mercredi 18 juin 2014

Les antipsychotiques, c'est pas automatique!

Une fois n'est pas coutume, aujourd'hui, je vais vous évoquer un coup de cœur. Mais comme je sens déjà poindre votre déception, fidèle à ma réputation de hérisson ronchon, il sera donc accompagné d'un bon coup de gueule. Il faut ce qu'il faut.

Aujourd'hui, je vais donc vous parler d'un livre que je viens de lire. Pour mes lecteurs/trices les plus jeunes et les moins au fait des cette technologie antédiluvienne, je rappelle qu'un livre est une sorte de "blog" dont le texte et les illustrations sont "imprimés" sur du "papier". Le tout vendu à prix modique dans une librairie (version analogique du site J'metsmazone™ ), ou disponible de façon plus ou moins gratuite dans une "bibliothèque" (sorte de vaste serveur peer to peer analogique). Pour schématiser, le livre est à la diffusion massive de la connaissance entre le XVIème et le XXème siècle ce qu'internet est à la diffusion massive spam de l'information au XXIème siècle.
Il existe évidemment des livres de toute sorte. Pour l'exemple :
  • les autobiographies : équivalent antique du skyblog, les fautes d'orthographe en moins
  • les romans de science-fiction : ancêtres des pages internet des partis politiques
  • les fictions historico-ésotériques (style Da Vinci Code) : versions primitives du site du Point
Et puis, il y a les livres documents. Et c'est à cette catégorie qu'appartient mon coup de cœur d'aujourd'hui : "Médicaments effets secondaires : la mort" de John Virapen (traduit en français par le Pr. Even) aux éditions Cherche Midi (je précise que je n'ai aucun lien avec l'auteur, le traducteur, ou l'éditeur : ce billet n'est pas sponsorisé).
Déjà, la couverture n'est pas angoissante du tout, non...
A l'image d'Edouard Snowden, John Virapen est un "lanceur d'alerte". Il a été pendant plusieurs années le dirigeant de la branche suédoise des laboratoires pharmaceutiques Eli Lilly (distributeur du célèbre Prozac®), et ainsi à la fois acteur et témoin privilégié des pratiques scandaleuses des laboratoires pharmaceutiques (et pas que Lilly). Arrivé en fin de vie, et inquiet pour l'avenir de ses enfants (dixit lui-même), Virapen a décidé de devenir un repenti, et de dénoncer ce système pourri. Et ça n'est pas un hasard si c'est le professeur Even qui a décidé de le traduire dans la langue de Molière : ce médecin français est célèbre pour ses prises de position contre le lobby pharmaceutique.

Virapen évoque longuement les cas de plusieurs médicaments produits par Lilly, dont le fameux Prozac®, en évoquant le rouleau compresseur mis en place par le labo pour obtenir les AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) auprès des autorités de santé de plusieurs pays, quitte à mentir (études biaisées, leaders d'opinion manipulés), cacher des informations (effets secondaires graves, efficacité très discutable), corrompre pour y parvenir. Et selon Virapen, ces pratiques condamnables sont généralisées. Tout cela dans le but de gagner un maximum d'argent. Et l'argent, l'industrie pharmaceutique (retour moyen sur investissement : 20%! Mieux que les banques, les assurances, et les compagnies d'armement.) n'en manque pas pour étouffer des affaires qui pourraient alors remettre leur business en cause. Juste pour l'exemple, les 5 premières compagnies pharmaceutiques cumulent une valorisation boursière totale avoisinant les 1000 milliards de dollars en 2013. Juste les 5 premières.

Ce livre fait littéralement froid dans le dos. C'est bien simple, j'en ai fait des cauchemars. Pas pour moi : pour mes enfants. Pour nos enfants. Car, et c'est probablement la révélation de ce livre qui est la plus effrayante, l'industrie pharmaceutique à découvert un nouveau marché potentiel énorme : les enfants. Vaccins divers et variés (utiles ou non), traitement de l'hyperactivité, du déficit de l'attention ou autres pseudo-pathologies plus ou moins inventées pour l'occasion : tout est bon pour fourguer aux parents inquiets/débordés/épuisés des pilules magiques (et coûteuses!) censées résoudre tous leurs problèmes.
Et ça ne date pas d'hier...
Ritaline®, Strattera®, et autres psychotropes aux effets secondaires terrifiants (et dissimulés par les labos) ont permis à cette industrie d'engranger des dizaines de milliards d'euros. Souvent au frais des systèmes de Sécurité Sociale des différents pays. Et à quel prix en effets secondaires à court, moyen, ou long terme ? Combien de gosses, qui n'étaient guère plus "hyperactifs" que ceux des générations antérieures, ont fini par se suicider, l'esprit embrumé par des médocs? Combien, devenus accro à ces drogues légales, ont basculé dans la toxicomanie? Combien ont développé des pathologies iatrogènes qui devront à leur tour être traitées, souvent à vie, par d'autres médocs (diabète, maladies cardiaques, et j'en passe) ?

