon ami. Signe ici avec ton sang.
  •  de recevoir un superbe cadeau (non précisé) si tu viens au magasin Tout-a-un-bras© pour recevoir ton lot (et accessoirement te faire embobiner par un vendeur qui te fourguera un splendide canapé en agglo recouvert de skaï imitation plastique pour la modique somme de un rein)
  • de changer d'opérateur internet et de profiter de l'offre sur la nouvelle Arnak'box™ qui fait décodeur TV/box internet/répondeur téléphonique/grille-pain/lava-lampe et fait revenir l'être aimé en moins de 24h
  • de prendre rendez-vous avec ton nouveau conseiller bancaire (le 4ième en 3 mois) pour faire le point sur tes projets (facile : éviter qu'il ne remarque ton découvert chronique de fin de mois aux alentours du 15) et tes besoins (facile aussi : qu'on me lâche les piquants avec ces conneries) et te proposer des offres adaptées (encore facile : rejoindre les autres pénibles en train de sécher dans mon grenier)
Ces gens semblent toujours savoir beaucoup de choses sur toi. Tu as beau déménager, changer de numéro de téléphone, passer sur liste rouge, envoyer un ancien du KGB sur leurs traces pour les menacer eux et leur famille, rien n'y fait. Ils finissent toujours par te retrouver. Leurs dossiers sur toi sont presque sans faille. Presque.
– Allo bonjouw! Malgwé mon accent afwicain à couper au couteau, je m'appelle Fwançoise. Je twavaille pour la société Nom-Bidon S.A.™
– Moui? C't'à quel sujet?
– Alows, monsieu' Koala...*
– Bon, déjà : non.
– Euh... vous n'êtes pas monsieu' Koala?
– Bin non raté. Renseignez-vous auprès de la NSA et rappelez après, ciao!


Ça marche à tous les coups.

* fonctionne aussi sur maman Koala lorsqu'on lui donne du "Madame Hérisson".


Edit : c'est marrant comme les statistiques de cet article m'indiquent un nombre élevé de visiteurs en provenance des USA, étrangement... A croire que certains mots-clé font mouche. Imaginez si j'avais écrit : Al Qaïda, terrorisme, bombe, nucléaire, Ben Laden (ah non, lui c'est cuit), Syrie, Bachar El Hassad, et j'en passe... Barack, si tu me lis, sache que ça me fait bien plaisir  :D
Et si tu ne me lis pas, sache que je ne t'en veux pas. Tient!? C'est quoi ce bruit? Ah tient, bonjour messieurs du FBI... le grenier est par ici, si vous voulez vous donner la peine.

4 commentaires:

  1. Argh... noooon pas le téléphone, non, non, pas le téléphone!!!
    M'en vais débrancher cette saloperie!

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  2. Ouhh ben, y en a qui n'aime pas être dérangé au téléphone :-p Ceci dit je comprends. Moi je réponds toujours gentiment et une fois qu'on peut en placer une "je ne suis pas intéressée, mais merci, au-revoir, bonne journée (ou bonne nuit selon l'heure des fois)"... et du coup je continue ma vie pas énervée :-) (Eux peut-être un peu)

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    1. En général, je répond gentiment la première fois. Le problème, c'est que ces appels deviennent rapidement répétitifs....

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