Vous voulez savoir le pire dans tout cela ? C'est que depuis le livre de Virapen (paru il y a déjà quelques années à l'étranger), quasiment rien n'a changé.
La preuve? Mediator®, pillules contraceptives de 3ème et 4ème génération, Diane35®, Gardasil®... vous en voulez d'autres?

En fait, pour les labos, tout ça ressemble à une partie de Monopoly® géante :
Dans ce jeu, il n'y a que des gagnants. Enfin, du côté des labos.
Déroulement d'une partie :
► Le joueur n° prend le pion Pfinofi-Advenmerck™.
► Après avoir acheté les 3 terrains d'une zone de diffusion(Autorité de santé, médias et décideurs politiques), Pfinofi-Advenmerck™ commence à construire une maison fabriquer une molécule de médoc. Disons un truc contre les hémorroïdes buboniques de Zanzibar (une maladie assez rare).
► L'achat de Tests cliniques trafiqués en Chine lui permet de publier des études valorisantes pour la molécule, alors même que celle-ci montre des effets secondaires.
Caisse de Sécurité sociale : "Vous parvenez à corrompre un expert mondialement reconnu, vous obtenez automatiquement une AMM"
La maison est construite La molécule est mise en vente, mais rapporte peu : la maladie est peu fréquente.
Chance : "Parmi les effets secondaires, le médicament provoque une perte de poids sévère. Vous pouvez truster les médecins grâce à vos visiteurs médicaux pour les encourager à prescrire hors AMM (donc hors remboursement) ce médicament comme coupe-faim aux personnes voulant maigrir." Votre maison devient un hôtel molécule pour soigner le trou de balle devient un best-seller contre l'obésité.
► Vous passez par la case Départ (fin de l'exercice pour l'année fiscale et boursière en cours), vous touchez 3 milliards de dollars de bénéfices.
Chance : "Le médicament a tendance à provoquer le diabète. C'est cool, vous pouvez donc aussi vendre des médocs contre le diabète. Construisez un deuxième hôtel un second médicament best-seller. Doublez vos gains."
Procès : Pas de bol, un journaliste trop curieux aidé d'un lanceur d'alerte prévient la population des risques de votre médicament. Scandale, procès. Vous êtes condamné à une amende record de 500 millions de dollars. Vous rigolez :  ça représente moins de 5% de ce que le médoc vous a permis de gagner.
► Vous modifiez légèrement la molécule, falsifiez un nouveau test et sortez un nouveau médicament réputé encore mieux que le précédent. C'est sur qu'il est mieux :  en plus du diabète, il a tendance à rendre dépressif. Vos ventes d'antidépresseur s'envolent.
► La boite de jeu ne contient plus assez de billets pour chiffrer vos revenus, la partie s'arrête.

Bien sur, ceci est une fiction : les hémorroïdes buboniques de Zanzibar n'existent pas. Enfin bon... méfiez-vous quand même si vous voyez passez une campagne d'information (financée par les labos sans aucune arrière pensée) sur le dépistage encouragé pour le Trouduculus Bubonicus Bacillus...
Attention, la mort peut vous tuer d'un arrêt de la vie. Vous êtes peut être porteur, faites vous dépister.

Le véritable pouvoir de cette industrie, c'est qu'elle joue sur la peur! La peur de tomber malade, la peur de mourir, la peur de souffrir. Et tels des messies, les labos vous proposent de merveilleux cachets censés tout résoudre. Et en plus, ils sont soutenus par les politiques (manipulés ou issu du sérail des labos), et des autorités de santé qu'ils désinforment à l'aide d'études biaisées qu'ils ont eux-même financés.
"Si vous ne vous faites pas vacciner, vous allez mourir!!!"
Vous vous dites que je vire conspirationniste?  Qu'il ne me reste qu'à écrire une note sur le 11 septembre pour me ranger au rang des cinglés qui voient des complots partout? Je vous invite à relire cette note sur le principe de biscotte de papa Hérisson : je ne crois pas à une main occulte qui tire les ficelles dans l'ombre dans un but mystérieux, ourdissant des plans savamment calculés pour diriger le monde. Par contre, un ensemble d'actions illégales et dangereuses sous couvert d'une bêtise crasse doublée d'un appât du gain inextinguible, ça je n'ai aucun mal à y croire. Et en la matière, la quantité d'argents brassée permet d'envisager toutes les malversations possibles. Le pire est qu'il n'y a aucun dessein d'ensemble : tout cela n'est que le résultat de la somme des cupidités individuelles de l'ensemble des acteurs de la chaîne de soin.

En synthèse :
  1. Les dirigeants des labos sont rarement des médecins ou même des scientifiques. Ce sont des commerciaux, des administrateurs financiers. Leur but n°1 n'est pas la santé de la population, mais l'augmentation des revenus de l'entreprise, et de leurs propres revenus et dividendes.
  2. A cet effet, ils ont totalement désengagés les laboratoires de la recherche (trop coûteux et aléatoire) : ils se contentent de racheter/breveter des molécules issues de la recherche publique, ou de quasi-copier des molécules anciennes (ce qui permet d'obtenir un nouveau brevet, sans modifier sensiblement les effets du produit et sans augmenter les coûts de production). Au passage, saviez-vous que certains médicaments étant vendus plus de 600 fois leur coût de production? No comment.
  3. Malheureusement, ces molécules présentent généralement des effets secondaires, parfois sérieux, sans forcément traiter la maladie visée de façon efficace. Mais abandonner cette molécule, en développer une nouvelle et la tester à nouveau prendrait trop de temps :  le temps c'est de l'argent. Beaucoup d'argent.
  4. De ce fait, les essais cliniques sont systématiquement biaisés, falsifiées et/ou présentés de façon trompeuse dans le but d'obtenir rapidement les fameuses AMM. Si nécessaire, les experts et les membres des commissions des autorités de santés sont "incités" (via des cadeaux, des voyages, des "subventions" de recherche, des contrats, etc...) à valoriser le médicament.
    Vous me ferez trois pater, deux ave, et vous me prendrez un comprimé avant chaque repas.
  5. Afin de générer un marché suffisant, les laboratoires peuvent inventer de nouvelles pathologies (des maladies qui n'existent pas vraiment) ou jouer sur la crainte de certaines existantes (on va parler de pré-diabète, de pré-hypertension...) à coup de campagnes anxiogènes afin de fourguer un médoc sans utilité/pas véritablement efficace/très cher (voir tout ça à la fois).
  6. Pour garantir des ventes en nombre, on va multiplier les campagnes "d'information santé" auprès du public (encourager les dépistages, alerter sur une maladie méconnue, informer en jouant sur la peur), les émissions de télé anxiogènes sur des pathologies finalement peu courantes, et les médecins vont recevoir moult visites de représentants des labos, les bras chargés de cadeaux.
  7. Si des effets secondaires fâcheux génèrent de nouvelles maladies chez les patients traités : c'est tout bénéf, ils devront se soigner avec de nouveaux médocs.
  8. En cas de révélations d'un effet secondaire néfaste : le labo niera en bloc avoir eu connaissance de ces agissements et de ces effets (pipeau puisque parfaitement référencés dans les documents internes) et évitera un procès qui pourrait révéler ces pratiques courantes, en passant des accords financiers avec les parties civiles. Au besoin, on mettra tout sur le dos d'un lampiste qu'on accusera d'avoir falsifié les résultats et trompé le labo.
  9. Afin de conserver la mainmise sur le tarif d'un médicament, qui peux devenir un générique au bout de 10 ans lorsque le brevet tombe dans le domaine publique, on  produira régulièrement un nouveau médicament, quasi-copie (quelques atomes qui changent) du précédent, que le service marketing parera de toutes les vertus, et qu'on prétendra bien plus efficace que le précédent alors qu'il n'en est rien.
  10. On dénigrera systématiquement les médecines alternatives et les remèdes naturels ou anciens, même/surtout s'ils ont fait leurs preuves : ces remèdes sont rarement brevetables, ça ne générerait aucun revenu conséquent. 
Pourtant, comme le répète le professeur Even tout au long du livre, les laboratoires pharmaceutiques auraient leur utilité : eux-seuls savent aujourd'hui transformer une molécule intéressante isolée par la recherche en médicament utilisable. Si seulement cela était fait de façon sérieuse au lieu d'une recherche mortifère de profit maximum... Le problème n'est pas dans l'existence même de ces laboratoires, il est dans les dérives dans lesquelles ils ont sombré.

Tout est-il vrai dans le livre de Virapen? Peut être pas. Mais même si seulement la moitié de ce qu'il dit est vrai, c'est déjà suffisamment grave pour s'en inquiéter. Et malheureusement, les scandales récents ne laissent guère planer de doutes sur la véracité des propos tenus dans ce livre. Alors voulons-nous que nos enfants deviennent des zombies shootés aux psychotropes légaux? Voulons-nous être rester des cobayes pour l'industrie pharmaceutique? Continuerons nous d'accepter que les labos se gavent du fric des organismes de sécurités sociale? Notre fric! A vous de voir, mais réfléchissez-y la prochaine fois que vous prendrez un cachet...

5 commentaires:

  1. Je ne lis pas ce genre de livres car ce que je sais me révolte déjà assez :-) Mais clairement, sans parler de conspiration, c'est simplement le pouvoir/l'attrait de l'argent qui mène le monde et ce, au détriment de notre bien-être, de notre santé. Comme tu le dis, viser les peurs des gens et leurs envies de "solutions miracles" c'est un marketing imparable et même les médecins (beaucoup en tout cas) ne prennent pas beaucoup de recul par rapport à tout ça et donc imposent aussi leur "poids" au patient lambda, je trouve...Bref, on n'est pas sorti de l'auberge! Pour les vaccins, j'ai lu "Qui aime bien vaccine peu" que j'ai bien aimé.

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    1. En général je ne lis pas non plus ce genre de livres. Mais là je l'ai trouvé pertinent et très instructif. Ce qui m'embête le plus dans ce bouquin, c'est que ce qu'il dénonce pour l'industrie pharmaceutique est sans doute applicable à d'autres industries puissantes : agroalimentaire, semenciers/fabriquants de pesticides (style Monsantox™), production d'énergie, etc... avec la même insouciance vis à vis de la santé publique, des conséquences à long terme et du bien être de nos enfants, et la même préoccupation de se faire un maximum de testiboules en or.

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  2. "sans forcément traiter la maladie visée de façon efficace" : comment, ça, sans forcément la traiter ? Bien sûr que si, ça la traite ! Bon, ça ne la guérit pas (ce n'est apparemment pas le but de la médecine conventionnelle), ça, c'est clair. Mais ça la traite... La seule chose, c'est que je ne sais pas si ça la traite de pignouf abruti ou de protozoaire cannibale, ou de je ne sais quelle injure recensée (ou pas) par le Capitaine Haddock...
    Clownerie mise à part, je ne peux que féliciter mister Papa Hérisson pour son courage à arriver au bout d'un tel ouvrage sans être allé s'étendre sur une route au passage d'un quinze tonnes.
    Et pour embrayer sur "Ce qui m'embête le plus dans ce bouquin, c'est que ce qu'il dénonce pour l'industrie pharmaceutique est sans doute applicable à d'autres industries", je dirai que, malheureusement, pour le peu que j'en sais, OUI, c'est la même chose ailleurs.
    Au plus quelque chose rapporte, au plus on se fiche carrément de la santé du consommateur...
    Le scénario (décrit dans cet article, et que je résume en trois points) est bien rôdé, et est le même pour bien des choses :
    - on crée un besoin (une maladie, si c'est pour l'industrie pharma, ou une saveur, une couleur, ..., dans l'alimenteur ... heuuu ... l'alimentaire)
    - on refile quelque chose qui va combler ledit besoin (un médoc inutile, ou un plat préparé)
    - le produit qui comble le besoin crée un autre besoin (une autre maladie, une addiction à une saveur, ...)
    Et la boucle est bouclée...
    J'avais lu voici quelques années une petite fable (ni d'Ésope ni de ce bon vieux plagiaire de la Fontaine) qui racontait l'histoire d'un homme très riche qui avait deux enfants, et à qui il proposa un jour de donner de l'argent pour voir ce qu’ils en feraient. Comme, au bout de quelques années, le fils qui avait choisi l'agriculture, et le fils qui avait choisi la médecine pour faire fortune n'avaient pas gagné un cent (voire avaient carrément perdu la somme de départ), le père se mit à leur expliquer que, pour gagner sa vie, il ne fallait surtout pas (pour l'agriculteur) fabriquer de bons aliments bien nutritifs avec de bons produits de base bien propres, mais qu'il fallait au contraire refiler des crasses pleines de sucres, pleines de graisses, pour que ça coûte le moins cher possible, et que l'argent rentre à flot...
    - Mais, ça va rendre les gens malades, rétorque le fils agriculteur...
    - Justement, reprend le père, il faut donner du travail à ton frère qui va faire semblant de soigner les malades en leur faisant comprendre que s'ils ne guérissent pas, c'est leur faute...

    Bon samedi de Litha, bonne fête ed la musique, bon milieu de l'été !
    Et bonne chance ... parce que maintenant que ce blog a dénoncé des "méchancetés" de la part de l'industrie pharmaceutique, il existe un risque bien réel qu'il se voie harcelé par des trolls-pro-médicaments-chimiques !

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    1. Même pas peur des troll : j'ai mon rouleau à patisserie +3 :D

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    2. J'ajouterais que je ne suis tributaire d'aucune publicité ou financement, donc : même pas peur!

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